Dans les colonnes du journal L’équipe, l’ancien capitaine des Bleus, Thierry Dusautoir a analysé la défaite du XV de France contre l’Afrique du Sud, dimanche soir au Stade de France, dans le cadre d’un quart de finale de la Coupe du monde.
Voici son analyse :
« La première mi-temps s’est jouée sur un tempo de fou, les deux équipes se rendant coup pour coup. C’était haletant comme dans un combat de boxe entre deux gros puncheurs. La différence s’est d’abord faite dans le style : la France s’est reposée sur de la possession et l’occupation du territoire des Boks, mais elle a mis beaucoup d’énergie pour obtenir ses trois premiers essais. À la pause, les Sud-Africains en avaient inscrit autant mais avec une débauche d’énergie moindre, s’appuyant beaucoup sur leur jeu au pied pertinent derrière le rideau défensif.
Les deux équipes ont mis beaucoup d’intelligence dans la gestion de leur première période, sans s’entêter dans de l’affrontement pur et simple. Cette économie dont ont su faire preuve les Boks en première période, malgré quelques imprécisions, a payé sur la fin de match. Ils ont su utiliser l’apport de leur banc en seconde période à bon escient pour avoir une mêlée de plus en plus forte, installer leur domination et de la pression dans le camp français. La frustration et la nervosité sont montées peu à peu chez les Bleus, on a perdu le fil petit à petit.
Rassie Erasmus a fait preuve d’intelligence stratégique en choisissant ses combats, en demandant à ses joueurs de ne pas perdre trop d’énergie dans leur camp. Ils se sont dégagés avec leur jeu au pied, quand bien même cette tactique les a parfois enfermés chez eux. Les Boks ont imposé une grosse pression défensive sur les rucks, en harcelant Antoine Dupont avec Eben Etzebeth, Kwagga Smith ou Cobus Reinach.
Même réduits à quatorze, sans Etzebeth, ils ont plié mais n’ont pas rompu. Faf De Klerk n’a pas fait une entrée fracassante, mais il a été précieux pour gérer la fin de match grâce à son expérience. Les Sud-Africains ont été durs sur l’homme, comme on les connaît, avec un buteur intraitable. Nous, on s’est délités physiquement, des joueurs boitaient bas. La sortie de Peato Mauvaka s’est ressentie. Le banc des Boks a, encore une fois, été déterminant : Ox Nche, Kwagga Smith, RG Snyman… L’entrée en jeu d’Handre Pollard a aussi rajouté une couche de pression.
Les Sud-Africains ont été intelligents dans la stratégie, leur composition d’équipe qui a tant interrogé avant le match a trouvé tout son sens au cours de la partie. »