Le président du Stade Rochelais, Vincent Merling s’est confié via L’équipe, ce vendredi.
Actuellement en Afrique du Sud pour assister au huitième de finale de Champions Cup de ses joueurs contre les Stormers, programmé ce samedi après-midi, Vincent Merling a parlé du grand défi qui attend ses joueurs.
Il l’affirme d’entrée de jeu : la défaite contre les Stormers n’est pas envisageable. Extrait:
Ce qui est sûr, c’est que le club attache une importance particulière à la Coupe des champions. Nous sommes tenants du titre, on se doit d’honorer ce statut. Et puis ce match, c’est aussi un déplacement en Afrique du Sud, 27 heures de trajet, ce n’est pas un moment facile à gérer, c’est un grand défi pour nous. Autant le concrétiser par une belle victoire. Ce serait dommage de repartir d’ici avec une défaite. Ce n’est pas envisageable.
Malgré ce voyage très long, il estime que ses joueurs sont prêts à en découdre. Extrait:
La protection des joueurs est quelque chose de très important pour le club, c’est une difficulté supplémentaire. Après être venu ici en décembre, on y revient en phase finale. Mais pour moi, c’est un match comme les autres. Je veux sentir les joueurs prêts. Je sens aujourd’hui que ce n’est pas le Club Med dans le groupe, même dans le cadre idyllique de cet hôtel.
Sur le plan sportif, ça va être une adversaire difficile à battre, dans un contexte qu’on ne connaît pas qui sera certainement, d’après ce que je sais, moins hostile qu’en Europe. Ça ne change rien, il faut que l’on gagne pour aller à nouveau affronter les Leinstermen la semaine prochaine.
Dans la foulée, il tente d’expliquer le début de saison compliqué de son équipe, en Top 14. Extrait:
On a eu jusqu’à quatorze joueurs indisponibles, c’est incroyable. Fort heureusement, ça nous a permis de constater que nous avions de jeunes de grand talent qui pouvaient surmonter les défis de ce niveau. C’est une satisfaction. Même dans des périodes difficiles, on est arrivés à maintenir la compétitivité du club.
À côté de ça, c’est vrai qu’il y a ces doublons, avec une difficulté de jouer sur les deux tableaux (Top 14 et Coupe des champions). Mais on entre dans le money time et si ça gagne, ça sera merveilleux.
Il s’attendait à connaitre des moments difficiles pendant les doublons. Il n’a pas été déçu. Extrait:
J’ai toujours peur des fenêtres internationales. La Coupe du monde est passée, on savait qu’il y aurait des faux doublons, que nos joueurs, s’ils gagnaient (la Coupe du monde), seraient dans l’euphorie. Et qu’ils seraient dévastés s’ils perdaient. Ç’a été très compliqué pour certains, je le sais, on le constate encore. On a eu des blessés, on n’a pas pu faire les rotations voulues.
Ce que je crains à l’avenir, c’est qu’avec la Coupe des nations (tous les deux ans à partir de 2026), on retombe dans des mini Coupes du monde presque tous les ans avec une grosse problématique de gestion des joueurs. Si c’est une grande fierté pour le Stade Rochelais d’avoir des internationaux, je pense que ça reste un handicap pendant les doublons pour être performant en Top 14.
Et là, il y a la Champions Cup. Des clubs la jouent, d’autre pas, ça crée une grande disparité dans le calendrier. Ce sont des problématiques positives, mais qui restent des problématiques de gestion humaine.
Il estime que les présidents des clubs du Top 14 ne seront jamais en communion sur le sujet. Extrait:
Je n’attends pas grand-chose à ce sujet. Il y a une défense des intérêts par certains, une défense des intérêts par d’autres. Il n’y aura jamais de totale communion. Ce que je crains le plus, c’est la problématique financière des fédérations internationales qui vont devoir souhaiter augmenter les fenêtres internationales et avoir des compétitions qui leur permettent de gagner de l’argent. En admettant que ces matches qui n’ont pas une importance sportive particulière soient une réussite financière.
Aussi, Vincent Merling pointe du doigt une forme d’iniquité par rapport aux équipes qui n’ont pas d’internationaux dans leur effectif et qui ne jouent pas les compétitions Européennes. Extrait:
Que les choses soient claires, nous prenons soin des joueurs à 200 %. J’ai une totale confiance en Ronan O’Gara et son équipe pour gérer le groupe. Les retours de blessure vont leur permettre d’avoir une gestion plus facile et de préserver l’intégrité des joueurs en faisant des rotations. Mais s’ils ne peuvent pas faire tourner, à un moment, ça coince.
Sur le plan sportif et si l’on arrive à se qualifier pour la phase finale de Top 14, nous pourrions rencontrer des équipes qui n’ont pas d’internationaux et qui ne jouent pas la Coupe d’Europe. Ça veut dire que, quelque part, il y a une forme d’iniquité, car un groupe reposé pourra faire face à un autre plus sollicité. Je me pose cette question : comment faire pour être compétitifs jusqu’au bout sur les deux tableaux ?
Le président du Stade Rochelais estime que les clubs qui jouent la Champions Cup doivent bénéficier d’une rallonge pour le Salary Cap. Extrait:
Puisqu’on a un salary cap plus important quand on a des internationaux, pourquoi ne pas le faire aussi en fonction des résultats en Coupe d’Europe ? On sait très bien qu’on a besoin d’un “squad” plus important pour être compétitif dans cette compétition. Ça me semblerait juste et logique. On ne demande pas de l’argent, mais la possibilité d’avoir un groupe plus élargi. Jouer les deux compétitions (Top 14 et Coupe des champions) à fond pour défendre le rugby français à l’échelle européenne entraîne des problèmes d’effectif. Autant que l’on puisse avoir deux ou trois joueurs supplémentaires pour répondre à cette contrainte forte.
Ça mériterait en tout cas réflexion. Une chose est certaine, les années vont se ressembler avec les faux doublons, des joueurs trop sollicités… à un moment donné, il faudrait des groupes plus importants, je pense que ce serait bénéfique pour la santé des joueurs.
Pour conclure, il confirme que le Stade Rochelais est au maximum du Salary Cap et n’a plus de marge de manœuvre. Extrait:
On est au top du salary cap, comme beaucoup, et c’est bien. C’est au club d’être plus intelligent que les autres pour pouvoir bien recruter, bien conserver et bien former. Tout va bien de ce point de vue-là. Et comme on disait autrefois, le meilleur recrutement, c’est de conserver ses joueurs. Car les stars venues de partout ne sont pas toujours stars chez nous.