Ce jeudi soir, le SU Agen affrontera le Biarritz Olympique.
Ce match s’annonce bouillant sur le terrain mais également sur le bord du terrain.
Ce mercredi, le président du Biarritz Olympique, Jean-Baptiste Aldigé n’a pas manqué de faire le show lors d’un entretien accordé à Sud-Ouest.
Ce-dernier a notamment réglé ses comptes avec le manager du SU Agen : Bernard Goutta.
Rappel des faits : Jean-Baptiste Aldigé avait en tête de revendre le Biarritz Olympique l’été dernier afin de devenir le nouveau président du SU Agen. Mais la vente du BO a échoué et Jean-Baptiste Aldigé est donc resté à Biarritz.
En raison de cette vente échouée du Biarritz Olympique, le SU Agen n’a pas pu recruter correctement et s’est retrouvé dans une situation délicate le jour de la reprise du championnat.
Cette situation avait irrité le manager du SUA, Bernard Goutta, lequel avait alors taclé Jean-Baptiste Aldigé. Extrait:
« Jean-Baptiste Aldigé est un enfant gâté qui joue à la PlayStation. »
Visiblement, cette déclaration a agacé Jean-Baptiste Aldigé, lequel a répliqué ce mercredi via Sud-Ouest.
Il n’a pas manqué de dézinguer ouvertement Bernard Goutta. Extrait:
Ce match, ce n’est pas l’histoire entre Goutta et Aldigé. Le SU Agen, c’est une masse salariale, supérieure à 5 millions d’euros brut, soit la deuxième de la division après Aix-en-Provence. Avoir son budget (14 M€) et le salaire de Monsieur Bernard Goutta, de l’ordre de 13 000 euros par mois (NDLR : 11 300 euros brut, hors primes), soit le deuxième entraîneur le plus payé de la division, ce n’est pas uniquement pour battre Biarritz.
Avec ces moyens-là, Agen devrait toujours être dans le top 2 de Pro D2. Immédiatement. Tout le temps. M. Goutta a une certaine expérience. Dans le temps, puisqu’il a un certain âge (51 ans), plus que dans les résultats puisqu’il n’a jamais gagné (NDLR : en tant qu’entraîneur, il a remporté le Top 14 en 2009 avec Perpignan et le Challenge européen en 2019 avec Clermont).
En tant que supporter, je suis juste embêté qu’il y ait quelqu’un qui ait pris le club en otage, à un moment où il était un peu en difficulté, et qui fasse tout le temps la sérénade en faisant croire qu’ils sont les petits pauvres, qu’ils font ce qu’ils peuvent… Il nous parle d’humilité, mais il n’en a pas, c’est un discours de façade. Agen devrait être dans le top 2.
Il rappelle qu’à Biarritz, l’entraîneur le mieux payé tourne à 6 000 euros mensuels, loin des 13 000 euros gagnés par Bernard Goutta. Extrait:
Ma masse salariale est à 2,9 millions d’euros bruts. C’est la 7e de la division. Le mec le plus payé dans le staff, c’est 6 000 euros. On n’est pas du tout sur les mêmes moyens. Je n’ai pas un stade neuf, je n’ai pas un stade d’entraînement ultramoderne comme à Agen. Par contre, je suis très content qu’Agen les ait.
Monsieur Goutta, lui, ne veut pas assumer le fait qu’ils sont parmi les plus riches et que lui-même est grassement payé. Il devrait avoir l’humilité de s’en aller sans un chèque, ou de diviser son salaire pour en donner plus au club.
Il remue le couteau. Extrait:
Pour lui, les gens de mon âge jouent à la PlayStation. C’est un mot anglais. Je ne sais pas comment il l’a prononcé parce que son anglais est limité et il ne sait même pas envoyer un e-mail, choses rédhibitoires quand on veut être manager de haut niveau. Ils ont même essayé de le refiler à la Nouvelle-Orléans, mais ils n’en voulaient pas. D’après mes informations, le moral n’est pas au beau fixe entre la direction et M. Goutta. Si on était venu en juin, on aurait donné beaucoup de moyens à M. Goutta. Et bien sûr, on allait attendre des résultats.
Lui espérait que je n’allais pas le garder. Il espérait notre venue pour prendre son chèque, qui aurait été son assurance vie envoyée par M. Fonteneau. M. Goutta a l’air d’avoir un avis très arrêté sur moi, moi je n’en avais pas sur lui. J’avais envie de donner sa chance au produit, à tout le monde. À Agen, nous aurions injecté 2 à 3 millions d’euros de plus dans le club, ce qu’on met à Biarritz. Mais comme à l’origine, Agen a plus de moyens que Biarritz, ça aurait fait encore plus de moyens.
Ce que M. Goutta n’a pas aimé, ou ce dont il a eu peur, c’est qu’à un moment donné, on lui aurait dit : « Au vu de ce tableau Excel – qu’il appelle la PlayStation – t’as la masse salariale la plus costaude de Pro D2, on va encore l’augmenter, donc il faudra que t’aies des résultats derrière. » Il aurait enfin pu gagner un truc, peut-être. Mais il espérait un chèque ou partir à la retraite.
J’ai fait de nombreuses réunions avec lui, dans des palombières au milieu des Landes, j’ai passé de longues heures au téléphone à écouter ses litanies et ses plaintes. Ça a commencé au mois de janvier. Ça lui allait très bien. Il espérait vraiment notre venue parce qu’il avait préparé les démissions en cascade pour prendre son chèque et s’en aller.
Il a également évoqué la position très ferme de Bernard Goutta sur le dossier Mohamed Haouas, lui qui ne voulait en aucun cas avoir le pilier international Français sous ses ordres suite à sa condamnation pour violences conjugales. Extrait:
Celui qui signe les contrats, c’est le président. Si on avait décidé de faire avec Haouas à Agen, il aurait fait avec Haouas. Au passage, je suis content d’avoir converti M. Goutta. Au départ, il était bien arrêté sur ses principes. Haouas (NDLR : condamné à plusieurs reprises, notamment pour violences conjugales), c’était non, ça n’était pas ses valeurs. Le mot valeurs, il faudra me le définir parce que dans le rugby français, on y met tout et rien, on ne sait plus ce que ça veut dire.
Haouas, je suis très content qu’on lui ait donné sa chance. La seconde, la troisième, vous pouvez les compter, peu importe. M. Goutta a visiblement adhéré depuis à mes valeurs parce que derrière, il a pris Tilsley (NDLR : condamné à six mois de prison avec sursis pour violences conjugales en août dernier). Je le félicite pour ça. Chez nous, Haouas est un super joueur, un super gamin de vestiaires. J’espère qu’il se passera la même chose pour Tilsley, parce que je suis supporter d’Agen. Et que ça se passera bien sur le terrain, mais aussi en dehors, dans la société…
Dans la foulée, Jean-Baptiste Aldigé dévoile la liste des joueurs que Bernard Goutta ne souhaitait plus à Agen. Extrait:
M. Goutta peut faire ces déclarations, j’ai des e-mails. Au départ, le plan était très clair : tout le monde restait. Il n’y avait aucune raison de juger sans voir, du staff aux joueurs. On aurait complété par un recrutement mais il n’y avait pas de liste noire Aldigé ou je ne sais pas quoi. En revanche, M. Goutta avait fait une liste de joueurs, certains qu’il avait lui-même recrutés, dont il souhaitait se débarrasser. Il se disait peut-être qu’avec un chéquier un peu chaud, nous allions accepter de payer pour qu’ils s’en aillent avant la fin de leur contrat parce qu’il n’en voulait plus.
Hamadache, Jantjies, Sloane, Olmstead, Barrington, Rokoduru, etc. Et dans le « etc. », ce sera sa parole contre la mienne, mais je sais qu’il y avait Antoine Erbani, ce qui était un sujet de fâcherie parce que c’est mon ami. Son père est un ami de ma famille. Donc quand Goutta parle de valeurs, de territoire, d’Agen et toute sa litanie, il n’a rien compris. Moi qui suis petit fils d’agriculteur sur le territoire d’Agen, qu’il me fasse des leçons, c’était rigolo. Mais quand on entraîne le SUA et qu’on parle de valeurs, a priori on ne touche pas à Antoine Erbani. Ou alors, c’est qu’on ne comprend pas trop ce qu’on est en train de faire.
Interrogé à son tour via Sud-Ouest, le manager Agenais Bernard Goutta a répondu aux attaques de Jean-Baptiste Aldigé à sa manière. Extrait:
« Tant que c’est sur moi, il n’y a aucun problème. Tant qu’on ne touche pas à l’institution SUA, tant qu’on ne touche pas à mes joueurs, il n’y a aucun souci avec ça. Je ne veux pas parler de lui. Les anciens m’ont appris une seule chose, c’est “ferme ta gueule, travaille et la vérité est sur le terrain”. Il n’y a que ça. Et je suis de cette génération-là. Donc je vais fermer ma gueule, travailler, et ensuite on verra la vérité sur le terrain ou pas.
Mais je n’ai pas envie de répondre à tout ça, je n’ai pas envie qu’on parle d’Aldigé à la veille de ce match, je n’ai rien à lui dire. On ne va pas jouer contre Aldigé. Ni lui, ni moi ne serons sur le terrain jeudi soir. On va jouer contre l’équipe de Biarritz et on a travaillé fort pour pouvoir réussir à mettre en place une très bonne construction de match à l’extérieur pendant quatre-vingts minutes.
Franchement, j’ai beaucoup de respect pour ce club de Biarritz, pour ces joueurs et pour le staff. Parce que commencer une saison avec autant d’instabilité, démarrer, et gagner certains matchs, ce n’est pas évident. »