Jeudi dernier, Anthony Jelonch a gagné son pari: celui de disputer la Coupe du monde six mois après une grave blessure au genou gauche. L’abbé Alexis Bankolé, confident du joueur pendant sa convalescence, était aux premières loges de ce grand retour.
L’abbé Alexis Bankolé n’était pas devant la télévision le 26 février 2023. Le prêtre de la paroisse d’Aignan, dans le Gers, était occupé à ses obligations pendant ce match du Tournoi des VI Nations remporté par le XV de France devant l’Ecosse (32-21). Il n’a appris que le lendemain le terrible coup du sort subi par l’enfant du village, Anthony Jelonch (27 ans), victime d’une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche à six mois seulement de la Coupe du monde. C’est Jérôme Jelonch, père d’Anthony et chrétien pratiquant, qui lui a annoncé la nouvelle.
“Le dimanche, on s’est vu, on s’est parlé du regard, confie l’homme d’église à RMC Sport. J’ai alors rassuré son papa en lui disant que nous avions la foi et que nous allions prier le Seigneur pour qu’Anthony se relève plus tôt que prévu, qu’il puisse reprendre le jeu. Je me suis engagé personnellement à prier pour Anthony. J’ai prié, j’ai jeuné, j’ai demandé au Seigneur qu’Anthony retrouve au plus vite l’aire de jeu, ça n’a pas raté, je suis très content.”
Ses pensées ont ainsi été exaucées: six mois plus tard, le troisième ligne de Toulouse a d’abord été retenu pour disputer la Coupe du monde avant d’être titularisé et de porter le brassard de capitaine lors de la victoire face à l’Uruguay (27-12), jeudi dernier. Le curé s’est joint à la famille et à tout le village pour assister à ce grand retour devant l’écran géant installé dans la salle des fêtes du Parré, hameau situé dans la commune gersoise de Margouët-Meymes.
“Comme le dit l’adage, après la pluie, le beau temps, sourit l’abbé Bankolé. Ma joie était à la hauteur de la tristesse que j’avais eue. Son papa était le premier à m’appeler pour me dire qu’Anthony allait jouer contre l’Uruguay et qu’il allait, cerise sur le gâteau, porter le brassard de capitaine. On était fou de joie.”
Le prêtre béninois avait ses raisons personnelles de se réjouir après avoir accompagné Anthony Jelonch dans sa longue convalescence spirituellement. Il a connu le joueur par le biais de son père, Jérôme, pratiquant assidu dans la paroisse, mais aussi de ses séjours au village pendant les fêtes et lors des cérémonies religieuses.
“Quand il revient au village, il ne se cache pas, il se laisse voir par tout le monde, remarque-t-il. Il lui est arrivé de participer à la messe avec toute sa famille. A cette occasion, on s’est vu, on s’est embrassé et j’étais heureux et fier de le voir.”
Plutôt amateur de foot, il s’est ainsi mis à suivre les résultats du XV de France et du Stade Toulousain, souvent agrémentés d’un message personnalisé de félicitations ou d’encouragement, selon les résultats.
Il s’est aussi mué en soutien indéfectible pendant sa convalescence en lui adressant un mot lors de chaque office. Mais aussi directement. “Je lui ai écrit pour lui manifester mon soutien humain, fraternel et priant, confie-t-il. Pour lui dire: nous sommes avec vous, nous prions pour que vous rétablissiez au plus vite. Il m’a répondu et on a échangé. Avant sa blessure, on s’était écrit et il a toujours eu la gentillesse de me répondre.”
Il a constaté, comme de nombreux proches, la croyance inébranlable de l’ancien Castrais d’un retour avant le Mondial.
“Je n’ai pas senti un doute, confirme-t-il. Il a toujours répondu à toutes les fois où je lui ai manifesté mon soutien: ‘merci mon Père’. Il est très humble, très simple, c’est un monsieur de grande qualité.”
S’il l’a escorté tout au long des derniers mois, Alexis Bankolé s’est, pour le moment, abstenu de lui adresser des messages pendant la Coupe du monde. “Je sais que tous les joueurs sont concentrés sur le jeu et je ne lui ai encore rien dit, indique-t-il. Pour son premier match, j’ai fait la surprise de rejoindre sa famille et tous ceux du village de son papa. On était une centaine devant l’écran géant, nous avons suivi ce match et c’était tout simplement époustouflant, beau. On a partagé un moment convivial, heureux, joyeux, c’était fort.”
Il concentre désormais ses prières pour que le sort épargne le XV de France de “blessures” ou de “petits bobos” et mène les Bleus vers le sacre mondial. “Pour notre star du coin, notre Anthony national, nous prions le Seigneur pour veiller sur lui, le protéger et lui surtout lui donner toute l’intelligence et la lumière nécessaires pour réussir tout ce qu’il a envie de donner pour aller au bout de la compétition et soulever le trophée.”