Le nouveau technicien du XV de France, Patrick Arlettaz s’est confié via L’équipe pour évoquer son arrivée au sein du staff des Bleus.
Celui qui remplace Laurent Labit a expliqué son arrivée. Extrait:
On a tous des parcours très différents et des caractères très différents. C’est très caractéristique d’une équipe de rugby avec des sensibilités différentes, des qualités différentes et des cultures différentes. J’arrive avec mon bagage et mon vécu qui est un peu atypique. On fera le tri par rapport à ce que l’on veut bien prendre ou pas. Je n’ai aucun problème par rapport à ça. J’arrive avec ma personnalité et ce que j’ai appris en faisant ce métier depuis plus de quinze ans.
Il explique comment il a été recruté par Fabien Galthié. Extrait:
D’abord par téléphone. Il m’a appelé. Je ne vous cache pas que c’était une surprise pour moi. Je n’étais pas le plus « bankable » pour ce poste. Après c’est devenu de plus en plus concret au fil des conversations. Et il est venu manger en Catalogne où on mange bien. Il n’est pas fou, il l’a dit que le mieux était de manger en se rencontrant (sourire). Je le connais. On a joué l’un contre l’autre. Mais dans le détail, on ne se connaissait pas plus que ça. J’ai toujours eu beaucoup de respect pour le joueur qu’il était et le technicien qu’il est. On s’est mis à table à midi et on en est sorti à 18h en parlant essentiellement rugby. On a pris du plaisir. Aucun ne voulait quitter la table je crois. Moi non en tout cas.
Jusqu’au dernier moment, je prenais ça comme quelque chose de sympa et un partage d’idées. On peut croire que je fais de la langue de bois mais je l’ai toujours pris comme ça. Je m’étais dit qu’on verrait bien. Finalement ça s’est concrétisé. Il n’y a pas trop d’hésitation à avoir. Ce n’est pas quelque chose que j’ambitionnais. Mais c’est aussi une belle reconnaissance de mon travail. Il est allé chercher un parcours atypique. Ça ne lui a pas fait peur. Mais j’ai beaucoup de pression.
Pour lui, cette pression n’est pas un problème. Il explique pourquoi. Extrait:
Oui, mais on est né avec à Perpignan (rire). Ce n’est pas très dérangeant. Je n’ai pas envie de le décevoir, je veux avant tout lui prouver qu’il a eu raison. J’aime les gens qui me font confiance et j’ai toujours eu envie de leur rendre.
Il évoque ensuite son rapport aux datas. Extrait:
Je suis moins précis que Fabien, surtout moins gourmand de datas que lui. Mais ça fait partie du sport. Effectivement, j’ai fait des études de maths, j’aime ça. J’aime les prendre comme un outil et pas une vérité. Et c’est un outil très performant. Si ça doit nous amener des indications pour orienter et expliquer… Vous savez un entraîneur est quelqu’un qui met tout simplement un cadre pour que les joueurs s’éclatent et expriment leur talent. Les datas sont un outil pour déterminer ce cadre. Elles sont primordiales dans le rugby pour savoir où on va et pour ne pas faire n’importe quoi par rapport aux charges de travail et aux stratégies. Ça nous simplifie et nous amène parfois de nouvelles idées. Mais c’est comme tous les outils : trop de vidéo tue la vidéo, trop de datas tuent les datas.
Dans la foulée, il explique en quoi va consister sa mission. Extrait:
Ma mission est de m’occuper de l’attaque, et donc qu’on soit le plus performant possible quand on a le ballon. C’est une grosse tache parce que l’équipe de France était performante. Sur le temps de possession du ballon on va évidemment discuter mais c’est Fabien qui choisit la stratégie. Quand elle sera choisie, on ira tous là-dedans. Quand on aura le ballon, on devra être le plus efficace possible. Mais chacun ses prérogatives. Fatalement, le dernier mot appartient à Fabien. C’est encore plus normal maintenant qu’il a quatre années d’expérience alors que moi je n’en ai aucune de ce rugby-là. J’y vais en pleine confiance du fait de son vécu et de son ouverture d’esprit. Fabien n’est pas fermé. On le voit. Et le simple fait qu’il m’ait choisi montre qu’il n’est pas fermé.