L’ancien technicien adjoint de Montpellier, Jean-Baptiste Elissalde a analysé la victoire remportée par le Stade-Toulousain contre les Harlequins, ce dimanche au Stadium, en demi-finale de la Champions Cup.
Lors d’une chronique publiée sur L’équipe, le technicien Français a bien évidemment encensé le Stade-Toulousain et a expliqué la force du jeu pratiqué par les hommes d’Ugo Mola.
Selon lui, Toulouse a joué avec six troisième ligne lors de cette rencontre.
Il explique pourquoi. Extrait:
“Sur les cinq essais de la première période, quatre sont la conséquence de ce travail de sape que le grand public ne voit pas forcément. Prenons celui de Matthis Lebel en début de match : il est magnifique et typique, avec de l’adaptation, deux passes d’avants spectaculaires. Mais pour arriver à ça, il a fallu un contre-ruck gagnant de trois de ses coéquipiers lors de l’action précédente, puis un ballon volé en touche de Thibaud Flament.
Même chose pour les deuxième, troisième et cinquième essai, chacun précédé de ce qu’on appelle un « double job ». C’est-à-dire un joueur qui enchaîne un plaquage et un grattage ou une poussée dans un ruck, afin de récupérer le ballon. L’exemple le plus évident, c’est l’essai de Flament, juste après l’égalisation des Harlequins à 12-12 (24e) : renvoi toulousain, double job de François Cros, pression dans le ruck de Peato Mauvaka et Juan Cruz Mallia, récupération de Flament, essai à zéro passe.
Au total, les Toulousains, dont on pourrait presque dire qu’ils ont joué avec six troisième-ligne au vu de l’activité défensive de Flament, Mauvaka et Antoine Dupont, ont provoqué quinze turnovers adverses, dont six dans les rucks. À plusieurs reprises, c’est quand le ballon était proche des touches qu’ils ont mis la pression au sol. Je ne sais pas si c’était une consigne, mais en tout cas c’était bien fait.
On prend en effet peu de risques à impliquer des joueurs dans un ruck en bord de touche, parce qu’il n’y a ensuite qu’un seul côté à défendre si on ne récupère pas le ballon. On se met en revanche plus en danger quand c’est au centre du terrain, puisque l’attaque a deux côtés pour s’exprimer si elle garde la possession. Ces « petits combats » remportés ont été tellement déterminants dans la performance du Stade que, lorsqu’il a cessé de les gagner, en début de deuxième période, les Harlequins sont revenus au score.
Un relâchement mental s’est peut-être installé après avoir mené 31-12. En tout cas, les Toulousains ont été un peu plus attentistes dans leurs montées. Les stats disent qu’ils ont raté 23 plaquages sur l’ensemble du match et, pour avoir revu le match à la vidéo, je pense que 60 à 70 % ont eu lieu dans les vingt premières minutes de la deuxième période. Cela a eu des conséquences, y compris sur leur stratégie : ne plus gagner les « petits combats » les a « énervés », et ils se sont mis à surjouer, à oublier d’alterner en attaque, notamment avec du jeu au pied.”