Le consultant rugby Jean-Baptiste Elissalde s’est longuement confié via L’équipe pour évoquer la prestation poussive effectuée par le XV de France contre l’Ecosse, samedi à Murrayfield.
Ce-dernier pointe du doigt sans langue de bois tout ce qui n’a pas fonctionné au sein de l’équipe de Fabien Galthié lors de cette rencontre.
Il l’affirme haut et fort : l’équipe de France n’est pas encore une grande équipe.
A lire ci-dessous :
« 80e + 1, samedi à Murrayfield. Les Bleus sont dans leur en-but, suspendus à une décision des arbitres. Comment en sont-ils arrivés là ? À cause de différents trous d’air. Et si la victoire change tout pour cette équipe de France, ses coaches, ses joueurs, ses supporters, elle ne change rien à l’analyse du match : il y en a eu trop. Ces trous d’air, ce sont ceux apparus dans la défense, par exemple sur l’essai écossais (7e), ou sur ces séquences de fin de match : la percée de Kyle Rowe, la dernière sortie de camp sur mêlée qui a redonné le ballon à l’adversaire.
Mais ces trous d’air, c’est aussi et surtout le nombre de ballons perdus dans le jeu au pied aérien. Le même mal que celui apparu contre l’Afrique du Sud en quarts de finale de la Coupe du monde. Samedi, ces carences ont coûté 10 points et ont contraint l’équipe de France à subir, à évoluer trop souvent dans son camp. Grégory Alldritt avait dit dans la semaine qu’une grande équipe ne commettait pas deux fois les mêmes erreurs. Force est de constater que la sienne n’en est pas encore une.
Perdre un ballon haut, c’est aussitôt manquer d’oxygène, car on ne peut pas occuper le camp adverse, on est obligé de courir après un ballon récupéré par l’adversaire. La dernière fois que l’équipe de France avait été bonne sous les ballons hauts, c’était le match d’ouverture de la Coupe du monde, contre la Nouvelle-Zélande (27-13, le 8 septembre 2023). Les Bleus avaient alors réalisé un quasi-sans-faute, ce qui leur avait permis de récupérer des ballons sur les 50 mètres et de réintégrer le camp adverse, par la main ou par le pied. Samedi, ce déficit dans les airs a permis aux Écossais de récupérer le ballon dans cette zone et d’arriver vite dans nos trente mètres.
Au total, l’Écosse y est venue plus de dix fois, comme l’Irlande la semaine dernière, un chiffre significatif. Heureusement pour les Français, les Écossais n’ont pas été brillants, n’inscrivant en moyenne que 1,3 point par entrée. En comparaison, les Irlandais avaient tourné à 4,5 points par entrée à Marseille. Pour pouvoir mieux disputer le ballon dans les airs, il faut aussi avoir un meilleur jeu au pied, celui de samedi a été trop long. Conséquence : les Bleus ont manqué de possession, ne portant que cinq fois le ballon dans les 30 mètres adverses. En parlant de maladresses dans les airs, les Français ont été brouillons en touche, perdant de nombreuses munitions dans ce secteur.
Tout n’a bien sûr pas été à jeter dans la prestation. Sans être bons dans le jeu, avec ou sans ballon, les Bleus ont combattu, ont fait preuve de caractère, de solidarité, d’engagement, comme Fabien Galthié l’avait réclamé cette semaine. Et cela leur a permis de faire front sur leur ligne. Par ailleurs, le coaching après le carton jaune de Uini Atonio (38e) a été à mon sens un tournant du match, juste avant la mi-temps, c’était un bon choix de sortir un ailier (Louis Bielle-Biarrey, remplacé par Dorian Aldegheri) pour rester à huit devant à cinq mètres de notre ligne. J’ai aussi aimé l’apport du banc tricolore, qui a offert à cette équipe un regain d’énergie. Les Bleus ont plus globalement eu le mérite de toujours coller au score. Après cette victoire, j’entends la joie du staff tricolore, des joueurs. Mais peuvent-ils se contenter de ça ? »