Le troisième ligne centre du XV de France, Grégory Alldritt s’est confié via L’équipe.
Ce-dernier a bien évidemment évoqué le match à venir contre l’Afrique du Sud, programmé dimanche soir au Stade de France.
Dans un premier temps, il est revenu sur son visage très marqué par la large victoire remportée contre l’Italie.
Il est conscient de souvent terminer les matches avec le visage tuméfié. Extrait:
Oui, je sais que ça m’arrive, mais il ne faut pas me porter la poisse avec cet article (rires) ! Je prends parfois des coups sur les lèvres. Parfois ce sont les paupières qui prennent. J’ai tendance à avoir les pommettes ouvertes, des yeux au beurre noir. Mais je n’ai jamais eu de grosse blessure au visage, par exemple à la mâchoire (il touche la table en bois). Au nez, je n’ai jamais rien eu non plus et j’en suis plutôt fier. Les oreilles c’est pareil, je suis épargné avec le casque. Si ça peut continuer, je signe de suite.
Il se rappelle notamment de son visage très touché à l’issue de la finale de la Coupe d’Europe remportée contre le Leinster, en 2022. Extrait:
Quand je revois ces images, ça me rappelle quelques coups, mais pour être honnête, il y avait tellement de joie, de sensations après ce match que je n’avais même pas remarqué que j’avais un coquard. Il a fallu que je me regarde dans un miroir bien plus tard pour m’apercevoir de l’état de mon oeil. Je ne le sentais même pas. Mais en général, je sais quand je suis marqué après un match, même si ce n’est pas une douleur vive. C’est le lendemain, à froid, en sortant du lit, qu’on prend conscience qu’on a pris un petit coup.
J’aimerais bien avoir une belle tête un jour sur ces photos (rires), mais tant qu’il y a le trophée avec ça me va.
Il le concède : le risque est présent à chaque instant, au rugby. Extrait:
Il y a toujours des risques, quoi qu’on fasse. J’essaie de toujours faire attention. Se faire couper, ça peut arriver, ça fait partie du jeu, mais on ne peut pas trop penser à ça. C’est souvent quand on y pense que ça arrive. Il faut faire abstraction. J’ai la chance de ne jamais avoir eu de pépin grave. Dans les mêlées ? Je suis à l’abri, au fond, j’ai les autres devant.
Les plaquages ? Ça reste une collision, ça peut vite arriver de prendre un coup, une hanche, un genou involontairement. Que ça soit sur les plaquages ou quand on porte le ballon, ça peut occasionner des blessures.
Il précise cependant ne pas avoir d’appréhension. Extrait:
Non, et quand tu commences à en avoir, c’est sûr à 100 % que tu vas finir le match avec une blessure. Il faut se vider la tête, ne pas penser à ça, penser rugby, à ce que l’on doit faire sur un terrain. J’ai des grands frères qui m’ont montré la voie. Avec eux, j’ai appris à la dure, quand il y avait un différend (rires). Plus sérieusement, mes parents aussi m’ont toujours poussé à tout donner.
Il espère terminer sa carrière avec une tête acceptable. Extrait:
Moi le premier, j’aimerais terminer ma carrière la tête propre. Ma copine ne se fait pas de souci là-dessus. Et elle sait que de toute façon, quoi qu’elle dise, ce n’est pas pour ça que je m’épargnerais en match. J’imagine que je suis peut-être un peu moins sensible qu’au début de ma carrière oui. Le visage, ce n’est pas une zone où on a tendance à prendre des coups alors lorsqu’on en prend, ce n’est pas agréable.
Pour limiter les impacts, il porte un casque depuis tout petit. Extrait:
Depuis que j’ai 6 ou 7 ans. Mes parents me l’avaient rapidement mis sur la tête. Ils avaient assisté à un match de l’un de mes frères où un ailier avait heurté avec la tête une barrière en béton après un plaquage le long de la ligne. Rien de méchant pour lui mais ça avait fait tilt dans l’esprit de mes parents. Après ça, mes frères et moi avons été casqués.
Je l’ai toujours gardé par habitude. Ça ne m’a jamais dérangé de l’avoir. Et ça protège quand même un petit peu, même si ce n’est pas le jour et la nuit d’être casqué ou non. Ça m’arrive de l’enlever, quand il y a de très grosses chaleurs, en début de saison notamment (il l’a par exemple retiré lors du match d’ouverture de la Coupe du monde France-Nouvelle-Zélande, 27-13).
Concernant justement les chocs à la tête, il fait complètement confiance au rugby Français et plus précisément à son club. Extrait:
Je pense que là-dessus, le rugby français est moteur. En Top 14, on est très surveillés, dès qu’on fait une commotion, on va voir un neurologue indépendant du club. Je suis le premier à dire qu’il ne faut pas rigoler avec ça, qu’il ne faut pas faire de raccourcis, suivre les protocoles à la lettre. Il y a tellement de conséquences derrière qui peuvent être importants… Finir sa carrière en boitant, c’est une chose, mais ne plus pouvoir réfléchir et utiliser sa tête, c’est bien plus dommageable.
J’ai la chance dans mon club d’avoir un gros suivi là-dessus. En équipe de France, c’est pareil. Mais c’est aussi la responsabilité du joueur de savoir écouter les avertissements des médecins. J’ai connu des joueurs qui voulaient absolument être sur le terrain, qui n’écoutaient pas les avertissements du corps médical. Il a une responsabilité, mais nous aussi, joueurs, nous devons agir en adulte et savoir dire stop. Il faut ce changement de mentalité, quand on nous dit non, c’est non.