Le président de la Fédération Française de Rugby, Florian Grill s’est confié via L’équipe, ce lundi.
Ce-dernier a dans un premier temps répondu aux attaques de Didier Codorniou qui profite de cette affaire Jegou – Auradou pour pointer l’opposition et faire campagne, lui qui souhaite devenir président de la FFR.
Florian Grill réagit. Extrait:
J’entends les attaques de Didier Codorniou et d’autres qui disent que nous avons dérapé en tant que dirigeants. Au contraire. Nous avons arrêté de cacher les choses sous le tapis avec notamment un plan anti-violence lancé en juin.
Dans un édito malheureusement prémonitoire de Rugbymag (le mag de la Fédé), j’avais dit qu’il y avait des vrais problèmes dans notre sport : la cocaïne qui est partout dans le rugby pro et amateur, des violences sexuelles, etc. Il n’y avait pas de déni. Je suis le premier à avoir mis des mots sur les maux. Ils nous explosent à la figure aujourd’hui.
Dès que j’ai rencontré Fabienne Bourdais, la directrice des Sports au ministère, je lui ai dit clairement qu’il y avait des problèmes de cocaïne dans le rugby et qu’on ne pouvait pas se cacher derrière son petit doigt. Elle n’avait jamais entendu les choses dites aussi clairement. Malheureusement nous ne sommes que le reflet de la société.
Il affirme que des changements doivent être effectués pour que cela ne puisse plus se reproduire. Extrait:
Il doit y avoir un avant et un après. Ça ne concerne pas que la Fédé mais tout le rugby et la société, où la cocaïne n’est pas un fait isolé. En février, on avait d’ailleurs monté un groupe sur ce sujet avec la LNR. Il faut aussi se pencher sur les excès de boisson.
Un fait gravissime a été avéré pour Melvyn Jaminet et on l’a sanctionné immédiatement. Pour les deux autres, on va attendre que justice se fasse. Mais dans tous les cas, les gamins étaient trop alcoolisés. Ces excès-là ne sont pas compatibles avec les exigences du professionnalisme que l’on attend de joueurs de haut niveau, sauf qu’il y avait déjà eu une première soirée en arrivant à Buenos Aires.
Il indique que ces débordements sont intolérables. Extrait:
Je comprends qu’il y ait besoin d’une soupape de temps en temps mais pas de tels débordements et pas à répétition. Il faut changer radicalement la manière de faire en impliquant les joueurs, qu’ils regardent les conséquences en leur disant : “Vous avez deux potes en prison.” Qu’est-ce qu’on fait ? Si ça ne suffit pas à une prise de conscience…
Ce n’est malheureusement pas une découverte. Avec Jean-Marc (Lhermet, vice-président de la FFR), on va en parler avec Fabien (Galthié, le sélectionneur) et toutes les équipes de France mais aussi les clubs. Je ne veux pas entendre que nous sommes inconscients et que nous avons fait n’importe quoi. Les procédures étaient déjà en place. Moi, le principe d’autonomisation et de responsabilité me plaît en tant qu’individu mais ça ne marche pas.
Dans la foulée, il explique pourquoi l’avocat Rafale Cuneo Libarona qui a été désigné pour défendre les deux internationaux Français. Extrait:
Un premier avocat a été recommandé par un ancien joueur. Ensuite, Rodrigo Roncero (ancien pilier international argentin du Stade Français) nous a dit qu’il fallait prendre Rafael Cuneo Libarona, que c’était le meilleur. Effectivement, c’est le frère du ministre de la Justice. Cela peut questionner et je l’entends. Mais en Argentine, cela ne questionne pas. Et il semble qu’il soit très bon.
Selon Florian Grill, l’avocat Argentin a peut-être braqué la presse Argentine au début de l’affaire. Extrait:
Peut-être. A-t-il été malhabile au début ? Je ne sais pas. Dans l’urgence, on a pris celui que Rodrigo Roncero et Agustin Pichot nous avaient recommandé. Je ne lis pas la presse argentine. Je n’ai pas le temps de faire une analyse circonstanciée de ce qui est dit. Ce que je vois, c’est qu’il avance sur la chronologie, des vidéos, etc. Il est en train de faire un très, très bon boulot.
Pour le moment, les gamins n’ont pas encore plaidé et toutes les preuves n’ont pas été apportées. Elles sont en train d’être rassemblées et les choses vont bouger. Il faut respecter la présomption d’innocence. Je ne suis pas juge ni enquêteur. Je ne vais pas prendre parti ni pour l’un ni pour l’autre. J’ai été très précautionneux de dire qu’il fallait entendre la plaignante mais aussi la version des joueurs qui n’ont pas encore été entendus.
Enfin, Florian Grill explique pourquoi Maitre Antoine Vey intervient dans ce dossier. Extrait:
On m’a dit qu’il fallait également un avocat en France qui porte la voix des joueurs. Antoine Vey a accepté. Ce n’est pas l’avocat de la Fédération mais des clubs professionnels et des joueurs. Il intervient au côté de Rafael Cuneo Libarona et fait le lien avec la France. Il apporte une technicité intéressante. On nous l’a recommandé. M
on objectif est que la justice aille le plus vite possible, que les joueurs soient condamnés si jamais ils ont fauté et qu’ils soient le plus vite possible à résidence s’ils n’ont pas fauté. Je ne veux pas trop en dire, il y a vraiment beaucoup de faits et d’incohérences dans ce dossier. La version deux, celle des joueurs, prend du poids. Mais encore une fois, je ne suis pas juge et on ne doit pas braquer la justice argentine, à qui l’on fait confiance. Ma priorité aujourd’hui est que les joueurs ne se retrouvent pas dans la prison de San Felipe, qui paraît-il est terrible. »