Le lendemain de la victoire remportée contre Grenoble lors de l’access match, le manager Montpelliérain Patrice Collazo apprenait qu’il ne serait pas conservé par ses dirigeants, bien que sous contrat avec le MHR jusqu’au mois de juin 2025.
Et pour cause, le président Mohed Altrad avait passé un pacte avec ses joueurs.
En cas de victoire contre Grenoble et du maintien du club en Top 14, il changerait totalement le staff technique et formerait un nouveau staff avec des techniciens 100% Montpelliérains.
C’est exactement ce qu’il a fait une fois la victoire contre Grenoble validée.
Interrogé via Midi Olympique, Patrice Collazo a expliqué avoir senti les choses arriver. Extrait:
“Ce sont des choses qui arrivent, dans notre métier. Je les ai vues venir de loin. Pourtant, je crois sincèrement que ce fut une performance que de maintenir le club dans ces conditions. En plus, comme on a dû activer des leviers très forts pour en arriver-là, je me dis que si j’avais dû continuer avec le même groupe, avec le même staff ou, encore plus, avec un staff différent, je ne sais pas si cela aurait fonctionné la saison prochaine.”
Il a clairement senti que des choses se tramaient en interne, dans son dos. Mais il a décidé de ne pas les combattre. Extrait:
“En 30 ans de rugby, j’ai appris à voir venir les choses de loin. Je savais où l’on mettait les pieds. Dans le feu de l’action, je me suis demandé : « faut-il combattre des choses qu’on voit venir de loin, au risque de perdre de l’énergie ? » J’ai vu les tractations, les désirs de pouvoir. J’ai choisi de ne pas les combattre parce que l’enjeu était trop important. Il y avait trop à perdre, je préférais mobiliser les joueurs et surtout remobiliser le staff. J’avais cette double tâche et ce n’était pas facile, quand on arrivait le matin avec toute la campagne médiatique qui s’était déclenchée, combinée aux résultats.”
Il confirme que ses adjoints, à savoir Etcheto et Labit sentaient aux aussi que le vent était en train de tourner. Extrait:
“Mes adjoints entendaient et ils lisaient, ils sentaient les hommes. Je leur disais : « Écoutez, on savait tout ça quand on est arrivés… » Il y avait tout de même des lundis et des mardis difficiles, des avant-matchs pas évidents avec des infos qui sortaient dans la presse. Il fallait remettre tout cela dans la bonne direction. Mais je me dis que toutes nos décisions ont été validées par le maintien final.”
Il explique ne pas avoir de rancœur. Extrait:
“Je voyais des choses se passer mais je n’étais pas dans ces pensées, j’étais encore dans le truc du match réussi. Sincèrement, je n’ai aucune rancœur, je trouve finalement positif que les clubs donnent leur chance à des anciens joueurs. L’idée est de faire comme à Toulouse et de confier l’entraînement à quelqu’un qui est issu du club. Mais Toulouse, il n’y en a qu’un. Il est souvent imité, jamais égalé. D’autres clubs ont réussi avec d’autres modèles, comme Castres ou La Rochelle.”
Pourtant, la tendance voulait clairement que le staff actuellement en place soit maintenu en cas de victoire contre Grenoble. Extrait:
“La tendance des derniers jours, c’est vrai, était que nous resterions en cas de maintien. C’était le message de Bernard Laporte, mais je pense que Bernard n’a pas eu d’autre choix que de subir ce changement.”
Pour conclure, Patrice Collazo explique que tous ces échanges ont été effectués en comité réduit. Extrait:
“Non, je pense que ça s’est fait dans un comité très restreint et que les missions étaient actées depuis longtemps. Il y a eu un travail en coulisses. On l’a encore vu pendant les trois jours passés à Grenoble, j’ai bien perçu certaines attitudes. Je le répète, vu l’enjeu, ce n’était pas la peine de se lancer dans un combat perdu d’avance. À une époque, je serais entré dans ce combat. Mais je ne voulais pas perdre de vue la mission qui était la nôtre : redresser le club et assurer le maintien. On ne venait pas pour pérenniser. Il fallait scanner les problèmes et prendre des décisions rapides.”