Lors d’un long entretien accordé au Midi Olympique, le technicien Français Patrice Collazo s’est confié sur son aventure avec le Stade Rochelais qui a débuté en 2011.
Il explique que Vincent Merling, le président Rochelais lui a changé la vie. Extrait:
Le coup de fil de Vincent Merling en 2011 a changé ma vie. J’entraînais depuis deux ans seulement, j’étais avec les espoirs du Racing et on m’a proposé de m’occuper d’un club qui descendait. Je me suis demandé : pourquoi moi ? On m’a dit qu’on ne voulait pas de gars qui avaient dirigé plusieurs clubs, on voulait des hommes neufs pour un nouveau projet : “Grandir ensemble 2015.” Voilà pourquoi ils ont aussi recruté Fabrice Ribeyrolles, champion de France Espoirs avec Clermont et moi, champion de France du deuxième niveau de la catégorie avec le Racing.
Il explique ce qu’il a amené au club Maritime. Extrait:
J’ai juste dit qu’il fallait penser différemment. Je ne voulais pas d’un club qui se contentait d’être une grosse écurie de Pro D2. Il y avait une certaine humilité dans ce club, il s’interdisait trop de choses. Il était trop modeste par nature. L’humilité, c’est bien, mais avec certaines convictions. Mon travail au quotidien fut de dire : “Gagner à haut niveau, ce n’est pas réservé qu’aux autres”. La force de La Rochelle, c’est d’avoir passé les étapes sportives et structurelles en même temps, chose très importante.
Il évoque les déclics au cours de son aventure avec le Stade Rochelais. Extrait:
Il y en a eu plusieurs. D’abord, le recrutement de Uini Atonio, alors inconnu. Je me dis alors qu’il sera hors norme, s’il le décide. Ensuite, j’ai vu l’affirmation des joueurs de base, les Sazy, Djebaili, Ferrou, Jacob… Des gars qui m’ont vraiment impressionné par leur engagement pour ce club. Autre déclic : l’arrivée de Levani Botia, autre joueur hors norme. Un mec qui peut te changer un match. Mais ce qui nous a vraiment fait basculer, ce sont les arrivées de Jason Eaton et Victor Vito. Là, on se dit qu’un truc se passe. Vito, on s’est d’abord demandé comment il pourrait accepter de venir chez nous… C’est là que Pierre Venayre et Vincent Merling ont joué un grand tour. Ils lui ont présenté le projet à court, moyen et long terme, l’agrandissement du stade sur trois ans par exemple, la création d’un centre d’entraînement…
Il explique ensuite le changement de poste de Levani Botia qui est passé de centre à troisième ligne. Extrait:
À la base, Levani Botia est un joueur de sept. Mais il mettait un tel engagement que ça m’interpellait. Il a débarqué chez nous et il a immédiatement apporté une plus-value terrible. Je vous l’ai dit, il change le cours des matchs… Quand on est monté, je lui ai dit : “As-tu déjà joué à un autre poste ?” “Oui, troisième ligne.” J’en étais sûr. À Toulouse, pour ses débuts en troisième ligne, on se dit d’abord qu’on va l’utiliser comme un joker, un homme hybride, libre, hors de tout système. Ce jour-là, je le fais s’échauffer avec les trois-quarts. Finalement, il joue avec les avants à la place d’Afa Amosa qui déclare soudain une blessure (vraie ou fausse ? On ne le saura jamais…). Et là, il sort un match énorme ! Ça a déstabilisé l’adversaire. Je vous l’ai dit, ce sport c’est un coup d’échec ou de bataille navale…
Pour être polyvalent, il faut d’abord être indiscutable à un poste. Sinon, on devient un remplaçant idéal et ce n’est plus pareil. Quand on construit un effectif, si on n’a pas un énorme budget, on peut faire des coups et ça devient un luxe pour un entraîneur. L’Afrique du Sud l’a fait et même la France, avec Macalou.
Il raconte ensuite son départ soudain du Stade Rochelais en 2018. Extrait:
C’était la meilleure solution. Oui, il y avait une divergence avec Xavier Garbajosa et j’ai décidé que je devais partir. Xavier ne voulait pas partir et Vincent Merling n’avait pas pris de décision. Je suis donc parti, j’ai pensé que c’était la meilleure solution. Je ne voulais pas qu’une grenade dégoupillée demeure au club. Je reconnais que c’était sur un coup de tête, personne ne s’y attendait. Nous n’étions plus d’accord sur certaines choses…
Cette décision n’était pas dans mon intérêt, c’était une cassure violente. On sortait d’un quart de finale européen, septièmes en Top 14 mais qualifiés pour la prochaine Coupe d’Europe. Avec Xavier, la situation ne pouvait plus durer. Ça ne fonctionnait plus mais sur le plan des résultats, on ne peut pas dire que ça ne marchait pas : nous venions de clôturer la deuxième meilleure saison de l’histoire du club.