Trois mois après l’élimination en quart de finale de la Coupe du monde face à l’Afrique du Sud et à dix jours de débuter le Tournoi face à l’Irlande, William Servat, le responsable de la conquête du XV de France explique mardi son bonheur de retrouver les joueurs à Marcoussis. Avec de la fraîcheur apportée par les nouveaux, que ce soit dans le staff ou dans le groupe, mais aussi, pour avancer, le souvenir de cette douloureuse élimination.
Dans quel état d’esprit êtes-vous à l’approche de ce Tournoi des VI Nations?
Nous avons énormément de fraicheur et d’envie, de plaisir à se retrouver. On a un groupe qui vivait bien et on a à nouveau un groupe qui vit bien. Avec de nouveaux joueurs, de nouveaux membres du staff et aujourd’hui une grosse fraicheur d’esprit, emmenée par ces nouveaux là.
Certains joueurs étaient quasi retraités mais avec notre état d’esprit ils ont eu envie de continuer. Avec ces valeurs sportives mais aussi humaines. Tout le monde avait envie de se retrouver. On parle de l’esprit club en équipe de France, mais les regards, les mots, montrent que tout le monde avait envie de se retrouver.
Avez-vous déjà évoqué l’élimination en quart de finale face à l’Afrique du Sud?
Sur la continuité du mandat, bien sûr. Nous, notre dernier match, c’est le quart de finale. Ne pas parler de ça serait se voiler la face. Il doit nous servir car cette frustration permettra, on l’espère, d’être prêt contre une grande nation, l’Irlande.
Faut-il une phase de digestion?
Elle a eu lieu quand même. Comme toutes les saisons, les joueurs sont passés à autre chose. En club, en fin de saison, ils doivent digérer. Donc on doit repartir et essayer de grandir avec ce qu’on a pu vivre. Face à une équipe forte et avec ce qu’on a pu faire ces dernières années, notre volonté et notre détermination sont encore plus affirmées. On a quitté une compétition et ça nous a appris pas mal de choses, c’est une évidence.
Que vous apportent les nouveaux membres du staff?
De la fraîcheur! Et un regard extérieur. On le vit dans nos familles, avoir des personnes qui arrivent nous amènent un regard extérieur. Ça permet de faire évoluer nos cellules dans le staff, nos comportements. Mais on garde aussi un lien avec le passé, je pense à Laurent Labit, ce qu’il avait fait.
Quelles sont les nouveautés?
Pas vraiment de nouveauté, plutôt un projet qui continue. On peut parler d’évolution et d’amélioration. On a déjà bien avancé. Du bonheur aussi de se retrouver.
Est-ce que ce sera dur pour vous de choisir entre Peato Mauvaka et Julien Marchand pour débuter le match?
Peato a bénéficié de l’absence de Julien durant la Coupe du monde. Mais il l’avait fait par le passé, souvenez-vous du match de la Nouvelle-Zélande en 2021. Mais en équipe de France, on a l’habitude d’utiliser la qualité des joueurs au service de l’équipe. L’individu ne sera jamais au-dessus du collectif. Le ‘je’ est au service du ‘nous’.
Quelle que soit la position de l’un ou de l’autre. Exemple de Romain Taofifenua, qui rentre et nous fait gagner des matchs. Il est finisseur et donne la pleine puissance à son équipe en permettant de finir un match à très haute intensité. Réduire sa performance serait une grossière erreur. Donc quelque soit la position de l’un ou de l’autre, l’importance c’est le bénéfice de l’équipe.
Vous déplorez la perte d’Emmanuel Meafou et Anthony Jelonch. Est-ce un coup dur de se passer de deux gros porteurs de balle comme eux?
On a déjà perdu Thibaud Flament avant. Le constat est très dur. On est très tristes pour les personnes. La première pensée, c’est pour le joueur. On est tristes pour eux. Egoïstement, on pourrait penser à nous, mais ils comptaient énormément. Emmanuel Meafou allait découvrir le XV de France.
C’est un peu moins grave pour lui. ‘Antho’, on a de la peine. Il sombre à nouveau dans une blessure qu’il a connu. Mais on connait le garçon, on n’a pas de doute. Il fait partie des grands joueurs. On a de la peine pour les clubs aussi. Ils n’ont pas la ressource qu’on a en équipe de France. En fait, ce n’est évident pour les joueurs, pour les clubs et pour nous. Et quand on connait les capacités de ces deux éléments, on ne peut que déplorer leur absence.
Un mot sur les ‘petits nouveaux’ de ce groupe? Ils doivent aller ‘chercher le maillot’ comme dit Fabien Galthié?
Toujours. J’aime bien l’expression d’aller chercher le maillot. Le XV de France est ainsi fait que lorsque nous sommes partis en Australie en 2021, je me souviens que Barlot et Jelonch traversaient le terrain. Bien évidemment que l’émulation interne va permettre de faire avancer ce groupe. La blessure des uns donnera des possibilités à d’autres. Halagahu et Abadie ont des capacités extraordinaires.
Des formes de super pouvoir. L’expression ‘petit’ est rigolote, mais un joueur comme Depoortere par exemple fait plus qu’exister. Les clubs français travaillent. On a beaucoup de chances de les avoir et ont sait que malgré les blessures, on peut compter sur d’autres. La Blessure de Meafou permet à Paul Willemse de revenir. Il a été très important pour le XV de France et ses dernières performances en club montrent qu’il a le niveau international. Quand on voit parfois la qualité des joueurs qui ont zéro sélection et qui sont avec nous…
Des supers pouvoirs, le mot est fort…
Quand vous voyez l’activité d’Halagahu, vous considérez ça comme très fort. Quand on voit le parcours d’Abadie, de grandir en Pro D2, d’être au final quasi irremplaçable et son évolution à Toulon, ça lui permettra d’exister avec nous.
Avec toutes ces nouveautés, le match face à l’Irlande n’arrive finalement pas trop tôt?
Le quart de finale va beaucoup nous aider et on sera prêt pour l’Irlande. Il y aura des nouvelles choses, mais la continuité est la même. On fait grandir les choses. Je parlais de faire évoluer les cellules qui étaient les nôtres, c’est ce qu’on va faire mais la base du travail reste le même projet.
Via RMC Sport