Pointé du doigt pour des décisions contestées, l’arbitre néo-zélandais Ben O’Keeffe est au centre de toutes les discussions depuis l’élimination du XV de France contre l’Afrique du Sud en quart de finale de la Coupe du monde (28-29). Arbitre expérimenté, celui qui est ophtalmologue dans le civil a pourtant un lien étroit avec l’Hexagone.
Son nom est sur toutes les lèvres depuis la terrible désillusion du XV de France. Arbitre du quart de finale des Bleus contre l’Afrique du Sud, qui s’est soldé par une élimination terriblement frustrante au Stade de France (28-29), le Néo-Zélandais Ben O’Keeffe est pointé du doigt pour de nombreuses décisions contestées.
“Je n’ai pas envie de faire l’aigri qui râle sur l’arbitrage parce qu’il a perdu le match mais je ne suis pas sûr que l’arbitrage ait été au niveau de l’enjeu, a même taclé Antoine Dupont en conférence de presse juste après la rencontre. Il me tarde de revoir des images qui vont, je pense, me donner encore plus de frustration. Je pense qu’il y a des choses claires, évidentes, qui sont faciles à siffler et ne l’ont pas été”, a poursuivi le capitaine des Bleus, qui a ainsi résumé la pensée amère de tout un pays ou presque.
Ben O’Keeffe n’est pourtant pas un nouveau venu dans le monde de l’arbitrage international. À 34 ans, le Néo-Zélandais est au sifflet pour sa deuxième Coupe du monde consécutive. En 2019, il avait officié lors du Mondial organisé au Japon. Il était notamment assistant aux côtés du Français Jérôme Garcès lors de la finale entre l’Angleterre et l’Afrique du Sud, une rencontre qui s’était terminée… sur un sacre des Springboks.
Durant cette Coupe du monde 2023, il avait déjà dirigé le XV de France à l’occasion du match de poule face à l’Uruguay. Lors de cette rencontre, où la France avait eu mille peine à se défaire de Terros accrocheurs (27-12), les Bleus avaient été pénalisés à 15 reprises. Comme le soulignait Le Parisien avant le quart de finale face à l’Afrique du Sud, le Néo-Zélandais faisait partie des arbitres “appréciés du staff tricolore”.
L’encadrement du XV de France aurait notamment salué “la qualité et la clarté de son arbitrage sur les zones de rucks”… un secteur de jeu où ses décisions font énormément débat depuis dimanche soir. Lors de cette rencontre face à l’Uruguay, Romain Taofifenua avait par ailleurs échappé à un carton rouge après un plaquage dangereux sur le demi de mêlée Santiago Arata.
Avant le quart de finale éclectique face aux Springboks, Ben O’Keeffe avait arbitré le XV de France à 10 reprises pour un bilan parfaitement à l’équilibre: cinq victoires et cinq défaites, parmi lesquelles le très large succès face à l’Angleterre lors du dernier Tournoi des VI Nations (53-10) ou encore la courte défaite en terre écossaise pendant la préparation à ce Mondial (25-21).
Voilà pour le CV et le bilan purement statistique. Mais venons-en à la question qu’un certain nombre d’amoureux des Bleus se pose ce lundi: Ben O’Keeffe a-t-il une petite dent contre la France ? Logiquement, la neutralité et le professionnalisme des arbitres choisis pour cette Coupe du monde devraient suffire à balayer cette éventualité d’un revers de la main. Mais les plus sceptiques seront peut-être plus convaincus par son lien particulier avec l’Hexagone.
Habitué à officier en Super Rugby (championnat opposant les provinces australiennes et néo-zélandaises), Ben O’Keeffe a déjà arbitré en Top 14 la saison dernière dans le cadre des échanges internationaux entre l’hémisphère Nord et l’hémisphère Sud menés par la Fédération internationale de rugby. “C’est un challenge, le Top 14 c’est une super compétition”, a-t-il notamment confié sur les réseaux sociaux du championnat de France après avoir dirigé un match entre le Racing 92 et La Rochelle en janvier dernier.
Sur cette prise de parole, sa maîtrise de la langue de Molière saute notamment aux yeux. Et pour cause: il a vécu pendant six mois dans l’Hexagone durant ses études et parle parfaitement français.
En parallèle du rugby, celui qui est aussi le frère de Michael O’Keeffe, footballeur international néo-zélandais, est ophtalmologue. Il travaille dans une entreprise qui vise à créer une technologie médicale pour prévenir la cécité visuelle. Un parcours professionnel qui lui attire forcément de nombreuses moqueries depuis dimanche soir, certains internautes s’amusant à faire le lien entre son métier d’ophtalmologue et ses supposées erreurs d’arbitrage sur la pelouse du Stade de France.
Dernièrement, Ben O´Keeffe a d’ailleurs été la cible de cyberharcèlement après sa prestation en finale de Super Rugby, qui opposait deux équipes néo-zélandaises. Les fans des Chiefs (équipe basée à Hamilton) estimaient qu’il avait favorisé les Crusaders (basés à Christchurch), victorieux 25-20. “Malheureusement, en tant qu’arbitre au plus haut niveau, je dois accepter et m’habituer aux critiques au vitriol que les supporters normalisent après les matchs”, avait-il déploré sur son compte Instagram. Lundi midi, au lendemain de sa prestation ô combien commentée, il n’avait pas (encore ?) pris la parole.
Via RMC Sport