Il y a quelques jours, le Stade-Toulousain a écopé d’une amende de 50 000 euros avec sursis et le Rugby Club Toulonnais d’une amende de 70 000 euros sans sursis pour un manquement de transparence concernant le montage financier effectué entre les deux clubs au sujet du transfert de Cheslin Kolbe, en 2021.
Les deux clubs ont été sanctionnés pour un manquement de transparence mais en aucun cas pour un dépassement du Salary Cap.
Mais selon le journal L’équipe, la teneur de cette décision risque pourtant de fragiliser les fondations du dispositif de contrôle du Salary Cap.
Le quotidien sportif indique, par exemple, ne pas comprendre du tout pourquoi le Salary Cap manager n’a pas relevé le fait que le salaire perçu par Cheslin Kolbe, lors de sa première saison à Toulon, était bien en deça de ce qu’il percevait à Toulouse.
Pour rappel, Cheslin Kolbe a quitté Toulouse pour Toulon car le Stade-Toulousain refusait de revoir à la hausse son salaire. Or, Cheslin Kolbe a perçu 375 000 euros pour sa première saison avec le RCT contre 620 000 euros lors de sa dernière saison avec Toulouse.
Selon L’équipe, le Salary Cap manager aurait dû relever cette incohérence et sanctionner Toulouse et Toulon pour un tel montage qui ne respecterait pas le Salary Cap.
Et pour cause, L’équipe rappelle que le rôle du Salary Cap est justement d’analyser les revenus perçus par les joueurs et de vérifier toute incohérence.
Le journal sportif cite l’article 7.3.3 des règlements généraux de la LNR dit que :
« lorsque le salary-cap manager dispose de preuves ou d’un faisceau d’indices faisant apparaître que les sommes et avantages remis et/ou dus à un joueur sont manifestement inférieurs aux pratiques habituelles compte tenu notamment du niveau sportif et/ou de la notoriété du joueur, des sommes et avantages perçus les saisons précédentes par le joueur concerné et/ou de l’analyse économétrique des données réunies par la LNR sur la pratique de l’ensemble des clubs en matière de rémunération des joueurs », il est fondé à réaffecter la somme manquante.
Après cette décision, que répondront au contrôleur les clubs à qui il reprochera de sous-payer un joueur ?
Le président de l’US Oyonnax, Dougal Bendjaballah a pesté contre ces pratiques. Extrait:
« Certains clubs tentent de créer des brèches, ce qui fragilise notre économie. Ça fait peur. Il faut faire attention. Le salary-cap est un facteur comptable qui a la vertu d’éviter l’inflation des salaires en Top 14 et de créer une bulle inflationniste sur les budgets des clubs. Tout le monde sait que le rugby vit largement au-dessus de ses moyens.
Les fédérations internationales sont en déficit, la majorité des Ligues également, mis à part la LNR qui fait figure d’exception. Le souci, c’est que la Ligue est constituée de présidents qui ont des visions et des intérêts différents. Ce n’est pas un organe indépendant, capable d’édicter des règles. On va donc continuer à ne pas jouer dans la même cour, financièrement parlant. »
Le président de Biarritz, Jean-Baptiste Aldigé se pose également des questions. Extrait:
« La LNR qui ne fait pas appel ? Oui, c’est bizarre, mais est-ce si surprenant ? Je rappelle que la Ligue, ce sont les clubs. Et qui dirige la Ligue ? Les mêmes clubs qui viennent d’être condamnés. Les personnes condamnées ne vont pas s’auto-condamner. Sans oublier qu’ils ont 40 millions de budget. Est-ce que 70 000 euros d’amende empêcheront de récidiver ou les autres de fauter ? Je ne pense pas. »