Antoine Dupont n’est pas l’homme d’un seul défi, mais de plusieurs. Et c’est comme ça qu’il profite le mieux de la vie. C’est comme ça qu’il a su se remobiliser après la déception de la Coupe du Monde de Rugby 2023 en France : en embrassant de multiples projets, pas tous liés au XV.
Que ce soit autour des JO, dans le projet à sept ou avec le Stade Toulousain, il est partout et tout le monde compte sur lui. Même l’équipe du dernier film de Jacques Audiard Emilia Perez présenté à Cannes samedi 18 mai l’avait convié à monter les marches et à assister à la projection. Sa présence sera-t-elle suffisante pour que le film décroche la Palme d’Or ?
Loin des paparazzis, le meilleur joueur du monde est l’un des rares intouchables de son club qui a su repasser premier du Top 14 lors de la 23e journée : titulaire 7 fois dans cette saison marquée par la Coupe du Monde et les JO (12 apparitions), 716 minutes de temps de jeu, quatre essais.
Avec France 7, il a été ce facteur X qui a débloqué le compteur des Bleus sur le circuit mondial. A Vancouver, les joueurs de Jérôme Daret remportaient la médaille de bronze (la première de la saison), puis la médaille d’or le week-end suivant à Los Angeles. C’était alors la première fois en 19 ans.
Malgré son absence lors du tournoi suivant à Hongkong, France 7 avait réussi à décrocher l’argent, prouvant que le projet était bon et que Dupont avait apporté ce petit plus qui manquait.
Indispensable, irremplaçable, phénoménal, Dupont est la pièce maîtresse de tout dispositif dans lequel il est inclus. Mais si la clé de voûte vient à tomber, que se passera-t-il ? On l’a vu lors de la Coupe du Monde de Rugby 2023, sa fracture maxillo-zygomatique a plongé le pays tout entier dans l’expectative, l’effroi, le doute.
Revenu en un temps record sur les terrains tel un cyborg, il a su mener son équipe lors du quart de finale contre l’Afrique du Sud. Le miracle s’est arrêté là, avec une défaite d’un point. La vie n’est pas un conte de fée.
L’intelligence de savoir rebondir
Beaucoup de joueurs l’ont mal vécu et ont eu du mal à remonter la pente. Grégory Alldritt a pris un congé sabbatique pour mieux revenir. Antoine Dupont, lui, a eu l’intelligence de prendre un peu de recul tout en restant au contact du ballon ovale, déclinant une participation au Tournoi des Six Nations pour rebondir dans un autre projet avec France 7, en vue de son réaliser un rêve olympique. Certes le projet était lancé bien avant la Coupe du Monde, mais il est arrivé au bon moment pour remotiver le demi de mêlée.
« Une saison de Top 14 et de test-matchs, c’est très fatigant. J’avais besoin de quelque chose de nouveau, mais sans changer de club, en gardant la possibilité d’enfiler le maillot de l’équipe de France. Ça m’a permis de retrouver de la fraîcheur mentale », a-t-il confié à RugbyPass TV.
C’est cette fraîcheur qui l’a replacé dans le game, lui a redonné la confiance nécessaire et la détermination d’abattre des montagnes. Désormais, la question est de savoir s’il aura la capacité d’enchaîner chaque défi, s’il ne sera pas exposé à une éventuelle blessure qui pourrait faire capoter tous ces plans. La question est légitime et rend les dix prochaines semaines passionnantes à suivre.
Premier défi : la champions Cup
Antoine Dupont est attendu contre le Leinster samedi 25 mai au Tottenham Hotspur Stadium de Londres pour la finale de la Champions Cup. Gros, gros enjeu pour le Stade Toulousain titré cinq fois en sept finales (1996, 2003, 2005, 2010 et 2021) face au Leinster champion à quatre reprises en sept finales (2009, 2011, 2012 et 2018).
14 fois les deux clubs les plus titrés d’Europe se sont rencontrés et huit fois le Leinster a remporté la confrontation, contre 6 fois pour Toulouse. Et si Antoine Dupont était sacré champion d’Europe ?
Deuxième défi : le tournoi de Madrid
Quasiment au lendemain de la finale, il rejoindra le groupe de France 7 pour préparer le tournoi de Madrid le week-end suivant – du 31 mai au 2 juin. Jérôme Daret, le coach, l’a confirmé au Figaro : « C’est prévu qu’il soit avec nous. Cela a déjà été dit ».
Mobilisé pour le Top 14 et la Champions Cup, il n’a pas participé au dernier stage de préparation de France 7 à Capbreton mi-mai, mais il avait participé au précédent du 15 au 19 avril, lui faisant manquer le quart de finale de la Champions Cup contre Exeter.
A Madrid, France 7 tentera de remporter la Grande Finale de la saison, ce qui serait un marqueur important à quelques semaines des Jeux olympiques. Et si Antoine Dupont était sacré champion de rugby à sept ?
Troisième défi : les phases finales du Top 14
Les semaines défilent et les défis s’enchaînent. Après Madrid, retour en club pour disputer les phases finales du Top 14 : la demi-finale (21-22 juin) et possiblement la finale (28 juin).
Nul doute que Antoine Dupont sera mobilisé sur ces deux rendez-vous majeurs qui pourraient déboucher sur un 23e Bouclier de Brennus pour Toulouse, le septième d’affilée (ce qui serait une première pour le club). Et si Antoine Dupont était sacré champion de France ?
Quatrième défi : les Jeux olympiques
Le quatrième défi devrait être le dernier d’une saison pas comme les autres et incroyablement dense où Dupont aura tout fait jusqu’à porter la flamme olympique lorsque celle-ci est passée par Ernest-Wallon le 17 mai.
« C’est assez particulier de rentrer seul comme ça avec une torche dans les mains. D’habitude on est plus quinze avec un ballon », a-t-il confié juste après la cérémonie au cours de laquelle il a allumé le chaudron.
Mais s’il a choisi de s’investir dans le projet olympique, c’est qu’il est convaincu que la France a une grande chance de médaille et que lui-même est en mesure d’apporter ce petit plus pour décrocher l’or.
« Je pense qu’il y a pas mal de Français qui se sont découverts à suivre le rugby à 7 et on sent que dès qu’il y a une équipe de France et qu’il y a des résultats, les gens ont envie de les soutenir, on a envie de pousser et ça, ça va être un plus pour le rugby », a-t-il déclaré à Toulouse.
Et si Antoine Dupont était sacré champion olympique ?
Via Rugby Pass