C’est officiel depuis ce vendredi : le Biarritz Olympique a été vendu pour un euro symbolique à trois anciens joueurs.
Et c’est Shaun Hegarty qui sera le futur président du Biarritz Olympique dès l’été prochain.
Il succèdera à Jean-Baptiste Aldigé.
Interrogé via L’équipe, Jean-Baptiste Aldigé s’est confié sur la vente du club.
Il indique être soulagé d’avoir pu vendre le club à des gens compétents. Extrait:
Je suis soulagé du travail bien fait. Il y a six ans, on arrivait avec une relégation administrative de la DNACG et un déficit terrible. On ne savait pas trop où on allait en relevant ce challenge de sauver le club. On s’est attelé à lui offrir un modèle économique réel, ce qui n’a pas pu être fait puisque nous n’avons pas eu notre stade ni le soutien de la mairie de Biarritz pour cela.
Il fallait changer de modèle après avoir vécu sur le mécénat depuis les années 2000. À trois kilomètres de nous, Bayonne a pu le faire et on voit ses résultats. Mais je suis soulagé, le club est entre de bonnes mains avec Shaun (Hegarty). Je sais aussi que ce territoire a compris maintenant comment fonctionne un club dans son modèle économique, ça va faciliter le travail de Shaun.
Il précise que les pistes de reprise évoquées par la mairie de Biarritz étaient totalement bidons. Extrait:
Par politesse, le 1er février, j’ai indiqué à la mairie qu’on souhaitait partir et qu’elle pourrait peut-être rappeler ses fameux repreneurs car elle disait qu’elle en avait beaucoup. Mais les repreneurs de la mairie aujourd’hui valaient à peu près la même chose que les fameux acheteurs d’il y a six mois. On est début avril et il n’y a rien eu de sérieux.
Un soir, j’ai même reçu un appel d’une agence immobilière à Paris qui m’a dit « je suis mandaté par votre mairie, dépêchez-vous de m’envoyer les papiers car j’ai beaucoup de clients qui veulent des appartements à Aguiléra ». On était dans deux mondes complètement parallèles et même perpendiculaires. Dès que j’ai annoncé notre départ, le premier à se manifester de manière simple et candide, c’est Shaun.
Il explique comment les échanges ont débuté avec Shaun Hegarty. Extrait:
Il m’a appelé pour se renseigner et je lui ai répondu « n’y va pas » en lui montrant la photo réelle de la situation. Au bout de deux semaines, il m’a dit « je veux le faire ». Rien ne pouvait me faire plus plaisir que ça soit lui. C’est un ami. C’est la personne idoine.
Il est biarrot, il connaît le rugby et il ne m’a parlé que de rugby. J’ai croisé énormément de personnes qui parlent beaucoup au Pays basque mais qui ne font pas grand-chose. Ce n’est pas son cas. Mais bon courage à lui !
Il affirme n’avoir aucun regret. Extrait:
Je n’ai aucun regret. On a donné tout ce que l’on avait, du temps, des sueurs et de l’argent, environ quinze millions d’euros. Si nous n’avions pas vécu cet incroyable moment de la montée en Top 14 contre Bayonne(en juin 2021, victoire aux tirs au but), le bilan serait mitigé.
Mon papa est parti depuis mais au mois d’août (2020) avant de commencer la saison, je lui avais dit « on va monter, c’est sûr ». C’était inexplicable, on avait ça en nous. On était une équipe de rugby amateur au milieu du monde professionnel. Même ce derby, on ne l’a pas joué devant le nombre réglementaire de spectateurs ! (Rires)
Pour moi, le rugby a été un long voyage à travers la France, l’Angleterre, la Nouvelle-Zélande, Hongkong et Biarritz. J’ai été très fier de venir créer quelque chose au Pays basque, malgré le fait que je n’étais pas d’ici. On nous l’a fait ressentir. On nous a même parfois qualifiés de Hongkongais. Ça me choquait.
Ce qui a été dur, c’est que les gens voulaient revivre le passé glorieux de Biarritz sans se soucier du modèle économique. J’aurais été très excité de jouer la Coupe d’Europe mais on avait atteint le plafond de verre.
Aussi, Jean-Baptiste Aldigé a évoqué la vente avortée à l’investisseur Détré. Extrait:
D’abord, c’était Lille. On est en plein Covid et la mairie nous explique qu’elle ne fera pas le stade contrairement à ce qu’elle avait dit. Moi, je passe au Moscato Show et je dis une saucisse en balançant : « si des villes veulent du rugby, appelez-moi car ils n’en veulent pas à Biarritz ». Le lendemain, mon téléphone sonnait de partout et j’ai rencontré des gens formidables.
À l’époque, il y avait déjà Saint-Sébastien. Puis l’an dernier, la mairie nous a dit de partir. On a été contactés à Grenoble, Nice et Agen. On serait parti si le fameux acheteur de la mairie de Biarritz, Monsieur Détré, n’avait pas fait croire qu’il était ce qu’il n’était pas. Il nous a proposé trois millions d’euros qu’il n’avait pas. On s’est retrouvé bloqué.
Questionné sur son avenir, il affirme avoir vraiment envie d’être un président du Top 14. Extrait:
Je n’en sais rien. Je vais déjà passer beaucoup de temps avec ma famille. J’espère pouvoir reprendre de la fougue et de l’énergie pour un nouveau projet. J’ai longtemps envié mes camarades présidents de Top 14 qui se retrouvent au volant de Lamborghini. J’aimerais bien voir ce que ça fait.
Mais ce qui me fait rêver c’est de la construire, la conduire et gagner comme Laurent Marti à l’UBB et Didier Lacroix à Toulouse. C’est ça qui m’excite plutôt que d’être dans des opérations de pompiers comme à Biarritz en faisant des chèques.