Après la victoire poussive du XV de France face à l’Uruguay jeudi (27-12), l’entraîneur de l’attaque, Laurent Labit, est déjà tourné vers l’avenir et le match contre la Namibie jeudi à Marseille (21 heures).
L’entraînement de ce dimanche donne quelques indications, à commencer par le retour des cadres. Était-ce prévu depuis longtemps ?
On a toujours eu un plan. On a besoin de travailler, de jouer. On connaissait le programme de notre compétition. Le match d’ouverture est un match important sans être décisif. Le fait d’avoir gagné ce match, on avait six jours avant l’Uruguay. On sait ce que ça nous a demandé en termes d’énergie, de stress, pendant des années pour préparer ce match face à la Nouvelle-Zélande. Voilà pourquoi on l’a joué comme ça. Après la Namibie, on aura quinze jours avant l’Italie. Les joueurs qui ont joué le match d’ouverture le 8 septembre et qui joueront l’Italie le 6 octobre auront un mois sans compétition.
Est-ce que le rendu de la copie de la semaine dernière facilite le management et la gestion de la concurrence ?
Non, on était tous frustrés et déçus de ce match, aussi bien les 33 joueurs qui préparent le match que le staff. On était tous responsables de la copie du match de l’Uruguay, avec une décompression peut-être suite à la Nouvelle-Zélande. Malgré tous les indicateurs sur l’Uruguay, on voyait que c’est une équipe qui sait s’adapter à l’adversaire. Malgré ça, on a été frustrés, on n’a pas su marquer. On s’est mis dans le doute avec une équipe jeune, inexpérimentée au niveau international. On a laissé les Uruguayens dans le match, ça a donné de l’approximation chez nous, quand on ne sait pas être efficaces.
Cyril Baille et Jonathan Danty devraient faire leur retour. Que vont-ils apporter ?
On se doutait bien de ce qu’ils amènent à l’équipe, il faut aussi qu’il retrouvent la compétition et du rythme. On a pris du temps pour les préparer. On aurait pu déjà sur l’Uruguay les mettre mais on a voulu faire différemment. Il faut voir où ils en sont. On aura deux semaines pour travailler avant l’Italie.
Est-ce que la défense fébrile des Bleus vous inquiète ?
C’est lié à un contexte collectif, on aime le rappeler. Ce qui a fait la force de notre défense, c’est notre engagement. On le voit sur les gros matchs. On est présents sur l’engagement. Les équipes nous étudient plus que par le passé. Elles mettent des systèmes qu’elles n’utilisent pas d’habitude. Il faut s’y adapter et se préparer. On est en difficulté défensivement à cause de notre attaque.
Est-ce que Gabin Villière a été dépassé par Louis Bieille-Biarrey ?
Pour nous, il ne lui est pas passé devant. On compte autant sur Gabin que sur Louis. On a fait six matchs, Gabin en a fait quatre. On doit aussi répartir le temps de jeu. On sait ce que Gabin peut nous apporter sur des matchs de très haut niveau. Il l’a prouvé avec nous. On veut donner l’opportunité à un joueur au profil différent face à la Namibie où on espère trouver des espaces sur l’extérieur. Il n’y a pas de classement établi entre les ailiers.
Est-ce que vous êtes restés sur votre faim sur les possessions longues ?
Oui bien sûr. Notre ambition est d’aller loin dans cette compétition. On connait tous les clés pour gagner des matchs de phases finales: la conquête, la discipline, notre défense et l’attaque, avec des lancements et quelques circuits. Il faut qu’on soit en capacité de faire des circuits pour être capables de les mettre au fond. On n’est pas satisfaits sur notre imprécision de jeudi dernier. On est sortis du jeu collectivement, on s’est mis à faire des fautes. On n’a pas été capables de mettre en place notre jeu. C’est problématique si on n’est pas efficace sur ces temps-là.
Sur le scénario du match face à l’Uruguay, qu’est-ce qui explique ce rendu ? Le turn over ?
On sait gagner ces matchs-là mais c’est vrai que quand on voit la prestation de l’Irlande hier soir, ils sont capables d’être à ce niveau là tout le temps. On sait qu’on est capables aussi d’aller très haut, mais aussi ce qui nous guette contre des adversaires moins huppés. Tout d’un coup, on a quelqu’un qui a une bonne idée mais on préfère qu’il la garde pour lui plutôt que de nous mettre en difficulté.
Quel est l’intérêt de se déconnecter de la région parisienne lors des deux prochaines semaines ?
L’idée, c’est qu’on va aller dans un endroit agréable pour travailler (Aix-en-Provence). Il va y faire beau. On se rapproche de Marseille et Lyon. Ça permet d’aller aussi au contact des supporters et de ne pas rester toujours sur Paris. On espère qu’on va pouvoir bien travailler dans de bonnes conditions.
Anthony Jelonch devrait être reconduit. Vous a-t-il donné satisfaction jeudi ?
Antho a choisi de rentrer sur l’Uruguay. Il a été où on l’attendait, il a été fidèle à ce qu’il sait faire. Il est important pour nous de voir comment il allait digérer le match, ça va très bien, son genou va très bien. On veut voir comment il va se comporter sur un autre match.
Après Uruguay, quand on voit autant de différences avec les cadres, craignez-vous que ça crée des problèmes de cohésion ?
Non, on a fonctionné comme on le fait tout le temps. Les joueurs qui ne jouent pas le match restent avec nous contrairement à nos autres rassemblements. Tous nos joueurs sont importants. Et après la Namibie et l’Italie, il y aura beaucoup moins de turn over. On ne sait pas ce qu’il peut se passer dans la compétition.
Est-ce que vous regrettez d’avoir fait tourner quand on voit l’Irlande qui laisse ses cadres ?
Chaque équipe gère sa compétition comme elle l’entend, avec des poules différentes. L’Irlande face au Tonga, ça cognait fort. Ils enchaînent face à l’Afrique du Sud et l’Ecosse. Ils ont programmé ces matchs comme des matchs de préparation pour aller vers la compétition qui va commencer réellement avec l’Afrique du Sud. Pour nous c’est différent, on s’est aussi bien comporté dès premier match de préparation avec les cadres au repos. On a un plan et on savait qu’on avait un match d’ouverture et le match de l’Italie avant les phases finales. Cette compétition est très dure du début à la fin. On verra qui avait raison.
Avez-vous des nouvelles de Julien Marchand ?
Il a refait des examens, tout se déroule bien. Il est entre les mains de la cellule performance. Le match de l’Italie est un objectif pour lui. On fera comme on a fait avec les autres joueurs. Sinon, on attendra une semaine de plus.
Sur le plan comptable, le fait de pas avoir pris le bonus offensif contre l’Uruguay, vous y pensez ?
Non, on avait évoqué ça avec les joueurs. Dans une poule où que l’on gagne ou perde la Nouvelle-Zélande, on avait envisagé de battre l’Italie. Ce qu’on cherche, c’est gagner tous les matchs. On ne change pas de principe. Le bonus, ça vient clôturer le travail fait ou pas fait. On ne le méritait pas face à l’Uruguay, on ne l’a pas eu. La victoire nous intéresse et surtout le contenu. Aujourd’hui, on est un peu frustrés avec ce qu’on ambitionne.