Comme vous le savez, la Ligue Nationale de Rugby demande aux clubs du Top 14 d’aligner 16 JIFF en moyenne tout au long de l’année.
Les clubs qui se retrouveront en-dessous de cette moyenne risquent de grosses sanctions.
Ainsi, un club se trouvant entre 15 et 16 JIFF en moyenne se verra retirer 6 points au classement la saison suivante.
En cas d’une moyenne inférieure à 13 JIFF, on parle d’une sanction de 12 points en moins au classement la saison suivante, rien que ça !
En revanche, les clubs qui excellent dans le domaine seront rémunérés.
Ainsi, les clubs terminant la saison avec une moyenne d’au moins 17 JIFF recevront un minimum de 220 000 euros avec un plafonnement à 320 000 euros.
A l’aube de la 21ème journée du Top 14, le club de Montpellier est dans le rouge concernant le Quota JIFF.
En effet, le MHR est à 15,55 JIFF sur l’ensemble de sa saison et risque donc un retrait de six points au classement de la saison 2024 / 2025 s’il ne rétablit pas la situation rapidement.
Interrogé via L’équipe, le manager de Montpellier, Patrice Collazo a fait le point sur cette problématique.
Il évoque une contrainte au moment d’effectuer les compositions d’équipe. Extrait:
Ce n’est pas une prise de tête mais c’est forcément une contrainte quand on n’est pas dans les clous. On sait qu’on a effectivement un retard aujourd’hui, notamment parce que contrairement aux années passées Montpellier n’a quasiment pas eu d’internationaux. On va essayer de le combler à dose homéopathique. Sur le dernier match contre le Stade Français (défaite 10-12, le 30 mars), on en avait 17 sur la feuille de match. Malheureusement, il y a aussi la sélection naturelle avec parfois des blessés. On sait qu’on ne doit pas descendre au-dessous d’un certain seuil et qu’on doit en gagner un, deux ou trois par match jusqu’à la fin de saison.
Il explique comment, chaque semaine, il tient ses comptes pour ne pas se faire surprendre en fin de saison. Extrait:
Ça se fait un peu naturellement. Je sais à combien nous en sommes chaque semaine. On en discute avec le staff et Bernard Laporte. Quand on a un doute, on appelle la Ligue et on se fie à ce qu’elle nous dit pour les décomptes et éviter ainsi des interrogations notamment liées aux internationaux. Depuis La Rochelle (2011-2018), je travaille aussi avec des magnets sur un tableau. À côté du nom du joueur et de sa photo, il y a une couleur. Si elle est rouge, c’est qu’il est non JIFF. C’est bleu pour un JIFF et il y a une autre case verte pour les CDF (issus du centre de formation).
On y voit plus clair de suite quand on fait l’équipe. Je note aussi les compos dans un cahier avec le nombre de JIFF à côté. Puis je le répercute à la team manager (Justine Benoit) et au juriste du club (Joris Loupien). Ça permet d’avoir un commissaire aux comptes ! (Rire.)
Une chose est sûre : il n’alignera pas 23 JIFF au cours d’un match pour rattraper le retard d’un seul coup. Extrait:
Non, ce serait un mauvais message vis-à-vis du groupe. Je ne l’ai jamais fait, pas plus d’ailleurs qu’opérer quinze changements d’un week-end à l’autre parce qu’on joue à l’extérieur. Je préfère garder tout le monde sous pression. Il ne faut de toute façon pas que ça se fasse au détriment de la performance sportive surtout que dans notre position, on ne peut pas lâcher les matches.
Notre classement ne nous a pas permis de faire davantage de rotations dans l’effectif. Par rapport au profil du joueur, on a toujours pris en compte le contexte du match et la stratégie. Ensuite, s’il y a peu ou pas de différences entre deux joueurs sur un poste, on privilégiera un JIFF.
Il ne veut pas lâcher un match pour faire une opération JIFF. Extrait:
Récemment, on m’a demandé si j’allais faire une opération JIFF, j’ai trouvé que c’était hyper péjoratif. Ça veut dire quoi ? Que l’on va faire une croix sur le match ? J’ai un problème contre l’étiquette qu’on colle à un JIFF. À partir du moment où on l’aligne, ça veut dire qu’il est nul ? Ça me dérange. C’est un manque de considération. S’il est dans l’effectif, ça veut dire qu’il a été choisi, qu’il a ses qualités et ses défauts comme tous les autres.
Lorsque le journaliste lui demande s’il hésite parfois à ne pas respecter le quota JIFF pour permettre à son équipe de se maintenir en Top 14, Patrice Collazo concède parfois se faire des nœuds dans le cerveau. Extrait:
Non, on ne pense pas à ça mais le dilemme est terrible. C’est comme choisir entre sa mère et son père. Est-ce que tu préfères être maintenu mais démarrer avec des points en retard ou tu préfères descendre en ayant des JIFF ? (Rire.) Quand tu commences à te poser cette question, c’est compliqué. On fera le maximum pour être dans les clous. Si ce n’est pas le cas, on assumera. Mais il faudra me poser cette question à la dernière journée. Pour le moment, ça n’a pas impacté notre réflexion pour faire l’équipe.