Il y a une dizaine de jours, un joueur amateur de rugby a été victime d’un malaise cardiaque en plein match.
C’est lors du match de Régionale 1 opposant les Haut-Savoyards d’Annecy-le-Vieux aux Isérois de La Mure que la vie du jeune Baptiste Foex a failli basculer.
Le président du club des Haut-Savoyards d’Annecy-le-Vieux, Xavier Mermillod-Anselme s’est confié via Midi Olympique.
Il explique que tout se déroulait correctement avant le drame. Extrait:
“Le match des réserves s’est déroulé sans encombres mais à douze contre douze car les visiteurs de La Mure s’étaient déplacés avec un effectif réduit. Puis le match des premières a commencé, arbitré par un habitué du Top 14, M. Descottes, qui a de la famille dans la région et s’était proposé pour diriger un match dans le secteur. C’était un dimanche parfait, jusqu’à ce début de deuxième mi-temps. Nous défendions dans nos 40 mètres et Baptiste a effectué un gros plaquage.”
C’est à ce moment-là que le deuxième ligne de 26 ans est resté au sol.
Le joueur s’est confié via Midi Olympique sur cette action qui a entrainé son malaise cardiaque. Extrait:
“Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé car les versions divergent en fonction du point de vue des témoins. Est-ce que l’adversaire que j’ai plaqué avait le coude en avant ? Est-ce qu’un autre m’est retombé dessus ? On n’en sait rien au final, d’autant qu’il n’y avait pas de vidéo. La seule certitude, c’est qu’après le plaquage, j’ai eu mal à l’épaule et j’ai levé le pouce pour dire que je pouvais rester sur le terrain. Et après, plus rien.”
Son président apporte des précisions effrayante sur l’urgence de la situation. Extrait:
“A priori, il a eu le temps de dire à ses partenaires : “C’est bizarre, j’ai plein de fourmis dans le bras.” Et il est tombé à terre. Évidemment, on n’a pas saisi tout de suite la gravité de ce qui lui était arrivé. Le soigneur est entré, tout le monde a commencé à s’agiter, alors on s’est approché. Il avait les yeux révulsés, les lèvres bleues…
C’est alors que notre demi de mêlée Théo Renard, qui est infirmier dans le civil, l’a placé en position latérale de sécurité (PLS). C’est lui qui a constaté que le pouls s’affaiblissait et qu’on était en train de le perdre et il a tout de suite fait appeler les pompiers. Au même moment, le trois-quarts aile de notre réserve Paul Bachelier, ancien militaire et pompier volontaire, a eu un sang-froid remarquable. Il est entré sur le terrain et a commencé à prodiguer un massage cardiaque, alors que l’entraîneur de La Mure, Laurent Chaffiotte, lui faisait du bouche-à-bouche.”
Tout est ensuite allé très vite et chacun a eu la bonne réaction pour faire revenir le coeur de Baptiste. Extrait:
“Pendant ce temps, notre coach Romain Auger et un de nos joueurs, Olivier Desfours, sont allés chercher le défibrillateur dans le club-house. Mais nous n’en avions pas les clés… Devant l’urgence, ils ne se sont pas posés de question et ont défoncé la porte qui, heureusement, était légère. Si elle avait été en métal, je ne sais pas ce qui serait arrivé…
Puis c’est Jeanne, la copine d’un de nos joueurs, qui l’a “chocké” en appliquant le défibrillateur, ce qui a permis de récupérer un pouls juste avant que les pompiers arrivent. Pour la petite histoire, ils se sont embourbés en entrant sur le terrain. Et ce sont les deux équipes qui ont poussé le véhicule, le plus extraordinaire des groupés pénétrants ! On se serait cru dans un film de La Guille, sauf que là, ça n’était pas du cinéma…”
Le SAMU a ensuite pris le relais. Extrait:
“Puis le Samu a pris le relais et a placé Baptiste dans le coma sur le terrain, qui est parti sous son drap blanc. Cela a marqué tout le monde. Même M. Descottes, qui en a pourtant vu d’autres, nous a dit qu’il ne se sentait pas de reprendre le match, qui n’était techniquement pas fini. Les dirigeants de la Mure ont été exemplaires et ont demandé à ce que le résultat (qui était de 31-7, avec bonus offensif pour Annecy-le-Vieux, N.D.L.R.) soit entériné, l’essentiel étant évidemment ailleurs…”
Ensuite ? L’attente des résultats des analyses et des examens médicaux. Extrait:
“Dans l’attente de nouvelles, tout le monde s’angoissait, à commencer par les parents de Baptiste, qui habitent à Avignon et sont montés dès que nous les avons prévenus. Très vite, un de nos joueurs qui l’avait accompagné nous a donné une première bonne nouvelle, à savoir que ses cervicales n’étaient pas touchées. Et c’est vers 22 heures qu’on a reçu un SMS de sa part, nous disant que Baptiste était sorti du coma. C’est dire la force de la nature qu’il est…
Même intubé, il n’arrêtait pas de parler. La première chose qu’il a demandée à ses parents, c’est s’il avait bien marqué un essai, alors qu’il n’avait jamais été en position de le faire… Et le lendemain, sur le groupe Whatsapp des joueurs, la première chose qu’il a demandée était le résultat du match…”
Le joueur affirme, pour sa part, ne se souvenir de rien. Extrait:
“Le paradoxe, c’est que je ne me souviens vraiment de rien. Mon trou noir va du dimanche matin au mardi qui a suivi, où j’ai passé la journée entière à pleurer. Je n’ai véritablement recouvré mes esprits qu’à partir du mercredi matin. Entretemps, j’ai quelques flashs, quelques fragments. Je revois mon père, effondré au bord de mon lit… Au final, ce n’est pas plus mal d’avoir tout oublié. La seule chose que je regrette, entre guillemets, c’est de ne pas avoir vu l’élan de solidarité et tout ce qui s’est passé autour du terrain.”
Par ailleurs, il évoque tous les messages de soutien qu’il a reçu sur les réseaux sociaux. Extrait:
“Au niveau des messages, des réseaux sociaux, c’est dingue, je n’arrête pas et ça occupe bien mes après-midi. Je devais attaquer un nouveau travail en Suisse ce lundi et mon futur employeur m’a dit qu’il attendrait mon retour. À l’hôpital, tout le monde est merveilleux avec moi, des docteurs aux femmes de ménage en passant par les infirmières et aide-soignantes. Il faut dire que je suis un peu la coqueluche de mon étage, parce qu’à 26 ans, j’ai un peu fait chuter la moyenne d’âge du service réanimation…
Je veux aussi profiter de cet article pour remercier tous ceux qui m’ont sauvé la vie au bord de ce terrain. Je suis d’ailleurs heureux que le président de la FFR Florian Grill nous a invités, moi et mes “sauveurs”, en VIP au match France – Angleterre qui aura lieu à Lyon.”
Concernant ses examens médicaux ? Une partie de son coeur ne fonctionne plus qu’à 20% pour une raison encore inconnue. Extrait:
“Je mesure la chance qui est la mienne. J’ai passé une IRM et une échographie avant le week-end qui indiquent que pour l’heure, une partie de mon cœur ne fonctionne plus qu’à 20 %, ce que personne n’arrive à expliquer. Dans quelque temps, je vais passer par la case opération, qui va consister à me placer un petit défibrillateur au niveau du cœur. Reste encore à en définir le modèle, en espérant ne pas m’en servir…
Et ensuite, je vais partir pour trois mois de repos, dont dans l’idéal trois semaines au SSR (Soins de suite et de réadaptation) de Rumilly. Je viens tout juste d’en effectuer la demande, j’espère qu’elle sera acceptée… Évidemment, pour moi, le rugby, c’est fini, mais j’ai la chance d’être en vie.”
Pour conclure, Baptiste Foex explique que les médecins ne savent vraiment pas les raisons de cet arrêt cardiaque. Extrait:
“Aucun des médecins ne parvient à expliquer ce qui s’est passé, je suis une énigme. Je n’avais aucun antécédent, rien… Cela aurait pu arriver pratiquement à n’importe quel moment, sur n’importe quel choc. C’est pourquoi je ne vois pas le rugby comme le sport qui aurait pu me coûter la vie mais celui qui me l’a sauvée et je veux lui rendre tout ce qu’il m’a apporté.
À ma sortie de l’hôpital, il est d’ores et déjà prévu que je m’investisse de près ou de loin dans les staffs de l’US Annecy et d’Annecy-le-Vieux. Je dois bien ça à mon sport. Et surtout, la première chose que je vais faire, c’est passer mon PSC1.”