L’ancien sélectionneur du XV de France, Guy Novès s’est longuement confié via Le Parisien pour évoquer la période délicate traversée par le XV de France.
Ce-dernier l’affirme : faire match nul ou perdre contre l’Italie, c’est pareil à ses yeux.
Il se veut critique. Extrait:
Déjà, j’ai une appréciation globale, je ne me réfère pas qu’à ce match. Le match en Écosse n’était pas particulièrement abouti, et ne parlons pas du premier contre l’Irlande. Faire nul ou perdre, c’est presque la même chose contre les Italiens, à part comptablement. Là, l’équipe de France domine la première mi-temps de la tête et des épaules. Il aurait dû y avoir un écart qui aurait gonflé ces joueurs. On a eu l’impression qu’on voulait marquer très rapidement, mais on a mis la charrue avant les bœufs. C’est un match qui a été pris par le bon bout, mais comme on n’a pas réussi à marquer les points, ça ne nous a pas permis de jouer les mains en haut du guidon.
Selon lui, les absences d’Antoine Dupont et de Romain Ntamack impactent énormément les Bleus. Extrait:
Quand on parle d’Antoine Dupont, on parle beaucoup de ses exploits, d’un joueur hors normes capable de renverser des situations. Certains matchs se jouent à très peu parfois, comme on a pu le voir avec l’essai de Louis Bielle-Biarrey qui fait gagner cette équipe en Ecosse. L’absence d’Antoine, mais aussi de Romain Ntamack, fait partie des explications. De l’extérieur, on a l’impression que les joueurs alignés pensaient retrouver du positif et de l’énergie grâce à ce match contre l’Italie. Mais la confiance les fuit.
Fabien Galthié doit-il changer son équipe pour le match contre le Pays-de-Galles ? Guy Novès préfère temporiser. Extrait:
Des joueurs vont être changés par la force des choses, entre la blessure de l’ouvreur (Jalibert) et l’expulsion d’un des centres (Danty). Ça fait déjà deux changements, et même trois avec le retour probable de Louis Bielle-Biarrey, parmi les arrières. On ne va pas tous les changer alors qu’ils ont longtemps donné satisfaction. Ce qu’il faut, c’est mettre une bâche sur l’équipe de France, la protéger. De mon expérience de manager, c’est le genre de période où il faut prendre les coups à la place des joueurs. Là, le prochain match est contre les Gallois qui ont tout perdu depuis le début du Tournoi, ça n’est pas le pays de Galles de Gareth Edwards que j’ai connu joueur. Le staff doit donner le tempo pour que la France gagne, c’est tout ce qu’il faut assurer sur ce match.
Dans la foulée, il explique pourquoi l’Irlande a mieux rebondi que la France après le Mondial. Il regrette de ne pas avoir eu cette tolérance lors de son mandat. Extrait:
On n’est pas plus fatigués qu’eux, puisqu’on a été sortis au même stade, mais les Irlandais ont su se remettre en question, se régénérer. Sexton a pris sa retraite, mais on a l’impression qu’il est encore sur le terrain tant leur jeu n’en semble pas affecté. Mais ça, c’est au staff d’impulser ça. On a bercé d’illusions l’ensemble du rugby français par le discours ambiant entretenu par les joueurs, le staff et les médias. On avait l’impression qu’on était champions du monde avant d’avoir joué et qu’on nous a sorti le bonbon de la bouche alors qu’on était en train de le goûter. Lors de mon mandat, je n’avais pas cette tolérance qui existe aujourd’hui en équipe de France.
Aussi, il comprend totalement le discours tenu par Fabien Galthié, lequel ne souhaite pas pointer du doigt ses joueurs.
Et pour cause, il estime que si ses joueurs venaient à le lâcher, alors Fabien Galthié ne pourrait pas rester à son poste. Extrait:
Je trouve normal qu’il essaie de maintenir cette unité qu’il a réussi à créer pendant X années. Il aurait tort de mettre la faute sur les joueurs, parce que sinon il n’existerait plus. S’ils le lâchent, c’est fini. Donc, il a intérêt à les protéger. Maintenant, faut-il croire tout ce qu’il dit dans ses réactions ? On croit ce qu’on veut à la limite, mais je comprends son attitude. Maintenant, prendre quelques gamelles, ça remet un peu les pieds sur terre, mais ça fragilise l’ensemble du staff.