L’été 2023 a été mouvementé. Pour ne pas citer la préparation à la Coupe du monde, à l’échelle du Top 14, le mercato a créé des surprises. Beaucoup d’internationaux ont migré vers les tops clubs français. Avec, jusqu’à présent, des expériences contrastées.
Siya Kolisi (Racing 92)
Champion du monde 2023, le Sud-Africain était le joueur le plus attendu sur les pelouses françaises, notamment celle du Racing 92. Le président Jacky Lorenzetti a mis la main à la poche pour sa nouvelle superstar: 923.550 euros. Un chiffre bas en comparaison aux transferts de football. Pourtant, il s’agit du plus gros chèque pour un joueur sud-africain en France.
Si son arrivée à Paris a un peu tardé, Siya Kolisi gagne progressivement la confiance de son coach Stuart Lancaster, ancien coach du XV de Rose. Depuis le 26 novembre dernier, le troisième ligne a joué trois rencontres, contre la Rochelle (Top 14), les Harlequins et l’Ulster (Champions Cup).
Kolisi en a conscience, son adaptation est primordiale: “Ces dernières semaines ont été un peu coupées par des semaines off et des semaines d’entraînement, donc j’ai eu beaucoup de choses à assimiler en peu de temps mais ça m’a donné la force de relever le défi. Je pense que plus je joue, mieux je serai sur le terrain”, avait-il déclaré le 27 novembre dernier.
Henry Arundell (Racing 92)
Il est sans doute l’une des recrues les plus utilisées depuis la fin du Mondial. Cinq matchs titulaire sur huit, toutes compétitions confondues, et la pépite anglaise a déjà inscrit quatre essais. Doué d’efficacité par ses capacités à effacer son adversaire et à venir apporter du danger dans les derniers 22 mètres, Henry Arundell s’est imposé comme titulaire “presque” indiscutable, à la place du jeune tricolore Max Spring (22 ans).
Début décembre, il a prolongé son contrat avec les ciel et blanc jusqu’en 2026. “Le Top 14 est de très loin le meilleur championnat du monde”, confiait-il dans les colonnes du Midi Olympique. “Tous les week-ends, tu affrontes les plus grands joueurs de la planète. Où que tu te rendes, les stades sont pleins, l’ambiance est dingue. J’ai joué quelques matchs internationaux (10) et à mon sens, le Top 14 est le championnat qui se rapproche le plus de ce niveau-là.”
Cette prolongation de contrat a cependant un inconvénient majeur. La Fédération anglaise de rugby interdit aux joueurs qui évoluent dans un championnat étranger de porter le maillot du XV de la Rose. Cela signifie que le jeune prodige britannique ne pourra pas être présent au prochain Tournoi des VI Nations.
Bien qu’il n’ait joué que deux matchs au Mondial 2023, Henry Arundell avait marqué les esprits par son explosivité. Il a notamment inscrit cinq essais contre le Chili, en match de poules. Un quota d’essais qui lui a permis de se positionner 4e meilleur marqueur de la compétition.
Damian Penaud (Union Bordeaux-Bègles)
Du Puy-de-Dôme à la cité girondine, le tricolore n’a peut-être rien changé. Aujourd’hui meilleur marqueur d’essais du Top 14, son ascension dans l’histoire du rugby français n’a jusqu’à présent jamais été aussi éclatante.
La saison dernière, Damian Penaud figurait 18e au classement des meilleurs marqueurs d’essais du Top 14, avec 6 essais inscrits. Aujourd’hui, la saison n’est pas encore à la moitié de son apogée, que son meilleur marqueur bordelais comptabilise déjà 7 essais dans le championnat. Une progression hallucinante. Toutes compétitions confondues, il serait nécessaire de rappeler que le numéro 14 a déjà marqué 9 essais en 7 matchs.
Les statistiques suivent et physiquement il est indéniable que c’est le joueur à tout faire sur la pelouse : 113 mètres parcourus, 8 défenseurs battus, 5 franchissements, 11 courses, 9 passes, 2 offloads, 9 plaquages… “Damian marque, on connaît ses qualités de finisseur, mais en tout cas je n’oublie pas qu’avant qu’il marque, beaucoup de joueurs touchent le ballon. Il y a du travail réalisé autour de lui, dans la mise en place et la qualité des passes. Un ensemble de choses s’est mis en place autour de Damian, et lui-même s’est adapté à un nouvel ensemble propre à l’UBB”, s’est félicité Yannick Bru, le manager bordelais.
Pour rappel, avant de signer à Bordeaux-Bègles, le tricolore avait marqué son empreinte à Clermont-Ferrand, institution du rugby français. Il avait inscrit 56 essais en 120 rencontres, soit 0,47 essai par match. Le rugby moderne est exigeant physiquement mais aussi techniquement. S’approprier un nouveau style de jeu en restant constant dans sa progression, c’est un art manié par le natif de Brive-la-Gaillarde.
LES NOUVEAUTES A SUIVRE
Melvyn Jaminet (Toulon)
Une nouvelle histoire qui aura pris du temps cette saison. Visiblement, on n’est pas pressé dans le rugby français. En manque de temps au Stade Toulousain et en équipe de France, Melvyn Jaminet a finalement rebondi au Rugby Club Toulonnais aux côtés de ses compatriotes français Charles Ollivon, Jean-Baptiste Gros, Dany Priso, Baptiste Serin ou encore Gabin Villière.
Son ancien coéquipier du Stade Toulousain, Cyril Baille: “C’est sûr que pour nous c’est une très grosse perte mais il avait envie d’avoir de nouveaux objectifs qu’on respecte tous. Le groupe, on est triste qu’il parte.” Quelques semaines après son départ de la ville rose, Jaminet a déjà joué deux matchs de Champions Cup, contre Exeter et Northampton, où il s’est d’ailleurs distingué par un premier essai toulonnais. Le week-end du 23 décembre, il a effectué sa première rencontre de Top 14 contre son ancien club, le Stade Toulousain.
Semi Radradra (LOU)
Passé par le RCT et l’UBB, le centre de 31 ans est lyonnais cette saison 2023-2024. Mais au LOU, tout n’est pas rose cette saison. Actuellement 12es du championnat, devant Perpignan et Montpellier, les joueurs de Fabien Gengenbacher essaient de trouver des solutions. Il en a fallu aussi pour accueillir Semi Radradra, qui était coincé au pays. En vacances après le Mondial 2023, le Fidjien est resté plusieurs semaines dans l’attente d’un visa.
Craintif ou plutôt prévoyant, le coach du LOU a jugé que sa nouvelle recrue devrait passer plusieurs tests avant de rentrer définitivement dans le XV de départ. Ce fut chose faite: entraînements, tests de rapidité, renforcements physiques, Semi Radradra est passé par le service militaire pour pouvoir jouer.
Vous l’aurez compris, tout comme son nouveau club, Semi Radradra a donc du retard. Le 9 décembre 2023 signe le coup d’envoi d’une histoire de rugby entre le Fidjien et le club lyonnais. Titulaire contre les Bears de Bristol, Radradra s’est distingué par son premier essai rouge et noir. Par ailleurs, ce week-end le centre a été aligné dans le XV de départ du LOU. Une première titularisation en Top 14 pour la recrue phare.
Sam Whitelock (Pau)
Dans les Pyrénées françaises, c’est la recrue qui a fait du bruit. Légende des All Blacks, Sam Whitelock a aussi eu envie d’apprendre la langue française: “Ça fait plusieurs années que mon frère se démène pour m’inciter à venir. On va aller acheter une chocolatine pour mon frère parce que c’est grâce à lui que je suis ici”, avait-il confié en conférence de presse, le 1er décembre dernier. Sam Whitelock (35 ans) est la vedette de la Section Paloise mais ses débuts impatientent ses supporteurs.
Le Kiwi est encore une fois indisponible ce week-end du 23 décembre, pour affronter Clermont-Ferrand. La raison? Le deuxième ligne des Verts a été victime d’une commotion à un entraînement et son protocole de reprise n’est pas encore concluant pour laisser l’ancien des Crusaders jouer son premier match de Top 14.
Aujourd’hui 4e du Top 14, à deux points du leader, Pau est définitivement une nouvelle cible des clubs français. Vainqueurs du Stade Français ou de l’UBB au mois de novembre, les joueurs de Sebastien Piqueronies font le show. Mais pour combien de temps?
Via RMC Sport