L’information est révélée par Mediapart ce jeudi.
Le Racing 92 aurait fraudé en payant les droits à l’image de certains de ses joueurs à l’étranger, dans des paradis fiscaux.
Mediapart annonce avoir consulté des mails dans lesquels la combine est clairement dévoilée. Ces mails concernent le Racing 92.
Plus précisément, des droits à l’image de joueurs internationaux auraient été versés à des joueurs sur des comptes étrangers pour des raisons réglementaires ou fiscales.
C’est via une société basée à Hong Kong que le Racing 92 aurait effectué plusieurs virements. Extrait:
“Selon nos informations, cette structure, nommée Kimma Management Corporation Limited, a conclu plusieurs contrats de ce type avec Ovalto, la société d’investissement autour de laquelle Jacky Lorenzetti a construit un véritable empire dans l’immobilier et l’hôtellerie, puis dans le sport et enfin dans le vin, notamment avec le rachat de plusieurs vignobles dans le Médoc, dont le célèbre Château-Pédesclaux à Pauillac (Gironde).”
Ainsi, la société Ovalto a passé ces dernières années des contrats avec Kimma portant sur l’exploitation des droits à l’image de joueurs du Racing 92.
Dans un deuxième temps, Kimma a signé la cession des droits à l’image directement avec les joueurs concernés. Ceux-ci ont donc été rémunérés en bout de chaîne, loin des regards des autorités françaises.
Grâce à cette méthode, le Racing 92 contournerait le Salary Cap qui est fixé à environ 10 millions d’euros.
La société de Jacky Lorenzetti a réagi et a indiqué que toutes ces sommes et transactions avaient été déclarées à la Ligue Nationale de Rugby. Extrait:
« La totalité des sommes versées à la société Kimma par Ovalto a été déclarée à la Ligue nationale de rugby dans le cadre du contrôle du salary cap. »
Problème : la société Kimma pourrait avoir versé des sommes bien supérieures aux joueurs concernés, faussant ainsi le Salary Cap.
Mediapart révèle que le Racing 92 a également utilisé cette société Kimma pour engager l’ouvreur Sud-Africain Johan Goosen en 2014 et réduire ainsi la charge des impôts et des cotisations sociales auxquels aurait pu être astreinte la rémunération portée à ce joueur si elle avait été versée en France.
C’est en tout cas de cet argument que joue Jason Smith, qui est l’agent du joueur Johan Goosen, pour le convaincre d’accepter le « deal » passé avec Kimma.
Ce système peut également représenter un avantage certain pour les agents de joueurs, dont la profession est réglementée, et dont les rémunérations sont encadrées par la Fédération française de rugby afin que leurs honoraires ne dépassent pas un pourcentage du salaire des joueurs. Dès lors, les transactions à l’étranger peuvent représenter des rémunérations complémentaires échappant à ce barème pour les agents de joueurs, qui sont souvent les opérateurs des montages.
Selon Mediapart, seulement deux joueurs seraient concernés par un tel montage à l’étranger : Johan Goosen et Brian Mujati.
Au total, Ovalto a réglé 726 500 euros à Kimma sur une période allant de 2013 à 2016, a indiqué la société d’investissement de Jacky Lorenzetti à Mediapart, en précisant que ce montage passant par la société hongkongaise a été fait par les joueurs.
Le propriétaire du LOU Rugby, Olivier Ginon apparaîtrait au sein du conseil de surveillance d’Ovalto.
Questionné par Mediapart pour savoir s’il avait lui aussi effectué certains montages avec cette société, il a répondu via son avocat, menaçant le média de poursuites judiciaires. Extrait:
« Olivier Ginon n’a pas connaissance de liens de quelque nature que ce soit entre les sociétés Ovalto et Kimma Management Corporation. »