L’ancien président du Biarritz Olympique, Jean-Baptiste Aldigé s’est longuement confié via le Midi Olympique.
Il est revenu sur sa fin d’aventure avec le BO qu’il a récemment vendu. Extrait:
De façon très sereine. La vie est faite d’étapes. Je savais, en arrivant ici il y a six ans, qu’il y aurait un jour une fin. Tout ça n’est pas sentimental… Tout ça, j’ai aimé le faire mais la présidence du BOPB fut avant tout pour moi une aventure professionnelle.
Il indique dans la foulée avoir refusé un tas de joueurs qui souhaitaient surtout venir pour la région. Extrait:
Je ne fais pas ce métier pour admirer des paysages. Il pleuvait au Pays basque avant que je n’y arrive et il y pleuvra encore, lorsque je l’aurai quitté. […] Ces six dernières années, chaque fois que je faisais passer des entretiens préalables à des recrutements, j’éliminais d’ailleurs toute candidature qui commençait par : “J’adore cette région, c’est magnifique”. Le rugby pro, ce ne sont pas des vacances en bord de mer. Le rugby, c’est un art difficile ; c’est du combat, des sacrifices, du fighting spirit.
Au moment d’évoquer la tapage médiatique autour de la vente du Biarritz Olympique, Jean-Baptiste Aldigé a tendance à s’enflammer. Extrait:
Le rugby pro a décollé dans les années 2000. En tant que produit, il a commencé à être consommé à cette époque-là et les premiers clubs à avoir gagné des titres sont ceux ayant alors conquis l’imaginaire collectif : je cite donc le BOPB, l’Usap, Toulouse et le Stade français. Les quatre grosses marques du rugby pro, elles sont là. Canal + (le diffuseur du Top 14 et du Pro D2, NDLR) le sait : ses audiences actuelles prouvent encore l’attrait qu’ont les gens pour ces clubs-là.
Il y a des supporters du BOPB dans toute la France. Ce club, c’est la Madeleine de Proust de beaucoup, une marque déposée du rugby pro. Et puis, je vois une autre raison à l’intérêt porté à ce dossier : six ans durant, il y a eu beaucoup de battage médiatique autour de notre projet. Il s’est globalement passé plein de choses, à Biarritz : on a récupéré un club en mort clinique et on l’a réintégré à l’élite, avant de la quitter l’an passé. L’histoire bouge et intéresse, en somme.
Dans la foulée, il rappelle que le Stade Aguiléra ne permettait pas au club Biarrot de se développer. Extrait:
Oui. 70 % des revenus d’un club de rugby sont issus du jour de match et, en ce sens, Biarritz avait besoin d’un stade en adéquation avec le rugby pro. […] Aujourd’hui, Aguilera, ce sont 550 places en hospitalités. L’année où on est monté en Top 14, ces 550 places se sont évidemment vendues en une semaine : nous étions donc irrémédiablement bloqués sur un budget de 12 millions d’euros, inadéquat à l’élite. […] À l’instant où je pars, je constate d’ailleurs que l’Aviron bayonnais, lui, a su se doter d’un stade propre au Top 14, avec plus de 3 000 mètres carrés d’espace dédiés aux hospitalités. Les Bayonnais ont mis en place une économie réelle, sans mécène derrière.
Il ne manque pas de régler ses comptes dans la foulée. Extrait:
Moi, je sais qui je suis et où je suis né. Je ne suis pas comme ces mecs que j’ai croisés et qui rêvent qu’on leur dise un jour : “Toi, t’es un vrai Basque”. Je m’en fous complètement. En revanche, ce qui m’embêtait, c’est lorsqu’on me disait que parce que je n’étais pas d’ici, le modèle économique que je proposais n’était pas viable. (il marque une pause, reprend) Pourtant, lorsqu’il avait fallu sauver le club de la mort cérébrale en 2018, ils étaient bien contents de nous trouver…
Il attaque frontalement la mairie. Extrait:
Avant de céder Biarritz pour un euro, on a proposé quinze millions d’euros à la mairie de Saint-Sébastien pour refaire un stade, là-bas. Je crois pourtant que même si on en avait proposé dix fois plus, on nous aurait dit non.
Moi, je crois juste qu’aujourd’hui, ce territoire et les gens qui le gèrent ont décidé que le rugby professionnel, c’était à Bayonne et pas ailleurs.
Il dément totalement aimer les conflits et pointe du doigt les journalistes. Extrait:
Non ! Ça, c’est votre avis et il est faux ! Vous, journalistes, avez poussé et entretenu un personnage parce qu’il faisait du clic et faisait vendre du papier. Moi, je n’aspire pourtant qu’à faire mon travail tranquillement. Je suis d’ailleurs persuadé que vous n’évoquerez même pas mon modèle économique, dans votre article. Parce que ce qui marche, c’est le sang et le cul, n’est-ce pas ?
Et pour répondre à votre question : non, je n’aime pas faire la guerre. Vous remarquerez à ce titre que les gens que j’ai nommés en 2018 sont toujours au club, six ans plus tard. C’est donc moi, le méchant ? C’est donc ça, chercher le conflit à tout prix ?
Dans la foulée, il indique ne pas regretter de ne pas être devenir joueur professionnel. Extrait:
Si j’avais voulu devenir rugbyman professionnel, je serais resté au centre de formation d’Agen et je n’aurais pas lâché l’affaire. Mais le deal que j’avais passé avec mon père n’était pas celui-là. Il voulait que je mette avant tout mon énergie dans les études. […] À présent, quand je regarde ma vie, je me dis que je m’en suis bien sorti. Il y a plein de gonzes de ma génération qui, aujourd’hui, ne savent pas quoi faire et, pour vivre, vont raconter des salades dans les médias. Chez moi, le rugby a été un passeport pour le monde : il m’a fait voyager et rencontrer Louis-Vincent Gave, l’homme qui m’a lancé. J’ai choisi mon chemin et celui-ci me plaît.
Il a également évoqué son arrivée à Biarritz. Il explique que la grande famille du rugby n’existe pas. Extrait:
Elle n’existe pas, la grande famille du rugby. Il y a juste des gonzes qui essaient de faire du rugby un gagne-pain : managers, joueurs, journalistes et consultants… Il n’empêche : les présidents de clubs m’ont fort bien traité à mon arrivée et je garderai, je crois, quelques bons amis de ces six années : Yann Roubert (Lyon), Didier Lacroix (Toulouse), Frédéric Calamel (Carcassonne), Laurent Marti (Bordeaux), Christian Millette (Aurillac) en font tous partie…
Concernant son avenir, le mystère demeure. Extrait:
Je n’ai plus de travail mais j’ai une famille. Jusqu’en juin, nous serons sur la Côte basque et après, on verra. Vais-je rester dans le rugby ? Je n’en sais rien… Mais pour tout vous dire, mon téléphone a déjà pas mal sonné…