Depuis un an, le Stade Toulousain a instauré une nouvelle dynamique en jouant de la musique pendant les matchs de rugby.
Si les joueurs et les clubs apprécient cette innovation, les supporters expriment leur mécontentement face à ce qu’ils perçoivent comme une “américanisation” de l’Ovalie.
Lors du huitième de finale de la Coupe des champions contre le Racing 92, les fans toulousains ont eu une expérience musicale inédite.
Au moment où “Back In Black” d’AC/DC résonnait dans le stade Ernest-Wallon, les supporters continuaient de chanter malgré une contre-attaque adverse.
Quentin, fervent supporter du Stade Toulousain, critique vivement cette pratique sur son compte X, soulignant une déconnexion des supporters avec le match. «
Interrogé via L’équipe, il s’est confié. Extrait:
« C’est comme si les supporters étaient complètement déconnectés du match… On perd totalement le sens d’être supporter ».
Un sondage publié par Quentin sur son compte a révélé un mécontentement généralisé : 62 % des répondants n’apprécient pas cette nouvelle tendance musicale, contre 21 % qui l’apprécient et 17 % d’indifférents.
Vincent Bonnet, directeur commercial et marketing du club toulousain, reconnaît via L’équipe que cette initiative ne peut pas plaire à tout le monde.
Selon lui, cette mesure vise à « créer une dynamique » et à « développer ce qu’on propose au public au-delà du rugby ».
Il souligne que le public du Stade Toulousain est connaisseur mais peu chantant, et que ces moments de latence pouvaient générer une expérience négative.
L’idée est née lors du huitième de finale contre les Blue Bulls sud-africains en avril 2023. Bonnet justifie cette démarche par l’évolution du public :
« La moyenne d’âge de nos supporters est passée de 56-57 ans à 45-46 ans. Forcément, les us et coutumes changent. »
Il ajoute que le taux de féminisation du public a augmenté à 30 %, nécessitant une adaptation de l’expérience au stade.
Cependant, tous les supporters ne partagent pas cet enthousiasme. Coline, 25 ans, estime que cette musique est empruntée au basket américain et dénature l’esprit du rugby.
Quentin, lui, affirme que cette ambiance de show nuit à l’authenticité du stade Ernest-Wallon. « C’est en adéquation avec un public qui vient voir un événement plutôt que du rugby », déplore-t-il.
Le Stade Toulousain assume s’inspirer des sports américains tout en gardant une identité occitane et toulousaine. Bien que certains morceaux comme “Les yeux d’Émilie” de Joe Dassin soient intégrés à la culture rugby, l’introduction de tubes internationaux comme ceux d’Eminem ou Queen pose question.
L’initiative a néanmoins trouvé un écho lors de la Coupe du monde de rugby en 2023, où une ambiance musicale similaire a été adoptée.
D’autres clubs de Top 14 et même de Ligue 1 envisagent de suivre cet exemple. Vincent Bonnet révèle que des projets visuels, incluant danses et tifos, sont à l’étude pour rendre le spectateur acteur de l’événement.
Certains stades, comme Paris La Défense Arena et Jean-Dauger à Bayonne, expérimentent déjà des mises en scène lumineuses et musicales pour dynamiser les matchs.
Cette évolution divise, mais elle marque un tournant dans la manière de vivre le rugby en France. Le débat est lancé : modernisation nécessaire ou dérive culturelle ? Le futur du rugby hexagonal pourrait bien dépendre de cette question cruciale.