Loin d’être un long fleuve tranquille pour les Bleus, cette édition 2024 du Tournoi des VI Nations aura vu beaucoup de joueurs du XV de France connaître des fortunes diverses. Entre la préparation de l’Irlande et la déculottée qui a suivi et l’ultime succès sur l’Angleterre, de Ramos à Woki, en passant par Le Garrec et les jeunes nouveaux, les trajectoires ont été bien différentes. RMC Sport fait le bilan.
Les gagnants
Thomas Ramos
Celui qui était à la recherche de reconnaissance après le Mondial 2019 au Japon, est aujourd’hui devenu incontournable. En dix ou à l’arrière, son vrai poste, son nom sera maintenant couché en premier sur la feuille de match par le sélectionneur. Car s’il peut parfois faire quelques mauvais choix, comme en première période contre l’Angleterre, Ramos se rattrape toujours pour faire basculer les matchs. C’est un gagneur, assoiffé de victoire et de titre. Il est devenu en équipe de France ce qu’il est à Toulouse : un patron. Et pour la 2e année consécutive, il finit meilleur réalisateur du Tournoi (84 points l’an passé, 63 points cette année, devant Russell, 55).
François Cros
Derrière Jelonch durant la Coupe du monde, le Toulousain a quelque part profité de la blessure de son malheureux compère de club pour se réinstaller à l’aile de la 3e ligne. Et il n’a jamais déçu. François Cros n’est pas l’homme dont on parle le plus chez les Bleus, mais c’est le plus efficace. Sur les rucks, dans les soutiens avec et sans ballons, en défense, il s’est encore démultiplié. Aurait tout autant mérité le titre d’homme du match face à l’Angleterre que son collègue Léo Barré.
Nolann Le Garrec
C’est sans conteste la sensation du Tournoi. Le demi de mêlée Nolann Le Garrec a d’abord fait des entrées convaincantes contre l’Irlande, l’Ecosse et l’Italie avant de mettre tout le monde d’accord au Pays de Galles et à Lyon contre l’Angleterre en tant que titulaire. Il accélère les sorties de rucks, il est précis et apporte toute sa fraîcheur pour dynamiser le jeu tricolore.
Emmanuel Meafou
Le deuxième ligne était très attendu et il a impressionné par son gabarit (2,03m, 145kg). Il a été très sollicité pour casser la ligne adverse, mais aussi user la défense adverse sur chaque intervention. Il a apporté sa puissance en mêlée, derrière Uini Atonio, et ça s’est vu sur cette fin de Tournoi. L’homme providentiel sur lequel le staff comptait depuis des mois.
Léo Barré
L’arrière a profité du repositionnement de Thomas Ramos à l’ouverture pour prendre le numéro 15, après une première cape bonne mais hésitante, il a été plus relâché contre l’Angleterre. Premier essai en bleu, des interventions tranchantes (dont la passe décisive sur l’essai de Le Garrec), on sent un gros potentiel chez lui. Et sa polyvalence ne gâche rien en cas de retour de Ramos à l’arrière, pour rester dans ce groupe.
George-Henri Colombe
Le pilier rochelais a marqué des points en doublure de Uini Atonio. Grosses rentrées au pays de Galles et contre l’Angleterre. Il apporte sa puissance en fin de match.
Nicolas Depoortere
Le Bordelais a fait le boulot aux côtés de Gaël Fickou. Il s’est souvent proposé en attaque mais encore un peu fragile en défense. Il a été moins en vue que les autres néophytes tricolores. Mais il apporte un autre profil, passeur, au centre.
Posolo Tuilagi
Il est venu et il a vu. Et même impressionné le staff lors de ses premières séances d’entraînement, avec ses charges qu’il a reproduit en match. Propulsé dans le groupe face à l’Irlande après la blessure de Romain Taofifenua, Tuilagi a ensuite convaincu en Ecosse et vécu sa première titularisation contre l’Italie, à 19 ans. Pas le plus mauvais ce jour-là, il a ensuite subi le retour de l’attelage toulousain Flament-Meafou, mais a potentiellement et certainement signé un long bail avec le XV de France, à un âge encore si jeune.
Alexandre Roumat
Discrètement, il s’est fait sa place dans ce groupe. Au bon moment, au bon endroit, il a su saisir sa chance et être efficace lors de ses entrées, en 2e ou en 3e ligne. Bon dans les airs et dans le jeu, il est récompensé de ses progrès des derniers mois avec Toulouse et de son immense saison passée.
Les perdants
Cameron Woki
Le 2e ligne du Racing 92 est non seulement sorti de l’équipe, mais carrément sorti du groupe après le match nul face à l’Italie. Peu à l’aise dans le jeu de mouvement, celui qui était le meilleur preneur de balle en touche du XV de France à la Coupe du monde est apparu sans jus et a souffert de la comparaison quand Thibaud Flament est revenu. Si Jalibert est sorti sur blessure et Danty sur suspension, Woki est le cadre qui a vécu le plus fort déclassement.
Peato Mauvaka
Il a rendu sa place de titulaire à Julien Marchand. Il avait impressionné pendant dans la peau de talonneur numéro 1 des Bleus pendant la Coupe du monde – rôle échu après la blessure à la cuisse de Julien Marchand au match d’ouverture contre la Nouvelle Zélande. Au point que Fabien Galthié l’a reconduit titulaire sur les trois premières rencontres du Tournoi. Mais les prestations inquiétantes du XV de France ont eu raison de la nouvelle hiérarchie. Le profil de Julien Marchand, très précieux dans les rucks notamment, lui a permis de se réinstaller en patron du talon.
Maxime Lucu
Véritable numéro deux derrière Antoine Dupont depuis des mois, notamment à la Coupe du monde après la blessure de ce dernier, Maxime Lucu a été dans le dur dans la première partie du Tournoi. Derrière un pack chahuté et une équipe pas bien dans ses crampons à sa décharge il faut le souligner, le demi de mêlée de l’UBB a été critiqué sur ses choix et sa rapidité d’exécution. Passé derrière Le Garrec, il a retrouvé du peps et marqué son premier essai en bleu à Cardiff. Mais il semble aujourd’hui devenu numéro 3. Un danger quand on pense à la meute derrière (Jauneau, Graou, Coly, voire Serin).
Matthieu Jalibert
L’éternel contesté. Depuis la blessure de Romain Ntamack, la place lui est réservée mais il ne semble pas pouvoir s’installer durablement sur le fauteuil. Bien que pris comme le reste de l’équipe contre l’Irlande et contre l’Italie notamment, il a raté ses deux premiers matchs et s’est blessé lors du 3e. Quelques fautes de main, une défense pointée du doigt, avec le retour programmé de Ntamack, Jalibert va une nouvelle fois devoir repartir de l’avant pour prouver.
Paul Willemse
Le 2e ligne de Montpellier avait une chance en or en début de compétition. Avec les forfaits de Flament et Meafou, il se voyait offrir une place de titulaire, situation quasi inespérée à la sortie de la Coupe du monde, pour laquelle il avait déclaré forfait. Malheureusement pour lui, un premier carton jaune puis un rouge direct auront peut-être sonné le glas de ces espoirs internationaux. Les prestations de Tuilagi et Meafou et les bonnes entrées de Romain Taofifenua le relèguent plus loin dans la hiérarchie.
Jonathan Danty
Le centre rochelais était, depuis la Coupe du monde et tout comme son compère, assez critiqué. Plus dans le dur physiquement, il ne donnait pas entière satisfaction dans son style frontal. Après deux matchs décevants contre l’Italie et en Ecosse, son expulsion face à l’Italie a finalement facilité la tâche du sélectionneur. Suspendu cinq semaines, il va en profiter pour se régénérer. Quel sera son avenir à ce niveau à 31 ans? Seul le sélectionneur le sait.
Via RMC Sport