Un joueur de Béziers (Pro D2) a été contrôlé positif à un produit dopant en début de saison.
En effet, le trois-quarts centre Sud-Africain Branden Holder a été contrôlé positif à la méthylprednisolone en début de saison.
C’est lors de la première journée du championnat de Pro D2 que le joueur a été contrôlé positif.
Depuis, celui-ci ne peut plus s’entraîner ni jouer avec ses coéquipiers en attendant la décision de l’AFLD.
Depuis octobre donc, Branden Holder prend son mal en patience.
Interrogé via L’équipe, le joueur a pris la parole pour se défendre.
Il raconte l’histoire dans laquelle il se retrouve. Extrait:
L’été dernier, avant le premier match de la saison contre Angoulême, j’ai attrapé une grippe qui s’est transformée en sinusite. J’ai eu de l’eau dans mon oreille en nageant. J’ai continué la semaine comme d’habitude en pensant que j’allais me débarrasser de cette petite douleur et du nez bouché. Mais ça n’a pas disparu. Ça m’a gêné à l’entraînement et dans ma vie quotidienne mais j’ai serré les dents vu que j’étais nouveau dans le club et que c’était le premier match. Le jeudi, j’en avais parlé au kiné et il m’avait dit de l’appeler si j’avais encore mal le lendemain. Le vendredi matin, je me suis réveillé avec des maux de tête et mon oreille était encore bouchée. Je l’ai donc rappelé et il a contacté le docteur Saucerotte, un médecin qui travaille avec le club de Béziers depuis trente ans.
J’ai respecté le process. Je suis allé à son cabinet et il m’a fait une ordonnance de Solupred. Il m’a d’ailleurs dit que je n’avais rien à craindre, que je pouvais prendre les médicaments prescrits sans stress, et qu’il ferait tout le nécessaire administratif au cas où je serais testé après le match. Mais le produit était en rupture de stock, comme l’atteste une attestation du pharmacien, et on m’a donné un autre médicament (du Medrol). J’étais dans mon truc le jour du match. J’ai joué mais à la fin, comme d’autres joueurs du match, j’ai été contrôlé. J’étais tranquille vu que j’avais suivi la procédure. Je ne suis pas pharmacien mais j’ai expliqué la situation à la personne qui m’a testé.
Mais le contrôle est détecté positif. Extrait:
Mi-octobre, j’ai reçu un mail de l’AFLD qui disait que je m’étais dopé et que j’avais triché. La procédure a commencé. J’ai contacté le club, mon agent et un avocat. Au début, la durée de la suspension n’était pas claire. Depuis le 18 octobre, je m’en souviens car c’est mon anniversaire, j’ai choisi sur les conseils de mon avocat de me suspendre à titre provisoire en attendant la décision de l’AFLD afin que les délais administratifs soient intégrés dans une potentielle suspension. C’est mon avocat qui m’a conseillé de le faire. Six mois plus tard, on a reçu une première proposition de suspension de 18 mois. Tout ça pour un médicament que j’ai pris après une ordonnance d’un médecin qui travaille avec le club.
Il estime ne pas avoir fauté. Extrait:
Quand on est sportif professionnel, on nous demande d’être vigilant sur ce que l’on met dans notre corps. Mais j’ai fait ce qu’aurait n’importe quel autre joueur. C’est même écrit dans notre contrat. J’ai pris la meilleure décision et j’ai confié ma santé dans les mains d’une personne surqualifiée. Pour moi, c’est dur. Très dur. Depuis que j’ai commencé le rugby vers douze ans, j’y ai consacré toute ma vie avec beaucoup de sacrifices. Rien n’était donné. Et les six derniers mois ont été très longs, les plus difficiles de ma vie. Aujourd’hui, je ne peux rien faire et je dois attendre les décisions de gens qui ne se soucient pas de moi. Les conséquences vont changer complètement mon avenir. Je n’ai pas le droit de m’entraîner avec mes coéquipiers et je reste à la maison.
Il fait le point sur la situation. Extrait:
Je suis encore payé par le club, ça montre qu’ils (les dirigeants) sont derrière moi. Est-ce qu’ils peuvent faire beaucoup d’efforts ? C’est assez compliqué car la situation ne concerne que le joueur. Ils attendent la sanction. Est-ce que je suis énervé ? Oui, bien sûr. J’ai pris le temps de regarder d’autres cas. Tous les documents que l’AFLD a demandés, on les a donnés. Ils ont pensé que j’avais triché et menti mais maintenant qu’on a prouvé que ce n’était pas le cas, ils ne veulent pas passer pour des cons en montrant qu’ils se sont trompés.
L’AFLD se trompe de combat. La situation est insensée alors que d’autres joueurs ailleurs choisissent de prendre des produits interdits comme la cocaïne et sont requalifiés après trois mois. Ce n’est pas juste. Je ne suis pas traité de la même manière. Je ne me suis pas dopé, je n’ai pas cherché à améliorer mes performances. C’était juste un médicament pour soigner mon oreille. J’ai suivi les règles. Et si j’ai peut-être manqué de vigilance, je ne pense pas que ça doive mettre un terme à ma carrière. Ça me touche profondément.
Il confirme qu’en cas de suspension, sa carrière serait terminée. Extrait:
Même avec 18 mois, ma carrière serait finie. Mon nom va être sali et les clubs ne vont pas me prendre. Je ne pourrai pas rebondir. Et ma vie va devenir compliquée. Encore une fois, c’est injuste. »
Le président de Béziers, Jean-Michel Vidal défend clairement son joueur. Extrait:
« Je suis vraiment navré pour le garçon qui est à six pieds sous terre, ce que l’on peut comprendre. Moralement, il n’est vraiment pas bien. Il est même complètement perdu. On aurait pu partir sur un arrêt de travail mais on espérait qu’il puisse s’entraîner, surtout que nous sommes un peu en difficulté à son poste. Ce que je trouve horrible, c’est que ça fait six mois qu’on attend. C’est incompréhensible pour tout le monde malgré nos diverses demandes.
Si sanction il doit y avoir, c’est qu’elle existe. Peut-être que le joueur aurait dû lire la posologie du médicament, je peux tout entendre. Mais arriver au sixième mois sans avoir la moindre sanction, c’est pénalisant pour tout le monde. D’abord pour lui mais pour nous aussi. C’est navrant de nous laisser dans cette incertitude. C’est un truc de fou. C’est très difficile pour lui.
Nous, on sait qu’on a perdu énormément d’argent, ça fait partie des aléas du rugby. On a toujours voulu rester réglo et il est resté salarié. Mais le timing est insupportable. On est prêt à accepter le jugement quel qu’il soit mais pour le moment, il n’y en a pas. Je n’ai rien contre cette instance (l’AFLD) mais elle doit se prononcer. »
Affaire à suivre…