Les Fidji, pragmatiques, ont totalement relancé la course à la qualification dans le groupe C du Mondial 2023 de rugby, en s’imposant 22-15 face à de pâles australiens ce dimanche à Saint-Étienne.
Ils attendaient ça depuis 1954: cela faisait près de 70 ans que les Fidji n’avaient plus battus les Wallabies. Alors, quand ils ont obtenu leur 17e pénalité de la partie, à la 80e minute et alors qu’il fallait encore la jouer, les joueurs des Iles, très pieux, se sont agenouillés pour prier. Leur victoire sur la pelouse du stade Geoffroy-Guichard (22-15) ne doit pourtant rien au ciel, tant ils ont dominé l’Australie que l’on savait faible, mais que l’on ne soupçonnait pas sans ressource.
Simon Raiwalui, le sélectionneur des Fidji, n’a pas caché longtemps pourquoi il avait décidé de titulariser pour ce choc ses deux stars estampillées Top 14, le troisième ligne de La Rochelle, Levani Botia, et le trois-quart centre qui vient de signer au Racing 92 en provenance de Lyon, Josua Tuisova.
Dès la première possession de balle fidjienne, Botia est allé gaiement s’empaler dans la défense australienne pour provoquer un ruck, duquel le demi de mêlée Simione Kuruvoli a servi Tuisova, nommé homme du match à l’issue de la rencontre, pour une seconde lame dans les épaules “aussies”. Une action qui n’a finalement rien donné, mais qui a traduit la domination des Fidjiens dans un premier acte totalement maitrisé.
Souvent qualifiés de fantasques pour souligner poliment leurs errements dans le jeu, défensif notamment, ils ont monopolisé la balle durant toute la première période et poussé à la faute la défense australienne, pénalisée à sept reprises lors du premier acte.
Fait nouveau par rapport à leur rencontre inaugurale, perdue face au pays de Galles (32-26), les “Flying Fijians” se sont également trouvé un buteur fiable avec Kuruvoli, titularisé à la place de Franck Lomani, et qui a réussi les cinq tirs au but qu’il a tentés (4 pénalités et une transformation), avant sa sortie à l’heure de jeu, perclus de crampes.
Le match, à ce moment, était déjà plié, Tuisova, toujours lui, ayant récupéré un coup de pied par-dessus de Kuruvoli, toujours lui, pour aller inscrire le seul essai fidjien sans que la défense australienne ne donne l’impression d’avoir envie de le plaquer. La défense australienne? Eddie Jones, le sélectionneur wallaby, copieusement sifflé à chaque fois qu’il apparaissait sur l’écran géant du stade Geoffroy-Guichard, avait affirmé l’avoir particulièrement travaillée cette semaine à l’entraînement.
Et si elle n’a rompu qu’une seule fois, presque sur un coup du sort, lors de l’essai de Tuisova, elle a été à la peine toute la partie, pénalisée à 17 reprises sous les coups de butoir fidjiens. C’est d’ailleurs tout ce qu’il a été donné de l’Australie, plus pâle que jamais, qui n’a pratiquement bénéficié d’aucun ballon d’attaque, elle qui, historiquement, maitrisait comme personne la possession du ballon, multipliant les temps de jeu pour finir par faire rompre les défenses adverses.
C’est ce qu’ils ont tenté de faire en fin de partie lorsque Isaak Fines-Leleiwasa est entré à la mêlée et Donaldson est passé à l’ouverture, mais leurs attaques ont toutes, ou presque, été annihilées par les gratteurs fidjiens, Tuisova, encore lui, en tête. La victoire fidjienne relance totalement la course à la qualification dans le groupe C, où l’Australie jouera très gros le 24 septembre prochain à Lyon face au pays de Galles.
Les Fidjiens rejoignent ainsi l’Australie, qui a miraculeusement obtenu le bonus défensif, à la deuxième place du groupe C avec six points, derrière les Gallois (10 pts). Les joueurs de Simon Raiwalui, eux, peuvent voir la suite de leur tournoi plus sereinement. Ils affronteront la Géorgie et le Portugal, les équipes les plus faibles de la poule, lors de leurs deux dernières rencontres. En jouant ainsi, nul doute qu’ils verront les quarts de finale de la compétition.