L’ancien international Français Imanol Harinordoquy s’est confié dans les colonnes du Midi Olympique suite à la défaite des Bleus concédée contre l’Irlande, ce vendredi soir au Stade Vélodrome de Marseille.
Il évoque une prestation poussive de la part des Bleus. Extrait:
Sans aucune surprise, les Bleus sont tombés sur une équipe qui a pratiqué un très bon rugby, très juste, très costaud dans tous les compartiments du jeu. C’est la marque de fabrique de cette équipe. Et dès lors qu’elle a pris l’avantage au score, le XV de France s’est désorganisé. Je n’ai pas vraiment vu d’action collective, pas d’enchaînement. Il y a eu beaucoup de déchets. C’était poussif.
Selon lui, le carton rouge écopé par Paul Willemse a forcément impacté le match. Extrait:
Le scénario du match a forcément compliqué la tâche des joueurs. À 14 contre 15, au regard du rugby pratiqué, c’était mission impossible. Pour battre les Irlandais, il faut être au top de notre forme et de notre maîtrise rugbystique. Le carton rouge a impacté d’abord la présence dans les rucks. À un de moins, on ne peut pas se permettre de se consommer autant dans les phases de combat au sol. Il faut alimenter la ligne, mais le revers de la médaille, c’est que ça offre à l’adversaire des libérations de balles plus rapides.
Ensuite, en perdant Willemse, les Bleus ont perdu leur meilleur défenseur sur les ballons portés. Ses larges épaules ont fait cruellement défaut et les Irlandais ont marqué deux fois sur des mauls. Même constat en touche. Willemse est de toutes les combinaisons car c’est le “lifteur” prioritaire. Il a donc fallu se réorganiser. Sans même parler du coaching qui a été chamboulé.
Concernant les difficultés rencontrées en touche, Imanol Harinordoquy réagit. Extrait:
Le staff a fait le choix de se priver de Woki au coup d’envoi, ce qui explique probablement le manque de variété dans les annonces en touche. Et qui s’est amplifié avec le carton rouge de Willemse. Un garçon comme Woki a manqué notamment en contre. Il nous a toujours manqué 50 centimètres pour contester les ballons irlandais. Charles Ollivon a bloqué le fond de l’alignement mais dans la zone entre le premier et le deuxième sauteur, les Irlandais ont su utiliser l’espace.
Il explique ensuite pourquoi les Bleus se sont rapidement fatigués dans ce match. Extrait:
Quand tu passes ton temps à défendre, tu te fatigues plus vite. C’est inévitable. Or, les Bleus ont pris des vagues successives et ont défendu sur les talons. À la mi-temps, on a bien senti que cette équipe de France était dans le dur physiquement.
Dans la foulée, il affirme ne pas avoir été choqué par le choix de Fabien Galthié d’avoir fait appel aux trentenaires. Extrait:
Ça ne m’a pas choqué. Avoir des trentenaires dans une équipe n’est pas le problème. Ce sont des joueurs qui ont une expérience collective commune importante. Ça doit être une force. Sur ce match, ça s’est mal passé. Mais il y a des circonstances atténuantes. Il y a eu pas mal de bouleversements en amont de la rencontre. Sans oublier que le premier match du Tournoi n’est jamais le plus simple à gérer. C’était une finale avant l’heure, ce qui a mis beaucoup de pression sur les joueurs. Digérer cette gifle ne va pas être simple, on a vraiment pris une leçon.
Au regard des calendriers du rugby français, on ne verra jamais un joueur de 37 ans dans le squad du XV de France pour une coupe du monde, comme ont pu le faire les Sud-Africains avec Deon Fourie. À mon sens, il y a en France une surcharge d’entraînement. On ne laisse pas le temps aux joueurs de se régénérer. Certains n’ont plus grand-chose à apprendre rugbystiquement mais on les fait s’entraîner toute la semaine. Une réflexion devait être menée à ce sujet, notamment pour des joueurs trentenaires. Pour l’instant, ça se fait dans certains clubs mais vraiment à la marge.
Selon lui, il est clair que les Bleus n’ont pas digéré leur défaite en quart de finale de la Coupe du monde. Extrait:
C’est la question que je me posais avant le match. J’ai eu la réponse. Pour moi, les joueurs n’ont toujours pas digéré cette défaite. Ce n’est pas simple. C’est même éprouvant. J’espérais qu’il y ait plus de fraîcheur mentale à l’idée de se retrouver, de débuter un nouveau cycle, de marquer vite les esprits. J’ai finalement vu des joueurs sans solution, vite se désunir.
Ne crachons pas sur tout ce qui a été fait pendant quatre ans. C’est un nouveau cycle qui commence avec de nouveaux entraîneurs. Il y a donc forcément un changement de discours, de méthode d’entraînement, de plans de jeu. Il y a de la continuité, mais pas uniquement. Les cartes ont été redistribuées. Le staff doit trouver son équilibre en interne.
Pour conclure, il avoue craindre le match à venir contre l’Ecosse. Extrait:
Ça ne va pas être simple… Le challenge sera costaud. Comme l’a dit Grégory Alldritt, les joueurs vont devoir se regarder dans le miroir et qu’ils se disent leurs quatre vérités. Tout le monde attend une réaction. J’ai été joueur, je sais comment ça se passe. Ce sont eux les premiers déçus, les premiers insatisfaits de la copie rendue. Je suis sûr qu’il y a de la colère en eux. Ils savent aussi qu’ils ne pourront pas faire plus mal que vendredi soir. Ils montreront un autre visage, j’en suis convaincu.
Avant même ce premier match, c’est ce que je redoutais en raison de la réduction des moyens mis à disposition du XV de France. Jusque-là, tout était mis en œuvre pour qu’il soit dans les meilleures dispositions pour gagner la Coupe du monde en France. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Mais je crois en l’avenir de cette équipe.