L’ouvreur Toulousain Romain Ntamack a retrouvé son niveau de jeu, lui qui s’était gravement blessé à un genou juste avant le début de la Coupe du monde.
Ce-dernier s’apprête à jouer une demi-finale de Champions Cup.
Interrogé via L’équipe, il explique que disputer la finale de la Champions Cup n’était pas un objectif fixe.
Il souhaitait surtout retrouver du temps de jeu et rejouer au rugby. Extrait:
Ma Coupe du monde, c’était ma rééducation. À la base, cette phase finale de Coupe d’Europe n’était pas mon objectif. Je comptais simplement grapiller un peu de temps de jeu. Je souhaitais reprendre tranquillement, par des petits bouts de match. Puis la blessure de Tom (Thomas Ramos) a accéléré ma reprise dans la peau d’un titulaire. Ma mentalité a un peu changé. J’ai envie de jouer. C’est également lié à mes performances, qui ont été à la hauteur, et aux signaux positifs que j’envoie aux entraînements. Si j’avais fait des matches moyens, la donne aurait été différente.
Il s’attend à affronter une équipe des Harlequins très dangereuse. Extrait:
C’est une très belle équipe, avec un jeu emballant, mais surtout très dangereuse. Le match de poule (victoire 17-49) n’aura rien à voir avec cette demie. Marcus Smith est le symbole et le maître à jouer des Quins. C’est un sacré joueur ! Nous avons le même âge et nous avons un peu suivi le même parcours en s’affrontant régulièrement. Il a donc pris quelques nouvelles durant ma rééducation. Il m’est aussi arrivé de lui envoyer des messages d’encouragements avant certains matches. C’est une relation très respectueuse.
Il explique dans la foulée pourquoi jouer une demi-finale est toujours très crispant. Extrait:
Ne pas recevoir est un gros handicap. Puis une demi-finale est un match très particulier. Vous êtes plus crispé car la finale est à portée de main. Je dirai qu’on est plus libéré en finale. Derrière, il n’y a plus rien. En demi-finales, il y a cette sensation de se dire qu’en cas d’élimination, la saison est ratée. On espère conjurer le sort.
Concernant ses sensations, il indique que le travail a payé puisqu’il se sent très bien. Extrait:
C’est vrai que mes prestations sont de bonne qualité par rapport à la gravité de ma blessure et la longueur de mon absence. Le travail effectué paie. Je suis presque étonné de moi-même. J’imaginais que tout prendrait plus de temps. Mais réattaquer par des matches de phase finale m’a aidé à revenir à mon niveau.
Il a ensuite parlé de sa convalescence et précise avoir connu un gros coup de mou durant la Coupe du monde qu’il n’a pas pu jouer. Extrait:
La Coupe du monde. Je sortais tout juste de mon opération (fin août). J’étais en béquille et la plus grande compétition, qui avait lieu en France, venait d’être lancée. Le matin, j’étais en rééducation et le soir, je regardais les matches à la télé. À chaque fois je me disais : “Tu devrais être sur le terrain”. Mais j’étais sur mon canapé avec le genou dans une attelle… Moralement, c’était dur à vivre. J’ai quand même tenté de positiver au maximum, sinon la convalescence risquait d’être un peu longue.
Mon leitmotiv a été d’avoir chaque jour une amélioration. Même gagner un degré de flexion, ça m’allait. Je le vivais comme une petite victoire. Dès que je me réveillais, je me fixais un objectif. Parfois, c’était à la semaine. Me dire par exemple que j’avais moins mal que la semaine précédente. C’est ce qui m’a permis d’avancer.
Il précise n’avoir jamais douté durant sa convalescence. Extrait:
Douter de retrouver mon niveau, je ne crois pas. Au début de ma rééducation, je me suis posé beaucoup de questions. Je les ai assez vite évacuées, en forçant un peu. Par exemple, dès que j’ai pu reprendre appui sur mon genou, j’ai bien appuyé pour constater qu’il n’y avait pas le moindre souci et y aller à 100 %. J’ai suivi ce rituel avant chaque étape importante pour balayer le moindre doute et être totalement libéré. J’ai également été très bien accompagné par le staff médical du club.
Il l’affirme : cette blessure va le faire évoluer. Extrait:
Sur le fait de mieux écouter mon corps. Il m’a envoyé pas mal de signaux depuis deux ans, qu’il fallait reposer la machine, mais je n’y faisais pas attention. On pousse la machine constamment… Mais si je veux rester performant au plus haut niveau encore de longues années, il faut aussi savoir freiner. Ma blessure va me faire grandir sur ce point.
Il ne regrette rien de ce qu’il s’est passé. Extrait:
Si c’était à refaire, au regard de toutes les émotions que j’ai traversées avant, je referai la même chose. Ça m’a permis de me forger un caractère, d’être dur au mal. Après, écouter son corps, ça ne veut pas dire se garer à chaque fois que ça va moins bien.
Désormais, il est à 100% de ses capacités et a même l’impression de ne jamais avoir été blessé. Extrait:
Je suis passé complètement à autre chose. Lundi, je me suis fait cette réflexion, seul, lors du premier entraînement de la semaine. J’ai eu la sensation de ne jamais m’être blessé. Comme si j’avais disputé toute la saison avec l’équipe. C’est bien la preuve que je l’ai totalement effacée. Après, je ne pourrais pas l’oublier complètement. Mais je ne ressens aucune frustration.