Lors d’un entretien accordé au Midi Olympique, le patron des arbitres de World Rugby, Joël Jutge s’est confié sur les menaces de mort reçues par certains arbitres durant la Coupe du monde.
Ce-dernier ne manque pas de pointer du doigt les réseaux sociaux.
Il l’affirme : via les réseaux sociaux, la société se radicalise. Extrait:
Oui, il y a une inquiétude à avoir, mais pas seulement au niveau de l’arbitrage. Sur les réseaux sociaux, les gens se lâchent lamentablement. La société se radicalise, devient de plus en plus dure, violente, on constate des débordements à l’égard du corps arbitral, mais pas seulement : à l’égard d’entraîneurs, de joueurs, d’élus, de professeurs… Chacun doit faire les efforts pour ne pas hurler avec les loups, et chercher à comprendre la complexité de l’arbitrage.
Je sais que les gens en général n’aiment pas la complexité et la nuance, mais on est justement dans un sport où rien n’est noir ou blanc. World Rugby a pris des mesures en poursuivant par l’intermédiaire de la police et d’ Interpol, les pires exemples de haine en ligne. Nous espérons que cela sera dissuasif.
Nous voulons tous que le rugby soit le meilleur possible. Il devrait y avoir un partenariat, une entente où nous travaillons ensemble, et non les uns contre les autres, pour promouvoir et célébrer ce grand jeu. Il y a eu des fautes commises de notre part, c’est incontestable et je suis incapable de les nier, mais nous n’avons pas besoin que l’on nous en invente. C’est sûrement notre faute, parce qu’on n’a pas suffisamment su “préparer” les gens qui commentent, et c’est pourquoi je reviens à mon idée de départ, à savoir la réflexion que l’on doit avoir au sujet de notre communication avec les médias, pas seulement de manière ponctuelle. C’est encore une main tendue pour mieux travailler ensemble.
Il souhaite réellement que l’arbitrage ne soit plus stigmatisé de la sorte. Extrait:
Je sens que beaucoup de gens responsables des différentes compétitions sont prêts à collaborer, on devrait arriver à être plus pertinent et surtout, unis. On doit arriver à travailler la main dans la main, les uns avec les autres, pour avoir un rugby toujours plus efficace, spectaculaire et facile à suivre. Mais il faut vraiment, pour cela, arrêter de stigmatiser l’arbitrage, et passer à autre chose. Le rugby, c’est du sport, et dès lors que vous rentrez sur un terrain, votre adversaire a aussi le droit de gagner. Dès lors que vous évoluez face à quelqu’un du même niveau que vous, le match va se jouer sur des détails, sur des choix. Des choix de joueurs, de coachs, ou d’arbitres. C’est aussi simple que cela, et il faut l’accepter.
Mon vœu le plus cher est la réduction de toutes ces incivilités qui vont devenir un jour inarrêtables, ce qui voudra dire que nous aurons des personnes agressées. Je ne connais malheureusement pas toutes les subtilités et difficultés de votre métier, mais je crois sincèrement que les médias en général ont un grand rôle a jouer, ils ne peuvent être pyromanes et pompiers a la fois. Il faut lutter contre le populisme. Nous devons être plus exigeants avec chacun d’entre nous, si on ne veut pas observer les mêmes dérives qu’au football. Attention, on s’en approche dangereusement, et rapidement.