Le deuxième ligne international Néo-Zélandais Sam Whitelock s’est confié via L’équipe.
Ce-dernier a décidé de quitter son pays dès la fin de la Coupe du monde afin de rejoindre la Section Paloise en Top 14.
Le manager de Pau, Sébastien Piqueronies a raconté une anecdote pour expliquer à quel point son joueur était professionnel. Extrait:
« Après ses premiers matches, il a appelé un de ses anciens coaches chez les Blacks. Il a débriefé avec lui puis il est venu nous voir, nous demandant si ça nous intéressait d’en discuter. Voilà, ça résume Sam. »
Sam Whitelock a expliqué sa décision de rejoindre Pau.
Il l’affirme : son frère Luke a tout fait pour le faire venir à Pau à ses côtés. Extrait:
« Si on est à Pau aujourd’hui, tout le mérite en revient à Luke (Whitelock, son frère, capitaine de la Section). Il a été la tête de pont. Il a vraiment fait le boulot pour nous attirer. Depuis qu’il est ici (2019), chaque fois qu’on se voyait, il me demandait quand j’allais le rejoindre. Chaque fois, il plantait une petite graine différente dans ma tête, une graine rugby, une graine pour la région, une pour la cuisine, etc. Et quand on s’est décidés, je l’ai juste appelé pour lui demander une bonne fois pour toutes si on allait être heureux. C’est une décision familiale.
Après trois mois ici, je ne suis pas surpris parce que Luke et mon frère aîné Adam, qui a joué à Bayonne (2014-2017), m’avaient raconté beaucoup de choses et ne m’avaient pas menti. La famille a un lien fort avec la région. Pendant la Coupe du monde, mes parents sont venus aussi. Nous sommes des ruraux, donc la ville, sa taille et son environnement étaient importants. Il y a tout pour être bien avec la campagne autour, les Pyrénées où les enfants apprennent le ski et font de la luge, la mer à une heure de voiture… »
Sam Whitelock explique cependant que l’adaptation est compliquée, notamment au niveau de la langue. Extrait:
« Apprendre une nouvelle langue, ça faisait partie du challenge qu’on s’est lancé. Il y a des jours où je suis tout heureux parce que je crois avoir compris et le lendemain, rien, c’est terrible ! Compliqué, le français. Je sens aussi que mon accent néo-zélandais n’est pas simple à comprendre pour les Français. Mais le club, l’équipe et la ville nous aident beaucoup. Ma femme et moi prenons des cours, nos deux aînées vont à l’école internationale et je n’ai plus qu’à les écouter pour progresser.
Elles montent les marches de l’escalier en comptant en français, me demandent comment on dit des mots comme “cheval”, “chien”, etc. Tout est un jeu. La présence de Luke me facilite aussi beaucoup les choses. Il a beau me dire que son français n’est pas bon, je l’entends discuter avec les arbitres, les entraîneurs, avec l’équipe et les supporters. »
Dans la foulée, Sam Whitelock explique qu’il aurait très bien pu terminer sa carrière en Nouvelle-Zélande, mais il avait réellement envie de découvrir un nouvel environnement avant de raccrocher les crampons. Extrait:
« Oui, j’aurais pu rester en Nouvelle-Zélande, où j’avais encore des défis à relever. Je n’avais pas l’intention de dire stop, même à 35 ans. J’ai passé tant d’années avec les Crusaders (2010-2023), avec les All Blacks (il a pris sa retraite internationale à l’issue de la dernière Coupe du monde), que j’avais besoin d’autre chose. Je voulais un environnement nouveau, voir les choses différemment. Dès qu’on change de décor, tout change, les méthodes, les hommes, etc. Et il faut s’adapter, trouver le meilleur parti de cette nouvelle histoire. Je suis très curieux de ça, d’autres méthodes, d’autres façons de faire, d’en discuter avec l’idée de faire avancer le club et l’équipe. J’aime beaucoup ça, apporter des idées, suggérer.
La chose la plus importante pour moi ici, c’est d’aider les jeunes joueurs. Pour ça, il va falloir que je progresse en français pour pouvoir leur transmettre quelques petits trucs qui m’ont aidé en cours de route. Mais parfois, le meilleur moyen d’aider ou de montrer l’exemple, ce n’est pas de parler, c’est de faire. C’est un positionnement, une répétition de gestes précis… À eux de s’en servir ou pas. Et c’est à double sens, car l’énergie des jeunes joueurs est contagieuse. Je la reçois, je m’en nourris. Chacun est un leader à sa façon. Hugo (Auradou) n’a que 20 ans mais il en est un par ses actions, par son comportement sur le terrain. Il y a tellement de choses que l’on peut transmettre sans avoir à dire un mot. »
Pour conclure, Sam Whitelock parle des ambitions de la Section Paloise. Extrait:
« Si je suis là, c’est aussi parce que la Section progresse au fil des années, a des ambitions et la volonté de passer des paliers avec beaucoup de jeunes joueurs très talentueux. Je voulais ça. Quand je suis arrivé, le club était sur le podium et on n’a plus gagné un match (Whitelock a commencé par une défaite 13-34 à Oyonnax, lors de la 11e journée, et a connu sa première victoire à Bordeaux, 20-10, à la 15e journée) ! Dan Robson n’arrêtait pas de me chambrer en disant que tout était de ma faute, que plus rien n’allait depuis ma venue. Il voulait me taper ! En même temps, j’ai vite compris que le Top 14 est très disputé : deux victoires et tu grimpes de cinq places, deux défaites et tu dégringoles ! Dans le jeu en lui-même, je n’ai pas eu de difficulté d’adaptation. Après, il y a des choses qui diffèrent de la Nouvelle-Zélande.
Déjà, dans l’effectif palois, il doit y avoir 11 nationalités différentes. C’est une richesse incroyable. Et il y a une chose qui me frappe depuis que je suis ici, c’est la façon différente de voir les matches à domicile et ceux à l’extérieur, quand pour moi ça n’a jamais fait de différence, c’est toujours un match à gagner. Je l’entends dans tous les discours, chez les supporters, l’environnement du club, l’équipe. Je l’ai d’autant plus ressenti ces derniers jours que c’est Bayonne le prochain adversaire au Hameau. On ressent l’excitation, qu’il ne s’agit pas d’un match comme un autre. C’est le Big Derby ! J’ai hâte de vivre ça. »