De l’ivresse d’un premier titre en juin 2022 aux portes de la Pro D2, Montpellier vit une inexorable chute qu’il espère enrayer samedi devant la machine infernale de Toulouse, leader du Top 14 et la tête à sa finale de Champions Cup face au Leinster la semaine prochaine. Suffisant pour permettre aux Héraultais de s’en sortir samedi ?
Le MHR peut-il encore échapper à la 13e place et au couperet d’un barrage au bout d’une saison compliquée? L’urgence est pour le moins absolue pour l’équipe du manager Patrice Collazo et du directeur du rugby Bernard Laporte, intronisés le 19 novembre pour succéder à l’Anglais Richard Cockerill, cinq moins après sa nomination.
“On a un pied en barrage, on ne peut pas le nier. On n’a plus notre destin entre nos mains. On doit gagner et espérer un faux-pas des autres au-dessus de nous”, concède le jeune troisième ligne Lenni Nouchi.
A trois journées de la fin, le club héraultais compte sept points de retard sur Lyon, qu’il recevra dans une semaine, et avance avec une confiance en lambeaux, née d’une série de cinq défaites consécutives aussi courtes que frustrantes, comme il y a une semaine à Castres (27-26).
OÙ SONT LES CADRES ?
Après avoir remis la barque à flot au cours de l’hiver et l’avoir ramené à la 12e place, le tandem Laporte-Collazo a perdu la main sur un groupe miné par le doute, une attaque défaillante, un manque de caractère et l’absence de leaders, depuis la retraite conjuguée de Fulgence Ouedraogo, Guilhem Guirado ou le départ de Benoît Paillaugue, au lendemain de son unique titre. “Le match à Toulon (défaite 54-7) nous fait très mal. On n’a rien fait, on n’a rien mis en place. On a pris une grosse claque”, observe Nouchi.
Dans cette fin de saison, il y a effectivement un avant et un après la débâcle à Toulon subie fin mars, où Montpellier a perdu tout ce qu’il avait mis beaucoup de temps à regagner au cours de l’hiver. “Nous avons fait un pas en avant à un certain moment, on est revenus en arrière, au point de départ”, concède quelque peu fataliste le manager Patrice Collazo.
“Quand on ne coche pas les temps de passage, on ne peut pas être dans une autre situation, à l’image du match à Castres. Le money time est le reflet d’une saison. Quand on manque de maîtrise toute la saison, on le paie cash. C’est l’inverse de Toulouse qui a maîtrisé sa saison”, précise encore l’ancien manager de La Rochelle, Brive ou Toulon. Dans un club en déficit de popularité et d’identité, Montpellier a mal négocié le renouvellement de ses cadres comme Ouedraogo ou Paillaugue, qui connaissaient sur le bout des doigts les leviers pour le sortir de diverses crises.
MANQUE DE RÉALISME
Depuis le début de la saison, pas moins de huit joueurs se sont relayés au poste de capitaine, pour restaurer un état d’esprit conquérant, susceptible de forcer le destin et d’inverser le cours de courtes défaites en victoires. “On meurt souvent à quelques points comme devant Castres, Perpignan ou encore Paris, on doit inverser la tendance (…) On est tous un peu tremblants et cela se retourne contre nous”, souligne l’arrière Julien Tisseron, appelé à suppléer l’ex-international Anthony Bouthier, indisponible pour plusieurs mois.
Ces courtes défaites reflètent le manque de réalisme de la 14e attaque du Top 14 ou l’inconstance du buteur, Louis Carbonel, jamais vraiment adopté depuis son arrivée en 2022 et absent contre Toulouse pour cause de commotion. “On a besoin d’être clinique comme on l’a été pendant notre série de victoires. On avait alors pris les points quand il fallait les prendre. On a un peu perdu cette faculté, on doit la retrouver”, conclut Tisseron. Et il y a urgence.
Via AFP