L’entraineur des avants du XV de France, William Servat s’est confié via Midi Olympique pour évoquer la Tournée estivale des Bleus en Argentine qui approche à grands pas.
Ce-dernier explique comment le staff Tricolore va gérer cette tournée en Argentine.
Il parle notamment de certains jeunes qui vont découvrir le groupe France pour la première fois. Extrait:
L’idée de cette tournée sera de travailler un peu comme ça avait été le cas lors de notre voyage en Australie, il y a trois ans. Il y aura quelques nouveaux, bien sûr, mais aussi pas mal de joueurs qui ont déjà participé à nos séances d’entraînement et ont déjà intégré notre manière de fonctionner, qui plus est de par la chance qui nous est donnée de partir à 42. Au-delà de connaître notre méthode d’entraînement, ces joueurs connaissent surtout notre projet de jeu.
C’est un sujet de discussion qu’on a souvent entendu : c’est vrai que pendant les tournées d’automne ou le Tournoi, certains joueurs viennent, repartent… Mais quand ces joueurs-là intègrent la feuille de match, les gars connaissent déjà très bien le projet de jeu et s’y intègrent d’autant plus vite. On va essayer de capitaliser là-dessus.
Il rappelle que la tournée effectuée en Australie, en 2021, a permis de faire émerger de nombreux jeunes. Extrait:
Lorsque nous nous sommes déplacés en Australie en 2021, des joueurs qui honoraient leurs premières sélections évoluaient dans l’équipe comme s’ils avaient été titulaires depuis le début du mandat. En tant que staff, cela nous avait confirmé que nous étions dans le vrai par rapport à notre méthode. Des garçons comme Anthony Jelonch ou Gaëtan Barlot, pour ne citer qu’eux, s’étaient révélés au groupe et à eux-mêmes.
L’idée de cette tournée en Argentine sera de prolonger cet aspect-là. Et même s’il y aura aussi des nouveaux, on compte profiter de la chance de nous rassembler tôt pour un premier stage, ainsi que de notre entraînement dirigé avec la Roumanie, pour les intégrer au plus vite. Comme une majorité d’entre eux prolongera immédiatement l’aventure en Argentine et en Uruguay, ce premier stage va nous donner la capacité d’organiser pour les quelques nouveaux une intégration la plus rapide et la plus douce possible pour faire partie de ce projet.
Il l’affirme haut et fort : tous les joueurs qui intègreront le groupe France ne joueront pas forcément contre l’Argentine. Extrait:
Nous avons clairement cette idée en tête, avec des joueurs qui sont déjà prévenus de cette possibilité de s’entraîner avec nous sans pour autant avoir la chance de jouer contre l’Argentine, mais qui seront en mesure de postuler plus tard. Pour les tests de novembre, par exemple…
Je pense évidemment ici au pilier de Bayonne, Tevita Tatafu. Ce n’est pas quelque chose de nouveau, au contraire. Nous avions notamment profité du Tournoi 2023 pour intégrer de la sorte Emmanuel Meafou, afin que celui-ci ait quelques repères avec nous à partir du moment où il serait sélectionnable. C’est un fonctionnement qui sera appelé à se reproduire, notamment en fonction des clubs qui seront qualifiés pour la finale. L’idée étant évidemment en parallèle de maintenir un niveau de performance égal à celui de nos espérances.
En fait, notre problématique, c’est que nous voulions nous entraîner au mieux avant d’affronter la Roumanie, afin de créer les automatismes qui nous permettront d’être performants non seulement pour cette opposition, mais aussi pour la suite de la tournée. En fonction des équipes finalistes, nous désirions avoir la possibilité de reconstituer le groupe le plus efficient possible pour la tournée. Ce premier groupe constituera une base de travail très intéressante pour nous, qu’il s’agira de prolonger en Argentine. Nombreux seront les joueurs dans cette première sélection à ne pas avoir encore porté le maillot de l’équipe de France… Ce sera l’occasion pour nous de les connaître en tant que joueur de rugby – même si nous connaissons leurs qualités, pour les voir tous les week-ends – mais également et surtout en tant qu’hommes.
Il précise que deux équipes de France seront formées : une pour l’Argentine et une pour l’Uruguay. Extrait:
Clairement, en parallèle de la préparation du premier test contre l’Argentine, nous allons dessiner une deuxième équipe qui, elle, essaiera de préparer au mieux son déplacement en Uruguay trois jours plus tard. Nous devons préparer simultanément deux matchs à trois jours d’intervalle, nous ne pouvons donc pas laisser sur le côté une équipe et préparer en seulement trois jours un match aussi dur et important que l’Uruguay.
On va donc s’organiser au sein du staff pour préparer de manière simultanée deux matchs différents. On a vu à Lille pendant la Coupe du monde la qualité de cette équipe uruguayenne dans le combat, et on ne peut pas préparer cette rencontre à la légère. En clair, nous aurons au début un groupe pour l’Argentine, un autre pour aller combattre en Uruguay, et pour finir nous tâcherons d’aligner un groupe bâti sur l’ossature de ceux qui auront performé lors du premier test contre les Pumas, complétée par des mecs qui auront joué en Uruguay. Pour ce deuxième test face à l’Argentine, l’idée sera de trouver le meilleur équilibre, en sachant que la performance sportive demeurera le premier moteur de nos choix.
Pour conclure, William Servat parle de la situation spéciale de Grégory Alldritt qui a pris deux mois de repos à l’issue du Mondial. Extrait:
Greg a certes bénéficié de deux mois de break, mais il a énormément joué depuis son retour. Là encore, on en revient à cette question d’intelligence. S’il est fatigué physiquement de sa saison malgré la gestion incroyable de Ronan O’Gara, c’est quelqu’un qui ne partira pas en tournée avec nous. A contrario, si un joueur comme Reda Wardi est disponible, peut être qu’on se posera la question puisqu’il revient d’une longue absence. On le gérera en accord avec lui, en fonction de sa régénération physique mais surtout de sa régénération mentale, dont pas grand monde ne parle mais qui donne la possibilité aux joueurs d’être performants.
Prendre des joueurs qui ne seraient pas frais mentalement à cet instant de la saison serait une erreur qu’on veut avoir l’intelligence de ne pas commettre. Il m’est difficile de dire ça en tant en tant qu’entraîneur du XV de France, mais je serais tout de même heureux pour ceux qui n’auront pas la possibilité de partir, car je sais ce que représente de jouer pour le Bouclier de Brennus. Même s’il n’est jamais évident de ne pas sélectionner des joueurs pour une tournée…