Le nouveau manager sportif de Montpellier, Patrice Collazo s’est longuement confié via L’équipe pour évoquer sa nouvelle aventure.
Ce-dernier concède que les débuts ont été délicats pour lui. Extrait:
Les premiers jours ont été speed. Déjà parce que la situation du club est compliquée. Speed aussi car je suis passé d’un point A à un point B, d’un club à un autre, en six jours. Je ne sais pas si c’est déjà arrivé mais c’est perturbant. Quand vous rentrez dans une salle de réunion avec 45 joueurs différents et un autre staff, il faut être accroché.
Il concède que le casting de ce nouveau staff est assez fou. Extrait:
Oui, c’est assez fou car le scénario et le casting sont improbables. Personne n’aurait pu y penser. Même pas Bernard Laporte trois jours avant. C’est ce que l’on appelle un concours de circonstances ou le destin. Là, c’est vraiment une mission et pas un projet puisque le club est en difficulté.
Il explique comment Bernard Laporte l’a contacté un dimanche matin. Extrait:
Il est 7h45. Je devais aller chercher ma fille et manger avec elle, puis remonter sur Brive lundi et mardi et ensuite aller à Toulon. Bernard, que je connais depuis très longtemps, me dit : “Est-ce que tu as fait le sac ?” Je lui réponds : “C’est pourquoi ? Je suis titulaire ou remplaçant ?” En principe, on dit ça aux joueurs. Très vite, avec sa personnalité et un débit de paroles très accéléré, il m’explique les choses et me dit de réfléchir à un fonctionnement. Il me donne deux-trois noms en me citant Vincent Etcheto et Christian Labit avec qui j’ai joué.
Patrice Collazo a alors eu le droit à un très court temps de réflexion. Extrait:
Je ne pouvais pas lui dire oui de suite. Il me dit : “Je te rappelle dans une heure.” C’est ce qu’il a fait en ajoutant : “Dépêche-toi, je vois le président (Mohed Altrad) dans 45 minutes.” L’idée était que je sois manager et de bien répartir les missions d’un staff qui n’est pas pléthorique, contrairement à ce qu’on dit. On n’est pas plus nombreux que les autres encadrements du Top 14. Au contraire même. Moi, je suis manager général et après il y a des entraîneurs. Didier Bès vient de nous rejoindre pour la mêlée car il y avait un besoin.
Certains joueurs du MHR n’auraient pas été emballés par l’arrivée de Patrice Collazo. Il répond. Extrait:
On me colle une étiquette mais est-ce que c’est facile de fonctionner avec Christophe Urios, Pierre Mignoni et d’autres ? Chacun a sa manière de manager et sa personnalité. Je sais très bien que j’ai une étiquette mais tout le monde en a une. Quand vous faites sept ans dans un club (La Rochelle, de 2011 à 2018), ça veut dire quelque chose. Je suis parti pour un désaccord avec mon staff, non pas avec mes joueurs. Après, j’ai fait trois ans à Toulon (2018 à 2021) dans un contexte totalement différent. J’ai vu qu’on ne pouvait pas forcément transposer des choses d’un club à un autre. C’est l’erreur que j’ai faite. Mais ce qui m’est arrivé par le passé est aussi arrivé à quasiment tous les entraîneurs.
Il indique avoir évolué depuis. Extrait:
Je n’entraîne plus et je ne manage plus de la même façon. Après mon départ de Toulon, j’ai beaucoup voyagé et j’ai été invité dans beaucoup de clubs de Top 14 et à l’étranger durant un an et demi. Quand on entraîne, on est dans une bulle et on développe un côté parano. Ça fait du bien de se renouveler et de s’ouvrir. C’est là où j’ai le plus appris. Quand je suis arrivé à Brive (en décembre 2022), les gens s’attendaient à quelque chose et ils en ont eu une autre même si j’ai gardé mes convictions non négociables par rapport à un fonctionnement, une institution et une équipe.
Il souhaite changer sa manière de communiquer. Extrait:
Oui, j’ai eu envie de faire passer des messages différemment en faisant la synthèse de ce que j’ai vu et des conneries que j’ai faites. Quand je suis arrivé ici, les joueurs ont peut-être pensé que j’allais être dur. Geoffrey Doumayrou, que je connaissais bien (il l’a entraîné à La Rochelle en 2017-2018), m’a d’ailleurs dit qu’il avait prévenu les mecs mais il m’a dit : “T’as changé ou évolué, tu dis les choses différemment.” Après, on ne se transforme pas sinon les joueurs ne le comprendraient pas mais j’ai envie de les surprendre.
Je l’ai dit aux joueurs d’ailleurs. Quand ce n’est pas bien, on va leur dire mais quand c’est bien, il faut aussi le dire. Nous ne sommes pas sur une faillite collective mais sur des joueurs mentalement en difficulté et qui peuvent plomber l’équipe. Il faut vite regagner mais la première chose est de leur montrer qu’on va leur donner un cadre. On doit retrouver cette confiance et cette adhésion collective sans tout modifier, on le fait par touches homéopathiques.
Il explique comment il compte faire remonter Montpellier au classement. Extrait:
Il faut aller au plus simple. Et ça tombe bien, c’est un peu l’ADN de Montpellier depuis des années, avec une conquête forte, une bonne défense, jouer les coups quand ils sont bons. On a vu qu’une fois en place, Montpellier était capable de jouer un très bon rugby.
On a des matches de Challenge Cup (voir plus bas) qui doivent nous permettre de valider des certitudes mais aussi trois réceptions en Top 14 (Castres, Toulon et Pau) et un déplacement (Lyon). C’est peut-être vraiment le moment de se lâcher. Si on est forts mentalement, le rugby suivra.