L’ouvreur du Stade-Toulousain, Romain Ntamack s’est confié via Midi Olympique pour revenir sur la victoire remportée contre le Leinster en finale de la Champions Cup.
Il évoque l’une de ses plus belles émotions depuis le début de sa carrière. Extrait:
Disons que cela en fait clairement partie en tout cas. Il est vrai que le contexte était assez incroyable et que le scénario a été fou. Puis, à titre individuel, j’avais à cœur de disputer cette finale et surtout de la gagner. Je sais d’où je reviens avec la blessure au genou que j’ai connue il y a neuf mois maintenant. Il y avait tout pour qu’elle soit particulière et c’était allé bien au-delà…
Oui, tout était réuni. Il y a effectivement eu ces prolongations. Et puis, quelle magnifique équipe du Leinster ! Je crois qu’on ne pouvait pas rêver plus bel adversaire sur un tel événement. Pour tous ces ingrédients, oui je le répète, cette victoire est vraiment une de mes plus belles émotions.
Sur le terrain, il évoque une des plus grosses intensités qu’il ait connu. Extrait:
Là aussi, cela fait évidemment partie des plus grosses intensités que j’ai pu connaître sur un match. Franchement, en réfléchissant quelques secondes, je n’ai pas souvenir d’avoir joué un match pareil… Surtout, ce qui m’a marqué, c’est d’avoir si peu le ballon et d’avoir cette impression de défendre toute la rencontre. Même si nous avons réussi à garder la possession sur quelques séquences, je crois qu’on a surtout défendu. Il n’y a qu’à regarder le nombre total de plaquages réalisés par notre équipe.
Il approuve les efforts exceptionnels de son équipe en défense. Extrait:
On est capable de faire des efforts exceptionnels en défense et de ne rien lâcher. La solidarité, qui a été la nôtre sur cette finale, a été décisive. Certes, on peut toujours dire qu’on n’a pas beaucoup vu le ballon. C’est vrai, mais le seul essai qu’on encaisse, il n’arrive que pendant les prolongations. C’est révélateur.
Il regrette cependant le peu de ballons qui ont pu être joués en attaque. Extrait:
Forcément, nous étions un peu frustrés par moments parce que chacun s’était rendu compte que, sur quelques situations et même avec peu de ballons, il y avait la possibilité de le déplacer et de faire des séquences intéressantes. Le problème ? C’est que les joueurs du Leinster nous ont mis à mal sur les rucks, nous ont tapés sur les ballons…
Oui, c’était très compliqué de mettre notre jeu en place mais l’équipe a eu énormément de résilience. Tout le monde a serré les rangs, a rattrapé les coups. Si le Stade toulousain a gagné cette finale, c’est grâce à sa solidarité.
J’ai été bien servi sur ce plan et j’ai été testé par mes adversaires… Mais oui, je m’y attendais. On avait analysé leur jeu et on avait vu qu’ils combinaient beaucoup dans la zone du numéro 10. Donc je m’y étais préparé.
Il indique adorer ce genre de match avec beaucoup d’intensité. Extrait:
Moi, j’aime bien ce genre de match, quand il y a beaucoup d’intensité et d’impact. J’adore aussi me frotter aux grosses attaques adverses. Bon, là, c’était quand même un peu trop ! J’aurais préféré être un peu moins sollicité en défense (sourire). Mais cela montre surtout que Toulouse est une équipe qui sait bien jouer au rugby mais qui sait aussi se resserrer s’il faut ne pas voir le ballon de l’après-midi.
Chacun d’entre nous était conscient que la finale face au Leinster allait être très serrée. Leurs deux finales précédentes, contre La Rochelle, se sont aussi jouées dans les derniers instants. On savait qu’il n’y aurait pas un gros écart au score et on avait répété qu’il nous fallait tenir le bras de fer jusqu’au bout, ne surtout pas craquer comme on avait pu le faire lors des récentes demi-finales contre cette équipe.
Ce qui a changé beaucoup de choses à mes yeux, c’était d’être devant au tableau d’affichage à la mi-temps, contrairement aux demi-finales que j’évoquais. Mentalement, cela nous a fait un bien fou et eux ont sûrement mesuré à cet instant que l’histoire serait différente des dernières années contre nous.
Il a senti le match basculer du bon côté lors des prolongations. Extrait:
Oui, je l’ai surtout senti en prolongation. Leur carton jaune (James Lowe, à la 82e minute, NDLR) leur a fait très mal puisqu’on a marqué trois points sur le coup, puis un essai derrière. Nous nous sommes alors retrouvés avec une avance de dix points. Dans une prolongation, c’est quand même un avantage conséquent.
Oui, j’avais vraiment la sensation que le match avait basculé en notre faveur mais, avec cette expulsion, j’ai eu très peur que ça bascule de nouveau dans l’autre sens. J’avoue, je me suis demandé si on n’allait pas passer à la casserole quand ils ont mis leur essai. Je savais qu’on finirait à quatorze, ce n’était pas rassurant…
Il explique comment Toulouse a fini par réussir à prendre l’ascendant. Extrait:
Le caractère et la solidarité, encore une fois. C’est ce qui nous a permis d’aller chercher ces pénalités quand il le fallait, en début de deuxième prolongation. Avec des grattages au bon moment, et Thomas (Ramos) qui a merveilleusement transformé ces coups de pied.
Il n’aurait pas cru être en mesure de devenir champion d’Europe au moment de s’être blessé, avant le Mondial. Extrait:
Oui, c’était un rêve. J’avais bien sûr coché cette période des phases finales pour revenir et, depuis mon retour, j’ai la chance de ne disputer que des matchs de haut niveau. Le staff et mes coéquipiers m’ont placé dans les meilleures conditions pour m’exprimer pleinement. Mais, il y a neuf mois, si on m’avait dit que je serais titulaire en finale de Champions Cup, face au Leinster, et que j’allais jouer cent minutes, je n’y aurais peut-être pas forcément cru tout de suite !
Là encore, ça montre l’efficacité du travail que j’ai effectué en amont, avec toutes les personnes qui se sont occupées de moi pendant ma rééducation. J’ai fait les efforts nécessaires pour en être là aujourd’hui et je suis extrêmement content que ce boulot paye. Malheureusement, il n’a pas payé durant la préparation à la Coupe du monde et cela m’a empêché de disputer cette compétition. Mais, ensuite, j’ai fait tout ce qu’il fallait pour être présent lors de ce rendez-vous à Londres.
Il explique commencer à croire au karma. Extrait:
Je ne sais pas mais je vais commencer à croire de plus en plus au destin et au karma à force (sourire). Entre la finale de Top 14 la saison dernière et celle-ci, je me dis qu’il y a peut-être une justice, ou en tout cas un destin qui m’est plutôt favorable. J’en suis très heureux. Mais, au-delà de mes sentiments personnels, je suis surtout très fier pour ce groupe et pour ce club.
Dans la foulée, il évoque la suite de la saison. Extrait:
Forcément, les ambitions sont toujours là, tant que l’équipe est encore en course en Top 14. Nous sommes soulagés d’être déjà qualifiés pour les demi-finales, ce qui nous met un poids en moins sur les épaules, et nous ferons évidemment tout notre possible pour aller de nouveau au bout… Mais, pour l’instant, l’idée est de profiter un peu de ce que nous venons de réaliser. L’intensité a été immense, les corps sont meurtris, alors il faut savourer. C’est une compétition tellement difficile à remporter, derrière laquelle on courait depuis 2021. Après, on pourra se projeter sur la suite.
Dans la semaine, le manager Ugo Mola avait titillé ses joueurs en leur expliquant que ses joueurs n’avaient toujours pas marqué l’histoire du club. Romain Ntamack réagit. Extrait:
De toute façon, je pense qu’on peut encore gagner quatre Champions Cup et six Boucliers de Brennus, Ugo trouvera toujours le moyen de venir nous titiller (sic) pour qu’on se dépasse (sourire). Il est doué pour toujours dénicher les bons mots afin de nous pousser dans nos retranchements. Cette génération a envie de marquer son temps, l’histoire du Stade toulousain et l’histoire du rugby français. Depuis quelques années, c’est ce qu’elle fait. Et je crois que, le plus fort, c’est de se donner les moyens de revenir chaque saison avec le plus d’armes possibles pour rivaliser sur les deux compétitions. Force est de constater qu’on arrive à être régulièrement au sommet du Top 14 et de la Champions Cup. Cela prouve que notre génération a toujours soif de titres.