Le troisième ligne du XV de France, Charles Ollivon s’est confié via Midi Olympique.
Ce-dernier a expliqué pourquoi il ne s’exprime jamais au sujet du calendrier extrêmement chargé des internationaux Français et la libération des joueurs pour l’équipe de France.
Il est conscient qu’il s’agit d’un sujet très délicat. Extrait:
On ne m’entend jamais dessus, car c’est un peu une volonté de ma part. C’est un sujet difficile à évoquer. Dans notre position de joueurs de rugby, nous sommes au milieu. Tout le monde le sait. Je fais partie de ceux qui disent que l’on n’a pas vraiment le droit de se plaindre. Quand tu prends les bons côtés, il faut aussi prendre les mauvais. C’est un ensemble que l’on ne peut pas dissocier. Maintenant, vous me posez la question, je pense qu’on joue trop. C’est mon avis. Dans mon raisonnement, je ne veux pas que l’on ne retienne que ça. Je ne veux pas un titre du genre : “On joue trop.” Il y a des nuances à ça.
Il précise que les internationaux Français ne peuvent pas prendre que les bons côtés des choses et pas les mauvaises. Extrait:
Ça reste particulier, car on est une partie prenante qui ne peut pas vraiment se plaindre. On ne peut pas prendre les bons côtés, sans les mauvais. En même temps, si vous me demandez mon avis, je vous réponds en toute sincérité : oui, on joue trop. Mais, conservons la nuance ! Ce n’est pas la faute d’un côté, ou de l’autre. Ça fait des années qu’on évoque le calendrier. Je commence à voir arriver de nouvelles compétitions, avec des matchs en plus. Je regarde un petit peu… C’est le jeu ! Je n’aime pas trop me mêler, parce que je veux rester à ma place. J’aime rester à ma place de joueur. Je ne veux pas aller trop loin. Vous connaissez désormais mon avis, mais il est nuancé. On joue trop, surtout quand tu dois composer entre ton club, qui est important, et l’équipe de France, qui est importante aussi.
C’est trop facile d’aller expliquer aux gens et aux supporters, qu’il est dur d’être rugbyman de haut niveau. Tu ne peux pas prendre les bons côtés, sans être jamais critiqué. Les gens en demandent toujours plus. Quand tu arrives au niveau professionnel, il faut être bon. Quand tu es bon un peu, il faut l’être souvent. Quand tu l’es souvent, il faut l’être tout le temps. Tu vas en équipe de France mais quand tu reviens, il faut être encore meilleur. Puis après, il faut garder ce niveau… À la fin, il faut être tout le temps bon : quand tu as dix matchs, il faut être bon douze fois. Quand tu es bon douze fois, il faut l’être quinze fois. C’est le jeu mais c’est dur.
Il avoue cependant avoir traversé des moments très difficiles sur le plan mental. Extrait:
J’ai eu des moments difficiles, très compliqués par rapport à ça. J’ai connu des périodes très basses. Les coups de mou peuvent encore souvent arriver. On le gère et on le vit d’une manière très personnelle et très intime. Parfois, on se pose la question de comment avancer malgré les coups de mou… C’est un sujet riche et intéressant. Il n’y a pas de vérité, on le vit de manière différente.
Dans le rugby, je ne dirai pas que c’est tabou mais… Ça reste un sport où il faut être dur et fort ! Tu ne dois pas montrer de failles. Je suis un peu comme ça d’ailleurs, mais j’ai des failles comme tout le monde. J’essaie de m’adapter à elles J’ai été supporter quand j’étais gamin. Quand tu es gosse, tu regardes ça d’un œil extérieur et distant et tu ne comprends pas pourquoi les mecs ne sont pas toujours bons. Je ne veux pas montrer une image négative. Il faut trouver un juste milieu. Mais mentalement, c’est dur de tenir le rythme. Quand je parle de rythme, ce n’est pas dur de jouer trois matchs d’affilée à 80 minutes. C’est dur d’enchaîner semaine après semaine, année après année.
Pour conclure, Charles Ollivon a donné son avis sur la longue période de repos prise par Grégory Alldritt suite à la Coupe du monde. Extrait:
Je dis tant mieux qu’il ait pu trouver un accord avec son club. Je n’ai pas tellement à commenter. Ce sont des choix personnels. C’est difficile de se positionner. Quand tu es joueur, tu as envie d’être ici, car l’équipe tourne et tu es redevable envers ton club et ton employeur. Tu es constamment entre les deux, et tu veux bien faire. J’ai toujours envie de donner le meilleur partout mais à un moment…
Le corps, mais surtout la tête s’égarent. Le corps part en sucette car tu es submergé. Tu ne sais plus où tu en es. Tu essaies de revenir au calme mais c’est difficile quand tu es pris dans cet enchaînement. Il faut essayer de trouver des solutions individuelles. Heureusement, avec l’expérience, je me connais de mieux en mieux pour trouver des solutions.