Interrogé via Midi Libre, le président de la Fédération Française de Rugby, Florian Grill a fait un point sur son mandat à la tête de la FFR.
Ce-dernier dévoile les quatre axes stratégiques sur lesquels il travaille. Extrait:
On a quatre axes stratégiques.
1. Les 13 équipes de France. C’est la priorité. On enlève aucun moyen humain à nos équipes de France. Par contre, on serre les frais de fonctionnement. On peut faire des stages à Marcoussis sans que ça dénature la performance sportive. D’ailleurs, les joueurs s’en portent très bien. Et ça nous coûte moins cher. On peut mutualiser les moyens, tout en continuant de mettre le paquet sur les équipes de France, qui restent notre vitrine et la priorité.
2. Le poids de la Fédération à l’international. On est en train de bien avancer à tous points de vue. On intègre des membres dans les commissions, alors qu’il n’y en avait pas avant. Il y a un travail sur les nations du Tiers 2 (les équipes au-delà du 12e rang mondial). Par exemple, on va jouer un match contre l’Uruguay, qui est très heureuse de cette perspective. Pour augmenter ce poids à l’international, on multiplie les travaux en lien avec la Ligue Nationale de Rugby.
3. La Fédération à missions : assumer le rôle social, sociétal et éducatif du rugby, en plus du sportif. Dans le sociétal, trouver des nouvelles ressources pour les clubs, le rugby santé, l’action dans les quartiers, les zones rurales ou encore les jobs dating. Des actions sur lesquelles on peut trouver de l’argent public ou du mécénat. Le meilleur exemple est le million d’euros investis par Total, qui va dans les quartiers et les zones rurales.
4. Relancer le nombre de licenciés pour combler ce différentiel affreux.
Questionné sur le déficit d’exploitation de 40 millions d’euros, il se dit confiant. Extrait:
C’est l’autre projet : le rétablissement financier de la Fédération. On part d’une situation pas bonne mais je suis confiant en notre capacité à redresser la barre. On enregistre déjà plein d’améliorations concrètes. Tous les salariés de la Fédération sont sensibilisés à la problématique et sont au diapason.
Il explique dans la foulée comment il va s’y prendre pour faire 10 millions d’économies. Extrait:
De manière récurrente, il faut faire 10 millions d’économies. On a déjà commencé à identifier les secteurs où on pouvait en faire. Il faut qu’on aille chercher 5 millions de recette additionnelle autour des partenariats et du mécénat. Là aussi, on a des touches qui nous font penser qu’on va y arriver. Après, on discute avec l’État, France 2023 et la LNR pour la répartition des bénéfices du Mondial. La Fédération ne peut pas être le seul perdant. On a traité d’autres sujets, comme celui des Australiens au mois d’août, qui était une plaisanterie. Je n’ai pas de doutes pour obtenir des résultats.
Je suis patron de PME. Je sais lire les comptes et je sais prendre les décisions pour réduire la voilure sans toucher aux équipes à Marcoussis ni altérer la performance sportive. Le tout en dégageant des moyens pour nos clubs et nos quatre objectifs. Ça s’appelle “gérer”. Je ne suis pas sûr que ça a été géré avant.
On a changé de directeur général. Laurent Gabanini est parti à la fin du mois de décembre. On est très content du recrutement. Le nouveau DG commence sa mission en bénévolat jusqu’au 1er avril avant d’être à plein temps. Il avait trois mois de préavis avec son ancienne entreprise.
Il précise avoir tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises avant d’être nommé président de la Fédération. Extrait:
Je n’ai cessé de tirer la sonnette d’alarme. Ça fait sept ans qu’on dit qu’on va dans le mur. Cette Fédération n’a fait que des déficits d’exploitation. C’était une folie de signer avec CVC. Ils nous ont donné de l’argent à courts termes mais ils prélèvent aujourd’hui 14% des revenus réguliers. Je suis inattaquable là-dessus. Reprenez tous les comptes rendus des comités directeurs, je n’ai eu de cesse de dire qu’on allait dans le mur.
Ça concerne beaucoup le rugby amateur, donc le grand public n’est pas au courant. J’anime toutes les semaines une réunion des présidents de Ligue régionale, et je rencontre les comités départementaux. Eux, ils sont au courant. Je fais quatre jours par semaine sur le terrain. Mes équipes, quasiment pareil. Tout ça est sur le site de la Fédération, hein.
Il y a beaucoup de travail de terrain. Ce n’est pas une communication grand public. Ce sont quand même les clubs les plus intéressés. Ce n’est pas les supporters que je vise mais les présidents de clubs.