La FFR a annoncé ce mardi que l’arbitre international Mathieu Raynal (43 ans) va raccrocher les crampons en fin de saison. “Une décision mûrement réfléchie” pour celui qui a officié lors de trois Coupes du monde.
L’un des monuments de l’arbitrage français tire sa révérence. Ce mardi, la Fédération Française de rugby a annoncé que Mathieu Raynal disputait la dernière saison de sa carrière, remplie de quelque 350 matchs au plus haut niveau. L’arbitre tricolore aura officié sur trois Coupes du monde (2015, 2019, 2023), deux tournées des Lions britanniques dont la finale Afrique du Sud–Lions en 2021, onze Tournois des VI Nations, huit Rugby Championship, 50 tests matchs internationaux et deux finales de Top 14 ( 2016 et 2021).
« J’ai 43 ans et tout ce que je souhaitais faire dans l’arbitrage, je l’ai fait. Trois Coupes du monde, une tournée des Lions Britanniques, le Tournoi des Six Nations, le Rugby Championship … Si je continue, ce ne serait refaire que ce que j’ai déjà fait. J’ai toujours souhaité soigner mon départ en partant avant qu’on me pousse vers la sortie et avant de décliner. Je pense que j’ai gagné la confiance et le respect des joueurs et je ne veux pas abîmer cela en faisant la ou les années de trop. Je pense que c’est le bon moment pour moi d’arrêter, même si c’est une décision difficile parce que j’aime profondément ce que je fais mais il faut savoir laisser la place aux autres et partir au bon moment. »
« J’y réfléchis depuis un certain moment mais être arbitre au très haut niveau, défendre ta position, c’est vraiment usant. Il faut toujours travailler dur physiquement, faire beaucoup de sacrifices … À partir du moment où tu sens que tu es moins enclin à faire ces sacrifices, par respect pour les joueurs, je pense qu’il faut te poser la question de savoir si tu dois rester ou partir. J’ai aussi envie de mettre de l’énergie ailleurs, de profiter de ma famille et d’autres choses. Ce n’est pas évident, mais je commence à prendre de l’âge. Ça fait très longtemps que j’arbitre en division professionnelle et c’est légitime à un moment de se poser la question.
J’ai aimé profondément chaque instant ! La plus grande richesse que je garderai, ce sont les rencontres avec les gens, les joueurs et les staffs, dans tous les pays du monde, au plus haut niveau mondial. C’est une vraie richesse pour moi plus que les évènements en eux-mêmes. Je n’ai jamais considéré que c’était un travail. Je l’ai toujours fait avec beaucoup d’amour et de passion. J’aime profondément mon métier. Il me restera tout, y compris les moments plus compliqués. Ce sont ceux qui m’ont permis aussi d’apprécier avec plus d’intensité les bons moments. Une carrière n’est jamais linéaire, mais en tout cas, je ne changerai pas une virgule à tout ce que j’ai pu vivre.»
Membre du panel World Rugby depuis 2012, élu à trois reprises meilleur arbitre du Top 14 (2013, 2022, 2023), Mathieu Raynal avait dirigé le quart de finale entre l’Angleterre et les Fidji lors du dernier Mondial en France. Considéré comme le dernier représentant d’une génération dorée de l’arbitrage français avec Jérôme Garcès, Pascal Gaüzère et Romain Poite – tous partis à la retraite – le Catalan mettra fin à sa carrière lors de la tournée estivale en juillet, non sans émotions et souvenirs.
“La plus grande richesse que je garderai, ce sont les rencontres avec les gens, les joueurs et les staffs, dans tous les pays du monde, au plus haut niveau mondial. C’est une vraie richesse pour moi plus que les évènements en eux-mêmes. Je n’ai jamais considéré que c’était un travail. Je l’ai toujours fait avec beaucoup d’amour et de passion. J’aime profondément mon métier. Il me restera tout, y compris les moments plus compliqués. Ce sont ceux qui m’ont permis aussi d’apprécier avec plus d’intensité les bons moments. Une carrière n’est jamais linéaire, mais en tout cas, je ne changerai pas une virgule à tout ce que j’ai pu vivre.”
Dans la foulée, il dévoile ses trois plus grands souvenirs.
Le premier restera la finale de Top 14 dirigée à Barcelone entre Toulon et le Racing 92. Extrait:
“Je vais en donner trois. D’abord la finale à Barcelone parce que c’est chez moi, que je suis Catalan, c’est un stade dans lequel mon père m’a amené quand j’étais gosse. Un jour, on voulait prendre une photo à la fin de la rencontre et on s’était fait mettre dehors du stade parce qu’on avait voulu rentrer sur la pelouse mais pour ce match, j’ai pu y retourner et y rester pendant 80 minutes (rires). Ensuite, je dirai la finale des Lions britanniques contre l’Afrique du Sud parce que pour moi, c’est le match le plus incroyable de la planète avec la finale de la Coupe du monde. Et enfin, Irlande – All Blacks à Chicago parce que c’était une rencontre extraordinaire. C’est la première fois que les Irlandais battaient les Blacks dans leur histoire. Il y avait une grosse communauté irlandaise, ils étaient 40 000 dans un stade de foot américain. Ça restera vraiment un grand souvenir que j’avais partagé avec Luke Pearce et Ben Whitehouse.”
Il conclut :
“Je suis heureux de pouvoir décider de ma sortie, heureux d’être fidèle à ce que j’ai toujours pensé en matière de respect par rapport à ce que les joueurs m’ont donné, ils m’ont accordé beaucoup de confiance et de respect. C’est vraiment une grande richesse pour moi et je ne veux pas abîmer cette confiance et ce respect accordés tout au long de ma carrière. C’est vraiment quelque chose que j’ai toujours souhaité maîtriser. J’ai l’opportunité de le faire. J’ai longuement discuté avec des amis, avec Patrick Arlettaz aussi, parce qu’on est très proches. En prenant les avis des uns et des autres, oui, je dirais que c’est une décision mûrement réfléchie, que j’ai eu le temps d’accepter, même si ça a été dur au début.”
Via RMC Sport