Le Stade-Français s’apprête à défier Clermont, ce samedi soir à l’occasion de la 22ème journée du Top 14.
Interrogé via L’équipe, le demi-de-mêlée Néo-Zélandais du Stade-Français Paris, Brad Weber s’est confié.
Il indique être impressionné par la bonne défense de son équipe. Extrait:
On gagne surtout grâce à notre défense. Pour l’instant. J’ai rarement joué dans une équipe aussi performante dans ce domaine. La cadence, l’abattage, le désir commun et constant de tenir la ligne. L’attitude des gars est remarquable. C’est ce qui nous fait gagner des matches même très serrés. Ce pourrait être un motif de satisfaction confortable mais ce qui est marrant c’est que personne ne se repose dessus. On veut parvenir à optimiser notre attaque. Les gars sont motivés, sur la même tonalité. On a envie.
Il évoque la grosse différence qui est existe entre le Top 14 et le Super Rugby, lui qui évoluait chez les Chiefs avant de débarquer à Paris. Extrait:
Le Super Rugby c’est un sprint. Le Top 14, un marathon. On traverse les mois d’hiver, ça modifie beaucoup l’approche du jeu. Les défenses sont très resserrées. Dans l’hémisphère sud le jeu est plus porté sur l’attaque et la vitesse. Ici, le jeu va moins vite, mais ça ne signifie pas que tu puisses te permettre de prendre le premier intervalle qui s’ouvre, ce serait trop risqué. C’est costaud le Top 14 !
Je dois, en quelque sorte, reprogrammer mon instinct du jeu. Sans succomber à la peur que l’espace se referme. En Super Rugby, j’avais l’obsession permanente de mettre du tempo. Ici il me faut intégrer d’autres automatismes, m’appuyer sur les structures de l’équipe. Ne pas partir seul, m’assurer qu’il y a plus d’un soutien autour. Un demi de mêlée ou un ouvreur habitué au Super Rugby doit opérer un « reset » dans la façon de guider le jeu pour intégrer celui d’ici. Ce n’est pas simple. C’est excitant.
J’ai un grand respect pour le rugby français. Je m’impose un gros boulot de travail vidéo. J’échange avec Morgan Parra (entraîneur adjoint) et Rory Kockott sur certaines situations. J’ai mis les bouchées doubles sur les coups de pied. Ils sont tellement plus utilisés ici. C’est bien, c’est sain de faire évoluer son état d’esprit. Ce gros changement est un beau challenge. J’ai à coeur de le réussir.
Ici le jeu est fait de plus de collisions. De fait, ça ralentit la transmission du ballon et impose, très vite, au 9 de s’avérer décisif autour des points de contact. Parfois la différence va se faire plein centre. En Nouvelle-Zélande, par tradition on est tenté de faire la différence au large, en jouant sur la vitesse plus que la puissance. Ici les joueurs disposent de bonnes gammes de coups de pied dans les 22. En Top 14 on voit évoluer Antoine Dupont, qui est aujourd’hui le meilleur numéro 9 au monde, mais aussi d’autres joueurs excellents comme Maxime Lucu ou Baptiste Couilloud.
Pendant des années la Nouvelle-Zélande a donné la tendance, aujourd’hui on regarde du côté de la France et de l’Irlande. On a pris conscience que le rugby qui s’y pratique peut-être aussi bon, voire meilleur que le nôtre. Aux Chiefs, je me souviens on étudiait certaines combinaisons du Top 14.
Selon lui, le Top 14 est le plus gros championnat du monde. Extrait:
Le Top 14 est aujourd’hui le plus gros Championnat au monde. Mais attention, il y a des rencontres de Super Rugby très relevées : quand les Chiefs affrontent les Crusaders, les Hurricanes ou les Blues, ça tape fort et ça te brûle les poumons car le rythme est ultra-intense. Mais, faut reconnaître, le Top 14 c’est chaud ! Et la saison est très longue. Et puis, ici il y a des “êtres humains démesurés” qui n’ont qu’une seule envie : te marcher dessus.
Pour conclure, il a parlé de la montée en puissance du Toulonnais Leicester Fainga’anuku. Extrait:
Il avait déjà joué un peu au centre aux Crusaders. Leicester, il est taillé parfaitement pour le défi français avec sa dimension physique (1,89 m ; 109 kg). Je le regarde évoluer, je regarde tous mes camarades kiwi, comment chacun s’adapte au jeu pratiqué ici. On vit tous ce même défi.
Avant de venir j’ai échangé avec Tawera Kerr-Barlow (demi de mêlée de La Rochelle, 27 sélections All Blacks) avec qui je jouais aux Chiefs. Je parle aussi avec George Bridge (ailier de Montpelier, 19 fois All Black) et Jack Goodhue (Castres, 18 sélections). On évoque ce processus d’adaptation sur les terrains, ces bouleversements dans nos vies. Tawera m’a dit très tôt : “apprends le français le plus vite possible !” C’est important, surtout à la mêlée. Je me bats, le français est une langue difficile.