En l’absence d’Antoine Dupont, Charles Ollivon va retrouver le brassard de capitaine contre l’Italie, vendredi soir à Lyon (21h), pour mener les Bleus vers les quarts de finale. Premier capitaine du mandat de Fabien Galthié, devenu lieutenant d’Antoine Dupont, le troisième ligne symbolise le caractère de ce groupe France.
Quand Fabien Galthié a repris les rênes de l’équipe de France, il avait une ambition : “Gagner des matches, gagner des titres, redevenir une nation majeure du rugby mondial.” Le sélectionneur voulait redresser l’équipe de France. Et l’un de ses premiers choix symbolisait cette volonté de renaissance. Nommer Charles Ollivon (30 ans, 37 sélections) capitaine du XV de France, lui véritable symbole de résilience, de retour au plus haut niveau après de terribles épreuves.
Le Basque était annoncé perdu pour le rugby à 25 ans. Fracture de l’omoplate en août 2017, une blessure qui n’arrive jamais au rugby. Un traumatisme réservé aux accidentés de la route avec des chocs ultra-violents. Un an plus tard, aussi incroyable que cela puisse paraître, il subit la même blessure. Rechute, deux saisons blanches pour le Toulonnais. Sa fin de carrière semblait même proche mais Ollivon a décidé que non. Il a fait le tour des chirurgiens en France, personne ne voulait l’opérer. Finalement, le chirurgien Yves Bellumore, dans la banlieue de Toulouse, s’occupera de lui.
Appelé en tant que réserviste pour le Mondial au Japon en 2019, le troisième ligne ira chercher le maillot pour disputer la Coupe du monde où il sera une des révélations. Fabien Galthié, adjoint comme un autre à ce moment-là, est séduit par le personnage : son mental, sa force, ses qualités des gagneurs et son talent. Et pour son premier match en tant que sélectionneur, le 2 février 2021, il désigne Charles Ollivon comme capitaine contre l’Angleterre.
Mais rien n’est épargné au “grand Charles”. Victime d’une rupture d’un ligament croisé du genou gauche en juin 2021, il voit l’équipe de France battre les All Blacks sans lui en novembre, réaliser le Grand Chelem l’année suivante et il assiste à la prise de pouvoir d’Antoine Dupont sur le groupe. Mais à force de travail, il revient à son meilleur niveau pour être un des leaders de cette équipe aujourd’hui. Fabien Galthié lui a d’ailleurs rendu hommage cette semaine en annonçant la composition d’équipe : “Charles a été notre capitaine au début de notre mandat. Un grand capitaine puis il a été blessé grièvement. Il a beaucoup travaillé seul, il a fait un chemin difficile. Et aujourd’hui, il redevient capitaine, c’est un clin d’œil mais ça représente aussi nos quatre années de travail ensemble Aujourd’hui c’est l’occasion de lui rendre hommage. Il est là. Ils sont tous là. Il faudra compter sur nous. Et sur eux.”
Le staff n’a d’ailleurs pas hésité longtemps avant de le réinstaller comme titulaire malgré les performances de François Cros. Il faut dire que le natif de Saint-Pée-sur-Nivelle, au Pays Basque a un profil unique. Hyper actif, sauteur en touche, joueur de soutien, capable de multiplier les courses, de sprinter à haute intensité. Un toucher de balle exceptionnel, héritage de son passé de joueur de pelotari à main nue. Il coche toutes les cases du troisième ligne moderne.
D’ailleurs, avec son doublé contre la Namibie, il est entré dans l’histoire du rugby français. Avec 15 essais inscrits, il a dépassé Olivier Magne en devenant le meilleur avant français en tant que marqueur d’essais. Son association avec Anthony Jelonch et Gregory Alldritt en fait l’une des troisièmes lignes les plus complémentaires au monde aujourd’hui. Les trois, avec Julien Marchand, Gaël Fickou et Antoine Dupont font partie du groupe de leaders. Alldritt reconnait aussi l’importance d’Ollivon, même sans le brassard : “Charles, c’est un meneur d’hommes, c’est quelqu’un qui sait trouver les mots justes. C’est quelqu’un qui amène aussi par l’exemplarité sur le terrain. Qu’il soit capitaine ou pas, ça reste la même personne.”
Depuis son retour, Charles Ollivon n’a jamais rien revendiqué. Il a accepté ce rôle de lieutenant en gardant une importance capitale dans la vie du groupe. C’est un relais précieux pour le meilleur joueur du monde. D’ailleurs, le joueur du RCT avait participé à la cérémonie d’intronisation de Dupont en octobre 2021. Alors blessé, selon la volonté du staff, il était venu passer le flambeau au numéro 9 toulousain. Un an plus tard, alors que les deux hommes étaient pour la première fois réunis sous le maillot tricolore, le demi de mêlée avait été conforté dans son poste tout en rappelant le rôle d’Ollivon : “Charles reste un leader de l’équipe. On est plusieurs leaders désignés et on échange régulièrement entre nous.”
C’est d’ailleurs le Basque qui avait hérité du brassard après le rouge de Dupont contre l’Afrique du Sud et pour le match suivant contre le Japon. Idem il y a dix jours lors de la sortie sur blessure du capitaine des Bleus. Raphaël Ibanez, le manager du XV de France, est admiratif : “Il a connu la souffrance avec une blessure grave et une force de caractère exceptionnelle. Il n’a pas changé dans son attitude, dans sa façon d’aborder les rencontres de haut niveau avec un instinct de compétiteur exceptionnel. Avec lui, et les autres leaders, on est armé.”
Vendredi soir, Ollivon va donc retrouver le brassard pour ce match qui compte. Forcément important. Encore plus quand on sait qu’il sera aligné avec Maxime Lucu. Les deux se connaissent depuis l’enfance. Ils ont commencé le rugby à 5 ans à “St-Pée.” Ils partagent la même chambre lors des rassemblements. Et pour le Bordelais, ce match sera particulièrement spécial : “En tant que copain de Charles depuis petit, de nos premières licences à jouer un match de Coupe du monde en tant que capitaine pour lui et numéro 9 pour moi, c’est forcément un moment important pour nous. Ce sont des choses qui comptent dans des carrières quand on est des amis d’enfance. Dans son rôle, il n’a jamais changé, capitaine ou pas.” Pour son seizième capitanat, Ollivon espère amener les Bleus à la victoire et à une qualification en quart de finale. Et il peut compter sur le porte bonheur français, son ami Maxime Lucu, de son côté invaincu depuis qu’il porte la tunique tricolore. Les amis basques espèrent que cette statistique va durer.
Source : RMC Sport