L’arbitre du Top 14, Tual Trainini s’est longuement confié via Actu Rugby.
Interrogé sur les nombreuses polémiques arbitrales durant le Mondial, l’arbitre Français regrette que l’on ne retienne que cela de la Coupe du monde.
Il s’explique. Extrait:
Ce que je trouve dommage, c’est que nous ayons eu le privilège d’avoir une Coupe du monde en France, avec un mélange des populations dans une période plus que compliquée dans le contexte géopolitique international, et que nous ayons tant parlé d’arbitrage. Et pas du jeu.
Nous avons eu pourtant un Mondial avec des nations qui ont montré des choses fabuleuses en termes de jeu, mais aussi d’état d’esprit, d’émotion… Je pense bien évidemment au Portugal, mais le Chili ou bien l’Uruguay ont aussi constitué un vent de fraîcheur dans ce microcosme. Cela me peine que la seule chose, ou presque, qu’on retienne de ce Mondial 2023, ce soit l’arbitrage.
Il regrette également que les équipes perdantes veuillent toujours trouver un coupable. Extrait:
C’est dommage de toujours vouloir trouver un coupable. Et le coupable un peu facile, c’est l’arbitre. J’estime que les torts sont partagés. Nous, arbitres, nous pourrions nous retrouver plus accessibles auprès d’une population qui ne connaît pas forcément notre sport et qui ne connaît pas forcément tous les codes et la complexité de l’arbitrage. Il est important de faire comprendre qu’il y a la règle, mais aussi l’interprétation que l’arbitre en fait. De manière que ce que l’arbitre décide sur le terrain soit plus lisible.
En parallèle, il affirme que les arbitres doivent accepter la critique et s’ouvrir. Extrait:
Je n’ai pas l’impression d’une incidence négative sur l’arbitrage en France issue de la Coupe du monde 2023. Après, il y a eu peu de matchs depuis. Je trouve que depuis des années, il y a une vraie évolution concernant les arbitres. J’omets les réseaux sociaux, qui sont un microcosme peu constructif ou bienveillant. Autour des stades, il y a des choses fabuleuses à notre égard et les arbitres doivent profiter de cela. Je pense à mon petit Ethan, supporter palois, qui m’envoie des dessins ou des photos sur Instagram. Il est à fond derrière moi et l’arbitrage. C’est à ça qu’il faut qu’on se raccroche. On doit aussi continuer à s’ouvrir, et accepter la critique.
Il met en avant certains comptes sur les réseaux sociaux qui valorisent l’arbitrage. Extrait:
Aujourd’hui, il y a une vulgarisation qui est faite au niveau du jeu. Les réseaux sociaux sont néfastes, mais il y a quelques comptes qui évoquent de bonne manière l’arbitrage, le vulgarisent, et c’est très positif. Cette vulgarisation permet une meilleure compréhension, et donc une meilleure acceptation.
Questionné sur la difficulté d’arbitrer le rugby, il affirme que de nombreuses polémiques existent également au foot. Extrait:
C’est là où c’est intéressant de voir que si le football est facile à comprendre, il est aussi sujet à polémique. Et niveau moyens, ils sont largement supérieurs au rugby. Quand nous ne sommes pas en prime time, il y a 6 caméras pour un match de Top 14. Nous sommes entre 8 et 10 pour un match de Ligue 1 similaire. L’approche est donc plus avancée que la nôtre. Je dirais qu’il faut qu’on arrive à vulgariser notre sport, et notamment sur le plan arbitral, afin qu’on bénéficie de l’embellie qu’il y a eue autour du XV de France et de la Coupe du monde. Oui le rugby est complexe, mais je crois aussi que c’est ça qui en fait sa beauté et sa singularité.