Au mois de mai prochain, World Rugby pourrait officiellement acter le passage à un carton rouge de vingt minutes.
En effet, pour les prochaines compétitions, le carton rouge pourrait pénaliser une équipe de rugby durant 20 minutes et non pas pendant l’intégralité du match comme le veut le règlement actuel.
Plus précisément, l’équipe ayant écopé d’un carton rouge pourrait alors remplacer le joueur exclu par un autre joueur de son effectif au bout de 20 minutes.
Pour sa part, le joueur ayant écopé du carton rouge ne pourra pas revenir sur le terrain durant le match.
Selon Midi Olympique, la France et les grands Nations du rugby Européen dont notamment l’Irlande et l’Angleterre serait très défavorables à cette évolution.
Le bi-hebdomadaire indique que la Ligue Nationale de Rugby et la Fédération Française de Rugby ont récemment envoyé un courrier à World Rugby pour exprimer leur désaccord avec un éventuel changement du règlement autour du carton rouge.
Le vice-président de la FFR, Jean-Marc Lhermet s’est confié via Midi Olympique. Extrait
“Les grosses nations du Sud poussent en faveur du carton rouge de vingt minutes, arguant du fait que l’expulsion d’un joueur a un impact trop important sur le résultat final et est susceptible de provoquer un désintérêt des gens. Lors d’une première réunion, nous nous étions opposés à cette mesure avec Emmanuel Eschalier (directeur général de la LNR).
Nous avons consulté le syndicat des joueurs, celui des entraîneurs, les arbitres. La position française est assez unanime : nous sommes contre cette évolution. C’est même une levée de boucliers des nations du Nord.
Sur 160 matchs disputés dans le Tiers 1 depuis 2021, 30 ont été le théâtre d’un carton rouge : l’équipe en infériorité numérique s’est alors inclinée dans 60 % des cas, ce qui est très loin de ce qu’on nous avait alors annoncé en réunion, par la voix des nations du Sud notamment. In fine, l’impact du carton rouge n’est donc pas systématique.
L’argument du spectacle qui serait tué par un carton rouge ne nous semble pas fondé.
La peur du gendarme, elle fonctionne. Depuis qu’on a augmenté le niveau de sanction sur des gestes déloyaux, le plaquage cathédrale ou le plaquage en l’air ont quasiment disparu. Ici, on a donc peur que la banalisation du carton rouge fasse in fine réapparaître ce genre de comportements.
Dans l’esprit des gens, un carton rouge est synonyme d’expulsion définitive. On risque donc de perdre le grand public en chemin. D’un point de vue plus philosophique, et au sein du sport collectif par excellence, on regrette aussi que l’impact collectif d’un carton rouge disparaisse : historiquement, la faute d’un joueur a toujours eu une incidence, bonne ou mauvaise d’ailleurs, sur l’équipe dans son intégralité.
Les “pour” font valoir qu’a posteriori, les sanctions contre le joueur exclu (donc sa suspension) pourront être renforcées. Pourquoi pas, mais selon nous, le sens de l’histoire c’est d’abord la protection et la sécurité des joueurs. Or, on sait bien que l’effet dissuasif du carton rouge a énormément joué pour éradiquer certains gestes : les coups de poing, les plaquages cathédrales… Et le fait qu’il ait un impact sur le résultat collectif est aussi un levier pour faire changer les comportements. Un carton rouge de 20 minutes n’enverrait pas un bon message aux acteurs, aux éducateurs, aux jeunes… Il y a de plus en plus de « rouge » distribués, c’est un fait. Peut-être faut-il réfléchir parce que certains mettent en cause l’intégrité physique et d’autres non. Mais la réponse n’est pas celle-là.”
Les arbitres et entraineurs Français seraient également très défavorables à ce changement de règle.
Il faudra donc patienter jusqu’au début du mois de mai pour savoir si oui ou non World Rugby validera ce changement de règle.
Jean-Marc Lhermet conclut. Extrait:
“Déjà, World Rugby peut décider de tout abandonner mais je n’y crois pas trop. L’instance peut aussi choisir de tester le carton rouge de vingt minutes avec des équipes de l’hémisphère nord, lors d’une tournée d’été du XV de France ou pour la prochaine Coupe des moins de 20 ans, par exemple. Peut-elle, enfin, nous offrir une dérogation sur ce fait-là ou cela nous sera-t-il imposé ? J’ai posé la question en réunion mais je n’ai pas encore eu de réponse précise…”
Affaire à suivre…