Abraham Tolofua est un ancien rugbyman passé notamment par Nice, Grenoble, Clermont et Béziers.
Il est l’oncle de Christopher et Selevasio Tolofua.
Ce-dernier a créé l’Association Lomipeau qui vient en aide et encadre principalement les jeunes rugbymans qui viennent du Pacifique afin de faire carrière en France.
En 2007, cette association comptait 263 adhérents dont 87 joueurs de rugby.
Interrogé via Midi Olympique, Abraham Tolofua se confie sur la situation extrêmement tendue, en Nouvelle-Calédonie.
Il s’exprime. Extrait:
“Je suis bien sûr abasourdi de la situation qui secoue la Nouvelle-Calédonie, comme tous les Calédoniens de Métropole. Nous sommes tous choqués car nous avons notre famille là-bas. Nous voyons toute cette casse, c’est même plus que de la casse. En ce moment, j’ai mes parents et ma petite sœur qui vivent dans des quartiers barricadés. Je trouve ça d’une infinie tristesse et je suis l’actualité en permanence. Mais il faut comprendre que pour nous c’est du déjà-vu. Moi-même j’ai connu les années 83-84 qui étaient déjà violentes. On voyait des gens barricadés, c’est un peu le même scénario mais à un degré plus élevé. Par exemple, on voit des grandes surfaces qui ont été attaquées, ce qui est spectaculaire. À mon époque, il n’y avait pas de grands magasins comme ça. Autre différence, à mon époque, il y avait quand même moins d’armes qui circulaient.
Depuis le début de cette crise, on ne parle pas trop de la communauté wallisienne, qui est une partie de la société néo-calédonienne. À mon époque, il y avait une tension vis-à-vis de notre communauté. Certains nous voyaient comme des traîtres. Il faut comprendre que nous ne nous sentions pas partie prenante de la société kanak. C’était le message de nos anciens. La France a une histoire forte avec notre archipel d’origine (Wallis et Futuna, NDLR). Dans le temps, nos rois avaient signé des décrets avec la France qui nous ont permis de conserver nos traditions et nos coutumes. Les Canaques ont une autre histoire avec la France. Pour ma part, j’ai quitté mon pays à 17 ans et demi, mais j’avais prévu de revenir au pays en juin pour y travailler. Mais avec tous ces incidents, il y aura forcément un après. Je ne sais pas si le travail que j’ambitionnais pourra vraiment se faire. Je comptais aller aider le rugby de mon territoire.
Il faut comprendre que le rugby est le sport roi de la communauté wallisienne, alors que les Canaques jouent plutôt au foot. Le rugby c’est notre sport à 200 pour cent. Ceci reflète les sociétés et les ethnies qui sont sur place. Les ethnies se sont approprié leur sport comme s’il leur appartenait, c’est une question d’identité. Nous étions les seuls à vouloir pratiquer le rugby, ce sport qui est difficile. Il y a chez nous un côté combattant et guerrier assez spécifique et adapté au rugby. Si vous allez dans des communes très wallisiennes comme le Mont d’Or ou Paita ou Dembea. Vous verrez qu’on y adore le rugby. Ce qui me chagrine, c’est que c’est une histoire qui se répète. Ça va se calmer mais ça recommencera peut-être dans trente ans car je crains que le problème ne soit pas résolu. La Nouvelle-Calédonie est un pays multiethnique où tout le monde a sa place ; comme la France d’ailleurs. Je ne vois pas pourquoi certains prétendent représenter à eux seuls le pays.. D’autres qui appartiennent à d’autres partis politiques contribuent à son développement.”