Le demi-de-mêlée Benoit Paillaugue va jouer son dernier match au GGL Stadium avec Montpellier ce samedi contre Clermont.
Recruté en tant que joker Coupe du monde par Montpellier, ce-dernier va ensuite raccrocher les crampons et intégrer le staff technique du MHR pour gérer les skills.
Interrogé via L’équipe, l’ancien joueur du Rugby Club Toulonnais évoque sa fin de carrière. Extrait:
Je pense que j’ai saisi l’idée parce que j’ai commencé à mettre un pied dans l’après (il a déjà commencé à travailler dans le staff des Espoirs du MHR). Mais disons qu’on s’y prépare sans être vraiment préparé. À la fin du match et dans les jours qui suivent, je me ferai à l’idée que je ne vais plus me lever pour aller mettre les crampons et aller à l’entraînement. Je vais passer de l’autre côté, ce sera un nouveau challenge mais il me reste une dernière marche et j’aimerais qu’elle soit aussi belle que ma carrière.
Je pense qu’ils vont en avoir ras le bol que je fasse des discours (rires). Je serai très bref, promis. Là, ce sera différent parce que j’arrête ma carrière, ma passion. Je vais la vivre autrement mais je vais repenser aux sacrifices que je fais depuis l’âge de quinze ans quand je me suis mis en tête que je voulais faire ce métier. Il y a eu des embûches, des galères, mais aussi des moments inoubliables, des rencontres. Plein de choses qui vont me traverser la tête à la fin du match samedi.
Il s’attend à beaucoup d’émotions. Extrait:
Je n’ai jamais été un joueur qui met les choses de côté ou qui veut éviter les émotions avant les matches. Au contraire, j’ai toujours aimé ça. Il faut des émotions pour jouer, moi ça ne me freine pas. Dans tous les gros matches que j’ai pu jouer, j’ai laissé parler mes émotions, sans problème. Je vais encore le faire sans retenue pour ce week-end.
Il évoque dans la foulée le début de saison très compliqué du MHR. Extrait:
J’étais parti sur une très très bonne note (rires) (le titre de champion de France en 2022). C’est un peu plus compliqué aujourd’hui mais c’est à l’image du club où c’est un peu plus en dents de scie. C’est ce qui a fait la beauté de ce club et peut-être aussi pour ça que j’y suis resté aussi longtemps. Mon objectif, c’est qu’on gagne samedi, qu’on puisse savourer et boire quelques bières.
Il indique trouver sa carrière belle. Extrait:
Je la trouve belle. Je me suis rongé tellement d’années sur pas mal de choses, je me suis toujours remis en question, on m’a souvent remis en question aussi (sourire) mais ça a fait le joueur que j’ai été. Si ça avait été platonique, je n’aurais peut-être pas atteint ce que j’ai pu atteindre. Ma carrière aurait pu être plus belle peut-être. J’ai gagné la plus belle chose que j’avais à gagner avec un club (le Brennus en 2022).
C’était un rêve de gamin, je l’ai eu. Tard, mais je l’ai eu. Ce qui m’a enlevé un poids énorme. Bien sûr que j’ai eu quelques regrets, des choix différents, des discours différents, mais ça fait partie de moi. J’aurais aimé chanter la Marseillaise, je ne suis pas passé loin à un moment mais on dira que c’était mon destin. Et finalement, vivre mon dernier match pro avec ce club, c’est la meilleure chose qui puisse m’arriver. J’aurai eu le luxe de choisir ma fin, sans aucun regret. Maintenant, je veux bien finir.
Le meilleur moment ? Champion de France. Parce que je suis resté pour ça tellement de temps, j’avais tellement cette envie de faire partie de l’équipe qui allait remporter le premier Brennus ici (à Montpellier). C’était fantastique. Je savais que je partais en plus donc j’ai profité de l’instant, j’ai vécu ça avec mes proches, c’était fort. C’est une vie particulière, mais c’était une putain de vie. Je sais que ça va me manquer mais je vais essayer de trouver d’autres émotions autre part et transmettre aux plus jeunes. Je suis un fou amoureux de ce sport et j’ai hâte de former les jeunes.
Il évoque sa décision d’intégrer le staff technique de Montpellier. Extrait:
Ça fait des années qu’on m’en parle, que je ferais peut-être un bon entraîneur. Mais attention, aujourd’hui, ce sont des grands points d’interrogation. Je le tente, parce que j’en ai envie. Si ça marche, tant mieux, sinon, tant pis… Comme dans ma carrière de joueur finalement. J’ai foncé vers mes objectifs et je ne me suis pas trop trompé. J’ai fait seize ans au plus haut niveau, c’est quand même pas mal. Je vais me lancer dans cette aventure à 100 % et on verra bien. Je commence doucement, avec les Espoirs, car je n’ai pas envie de me brûler les ailes. Ce sera mon rôle de les former vers le plus haut niveau et de les y accompagner car je sais la difficulté pour y arriver. Entraîner directement en première, ça aurait été une erreur de ma part.
Pour conclure, Benoit Paillaugue avoue avoir parfois été lassé et et déçu du rugby. Extrait:
J’ai été par moments lassé, lésé, déçu… Car le monde professionnel peut vite vous décevoir. Mais quand vous êtes amoureux de ce sport, ça revient vite. Les grosses blessures ont été des moments difficiles. La dernière, au genou (en septembre 2021), ça a été difficile car je renégociais mon contrat, on aurait dû resigner une semaine après et ça s’est compliqué. Là, j’étais un peu dégoûté et en colère. Plus contre le milieu professionnel que contre ce jeu que j’adore. Le ballon va me manquer. D’ailleurs, je le garderai toujours pas loin en entraînant (rires). »