Lors d’un long entretien accordé à Midi Olympique, l’entraîneur des arrières de Montpellier, Vincent Etcheto s’est confié sur le renouveau du MHR.
Le technicien Français a expliqué comment le nouveau staff a fait évoluer le jeu Montpelliérain. Extrait:
Il y a eu pas mal d’évolution en effet. La première a été la reprise en main du groupe. Il y a eu une prise de conscience sur la qualité de l’effectif, il fallait une prise de conscience collective. On a essayé de redonner une conquête forte à cette équipe, une chose qui était sa marque de fabrique. Pour cela, on a fait une revue d’effectif.
Ensuite, on a essayé d’ajouter des principes simples de contre-attaque, de turnover et d’alternance dans le jeu qu’ils n’avaient pas ou qu’ils avaient oublié. Pour moi, cela manquait un peu d’alternance. Attention, je ne conteste pas le projet de jeu, car il a souvent marché. Un projet de jeu basé sur la dépossession, où l’on cherche à rentrer dans les 22 mètres par beaucoup de jeu au pied accompagné de “chasses” pour mettre les équipes sous pression. C’était une volonté, mais cela ne fonctionnait plus au niveau des résultats.
C’était donc l’occasion d’essayer autre chose, et de tester un nouveau mode opératoire en essayant de tenir davantage le ballon. Certains joueurs étaient aussi convaincus par l’ancien système, donc il a fallu un peu de pédagogie également. L’idée n’était pas de tout détruire, mais d’ajouter des armes à notre jeu et de prendre du plaisir sur le terrain pour atteindre notre priorité : regagner des matchs.
Il remet en cause la dépossession. Extrait:
La dépossession est un système à la mode qui a fait ses preuves, puisque l’équipe a été championne de France grâce à ce système. C’est une façon de jouer au rugby. Mais au bout d’un moment, les joueurs ont réalisé qu’ils ne gagnaient plus en jouant comme ça. Donc notre arrivée était l’occasion de faire évoluer les choses. Quand Bernard (Laporte) et Patrice (Collazo) m’ont confié ce rôle de responsable de l’attaque, j’ai eu envie de mettre en place des principes et des convictions que j’ai depuis quelques années.
Il l’affirme : les joueurs prennent davantage de plaisir à l’entraînement. Extrait:
A l’entraînement, les joueurs ne te disent jamais que c’est super, que c’est fantastique. Mais on sent qu’ils prennent du plaisir dans les entraînements à tenter des choses. Le fait de tenir le ballon permet de jouer des duels, de se faire des passes, de jouer devant ou dans la défense, mettre de l’alternance…
D’ailleurs on doit encore en mettre davantage et rejouer un peu au pied car j’ai été extrémiste en disant qu’on ne tapait plus jamais au pied ! Là encore, il faut trouver un équilibre. Même les équipes très joueuses utilisent le pied : long, court, pression, etc. Là encore il faut varier. Mais toutes les équipes que j’ai entraînées aiment tenir la ballon, le porter, jouer… et même ici à Montpellier où l’on aime particulièrement défendre parce qu’on a un groupe très généreux. J’ai l’impression que les joueurs s’épanouissent de plus en plus et cernent de mieux en mieux ce vers quoi on veut les amener.
Il demande cependant à son équipe de marquer davantage d’essais encore. Extrait:
On marque des essais, mais pas assez d’après moi. Parce qu’on se crée des occasions, on franchit… les chiffres de possession ont augmenté également. Depuis trois mois, on est facilement au-dessus des 50 % de possession. Les temps de jeu effectif augmentent aussi, on a eu des rencontres à 40 minutes de temps de jeu effectif, ce qui est conséquent. Mais cela ne veut pas tout dire : on a gagné au Racing sans la possession, en étant très efficaces. Idem à Oyonnax, où nous ne sommes rentrés que cinq fois dans leurs 22 mètres pour cinq essais marqués.
Le positif, c’est vrai, c’est qu’on marque des essais. Cinq au Racing, trois contre Bayonne, cinq à Oyonnax… Ce qui me plaît, en revanche, c’est que le premier essai contre le Racing a été marqué après 23 séquences de jeu. C’est un bon signe. Cela veut dire qu’on est patients, en place, que nos systèmes sont huilés. Après, on est aussi capables de marquer avec de la réussite, à l’image de Gabriel Ngandebe sur ce même match du Racing.
Dans la foulée, Vincent Etcheto explique que Montpellier a des problèmes de riches au poste de centre. Extrait:
Ce sont des problèmes de riches, oui ! Lundi et mardi, j’ai passé mon temps à discuter avec les joueurs car certains enchaînent les matchs et d’autres moins. Quand tu perds sans jouer, tu râles en disant que tu ferais mieux. Mais c’est aussi dur quand l’équipe gagne sans toi. Tu vois un vestiaire heureux, mais toi tu n’es pas dans le truc. En tout cas, les joueurs savent qu’ils ont tous eu du temps de jeu. En trois mois, on a testé tout le monde.
Mais c’est qu’au centre, on a l’embarras du choix entre Arthur Vincent, Thomas Darmon, la révélation Auguste Cadot qui arrive de Pro D2, Jan Serfontein et Geoffrey Doumayrou les anciens qui ont enchaîné avec moi parce que je m’appuie beaucoup sur eux, il y a du monde au centre. Arthur Vincent, par exemple, est de temps en temps remplaçant. Il comprend qu’il n’est pas encore à 100 %, même s’il est en train de revenir très fort. Et encore ; je ne parle pas du triangle arrière, qu’on a quasiment changé toutes les semaines…
Moi je ne vais pas me plaindre, j’ai toujours entraîné des équipes un peu courtes en effectif. Il faut juste leur faire comprendre que personne n’est exclu, et que l’on cherche cette fameuse émulation. On travaille pour ça, et cela se ressent aux entraînements. Ils jouent bien entre eux, mais je pense que l’on a encore une énorme marge de progression.
Il espère que le MHR va confirmer contre l’UBB, ce samedi. Extrait:
C’est un match particulier parce qu’on doit vraiment confirmer ce qu’on a fait ces dernières semaines. Ce serait vraiment un coup d’arrêt de ne pas être dans cette continuité. On a pas fait le plus dur, mais on a franchi une belle marche en se sortant de cette dernière place. C’est dur de rester dernier malgré des bons résultats. C’est très frustrant.
Là, on a sorti un peu la tête de l’eau en faisant cet exploit au Racing même s’il n’est pas au top de sa forme ou en gagnant à Oyonnax où ce n’est jamais facile de gagner. Il faut donc valider ce qu’on a fait. Donc je ne dis pas que Bordeaux arrive au bon moment parce qu’on peut prendre un coup sur la tête, mais ils seront amputés de plusieurs joueurs et ce peut être une opportunité.