A l’été 2011, David Skrela a quitté le Stade-Toulousain afin de rejoindre Clermont.
Lors d’un entretien accordé à Midi Olympique, ce-dernier a expliqué sa décision de rejoindre l’ASM. Extrait:
Le club m’avait contacté en janvier, peut-être qu’ils savaient que la situation ne se passait pas très bien à Toulouse (rires), je suis allé visiter l’ASM par respect pour eux, mais je ne me voyais pas quitter le Stade. Quand j’y suis allé pour la première fois, la ville et la région m’ont plu, je savais qu’il y avait un engouement extraordinaire autour du club. Il ne faut pas oublier que Clermont tournait fort à l’époque, ils avaient été champions de France en 2010, avec des phases finales tous les ans. Et finalement, en discutant avec Vern Cotter et Franck Azéma, le feeling est bien passé et j’ai signé, tout simplement.
Il dévoile la grande différence entre Toulouse et Clermont. Extrait:
Quand j’étais à Toulouse il n’y avait quasiment pas de projet de jeu, mais des principes innés, à savoir le jeu de mouvement, mettre du désordre, jouer debout… Les joueurs étaient très libres sur le terrain, tout le monde connaissait les placements des autres. À Clermont, l’approche était très cadrée avec jusqu’à quatre phases de jeu prédéfinies. Je me suis adapté à cette nouvelle méthode en sachant qu’il y avait déjà Brock James, le numéro 10 attitré de l’ASM et qui connaissait le fonctionnement par cœur. C’était presque une remise à zéro finalement.
Quand j’arrivais au stade pour l’avant-match, à Clermont, chaque joueur avait sa petite fiche avec l’heure du briefing, de l’échauffement etc. Je n’avais jamais vu cela ! À Toulouse, on était habillé comme on voulait, avec l’équipementier bien sûr, mais à l’ASM il fallait que chacun ait la même tenue, le même polo… ça dit quelque chose du club quand même, le côté Michelin déteint sur l’ASM, et c’est la force de ce club avec des bases solides. Comme je le disais, Toulouse est davantage porté sur des principes généraux plus que sur un système cadré et établi, du moins à l’époque de Vern Cotter.
À Toulouse, on aurait parfois eu besoin de cadre sur certains matchs, alors qu’à Clermont il a peut-être manqué un peu de folie et des joueurs qui sortent du moule. En 2007, l’ASM doit gagner cinquante fois la finale face au Stade français. On est mené 12-0, on se demande comment on va revenir, on se fait transpercer de partout, et je pense qu’il leur manquait un joueur pour tuer le match cette année-là.
Il s’est finalement très bien intégré à l’ASM, lui qui était en concurrence avec un certain Brock James. Extrait:
J’ai été très bien intégré, Brock est un super mec, une concurrence saine s’est vite mise en place. J’ai beaucoup joué au début et puis j’ai eu des blessures qui m’ont empêché d’enchaîner, et Brock faisait de très gros matchs donc c’était logique qu’il soit titulaire. Je me souviens d’un quart de finale de Coupe d’Europe en 2012 où je sors en début de match contre les Saracens, il rentre et il fait une grosse partie. J’ai joué d’un peu de malchance on va dire.
Il a également apprécié Vern Cotter. Extrait:
J’appréciais beaucoup sa franchise. J’avais une année en option dans mon contrat et il m’a dit très tôt dans la saison que le club n’allait pas activer cette saison supplémentaire. Par rapport à Toulouse, c’était franc et clair. Mais je trouvais que notre jeu était un peu trop cadenassé (rires). Vern était très convaincu par son approche “systémique” du jeu à Clermont, cela m’a un peu perturbé, mais j’ai passé deux années magnifiques à l’ASM, avec notamment une finale de Coupe d’Europe en 2013.
David Skrela ne cache pas penser encore parfois à son drop contré par Mathieu Bastareaud en finale de la Coupe d’Europe, en 2013. Extrait:
Ah, cette finale à Dublin (il sourit)… Dans une carrière, il y a toujours des matchs marquants, notamment quand ce sont des défaites. Toulon va chercher cette finale mais franchement on doit la prendre ! À l’instar de Toulouse en 2010, Clermont avait une génération exceptionnelle et était vraiment au sommet. En fin de match, je pense au drop depuis plusieurs séquences où on est dans les vingt-deux mètres du RCT. Je le tente, il part bien, mais Mathieu Bastareaud le contre. Est-ce que j’aurais dû me mettre ailleurs, attendre un temps de jeu supplémentaire ? J’aurais aimé le passer parce que ce club méritait d’avoir ce titre-là. Ils sont revenus en finale après mais ils étaient un peu plus dominés.
Il affirme avoir énormément grandi grâce à Toulouse et Clermont. Extrait:
Ces deux clubs m’ont fait grandir à vitesse grand V, comme le Stade français d’ailleurs. Quand on rencontre des joueurs comme Juan Martin Hernandez, Thierry Dusautoir, Aurélien Rougerie, c’est très inspirant. Sans parler des entraîneurs. J’ai eu la chance de toujours avoir des coéquipiers au-dessus du lot durant ma carrière,
Il révèle ce qu’il aurait aimé changer lors de ces deux passages à Toulouse et Clermont. Extrait:
À Toulouse, nos déplacements à l’extérieur en Coupe d’Europe. Aller à Glasgow ou Cardiff en plein mois de novembre, avec du brouillard toute la journée, dans la boue, c’est exceptionnel pour la cohésion. C’est dans ces moments-là qu’on se paye les phases finales au printemps. À Clermont, reculer un peu plus et marquer le drop en finale contre Toulon en 2013 (rires).
Pour conclure, il affirme miser sur une victoire de Clermont à domicile contre Toulouse, dimanche soir. Extrait:
Même sans ses internationaux, Toulouse reste Toulouse… Mais au Michelin, qui sera plein à craquer en plus, je vois une victoire serrée de Clermont. Le match sera très dur !