L’ancien joueur du Stade-Français Paris Pierre Rabadan est désormais l’adjoint d’Anne Hidalgo, maire de Paris, en charge du Sport, des Jeux Olympiques et Paralympiques, et de la Seine.
Ce-dernier s’est longuement confié via Midi Olympique pour évoquer l’organisation des Jeux Olympiques de Paris.
Il a notamment été questionné sur le dérapage de l’arrière international Français Melvyn Jaminet, lequel a tenu des propos à caractère raciste lors d’une vidéo publiée par erreur sur les réseaux sociaux.
Après avoir exprimé sa très grande colère au sujet des propos émis par Melvyn Jaminet, Pierre Rabadan a réagi à l’affaire Jegou – Auradou.
Cette fois-ci, Pierre Rabadan s’est montré bien plus calme dans ses propos.
Il rappelle que les deux joueurs Français sont présumés innocents. Extrait:
“D’abord, la victime doit être écoutée, respectée. Ensuite, les deux joueurs sont encore présumés innocents. Je n’ai pas tous les détails de l’histoire, c’est donc difficile de m’exprimer. Cette histoire me touche aussi plus personnellement car, pour avoir longtemps joué avec David Auradou, son père, j’ai connu Hugo tout petit. Je l’ai vu un peu grandir. Je suis malheureux de la situation dans laquelle lui et sa famille se retrouvent. Il faut laisser la justice faire correctement son travail.
Ça risque d’être long, c’est bien qu’ils aient pu être placés en résidence surveillée. Ils vont préparer leur défense sans que leur intégrité ne soit mise à mal en milieu carcéral. Après, s’ils ont déconné et que les faits rapportés par la plaignante s’avèrent exacts, ils devront assumer et répondre de leurs actes. Si ce n’est pas le cas…”
Selon lui, cette mauvaise image qui frappe le rugby Français n’impacte pas l’organisation des Jeux Olympiques. Extrait:
“Je ne crois pas. Ça n’envoie pas une bonne image, mais ça n’impacte pas l’organisation des Jeux. La question dans ces affaires successives, c’est le suivi de la vie en groupe. J’ai joué longtemps, j’ai fait pas mal de tournées. Le plus important est de fixer un cadre strict dans les comportements collectifs permettant de s’exonérer de certaines déviances ou de mauvais comportements.
J’ai souvenir d’une tournée des Barbarians en Argentine, justement, avec Laurent Travers et Laurent Labit. C’était en 2011. On avait eu une discussion pour fixer un cadre avec tout le groupe en arrivant sur place. Personne n’avait le droit de sortir seul. La règle, c’était le groupe. Et Dieu sait que nous étions sortis… Peut-être même de façon excessive. Jamais avec violence, surtout envers les femmes. Il y avait un cadre que tout le monde a respecté. On en surveillait certains plus que d’autres, comme dans tous les groupes… à mon sens, le staff ne peut pas être tenu pour responsable s’il y a eu des débordements. Ça relève avant-tout de la responsabilité des joueurs. Mais le cadre et son respect, c’est la base.”
Il précise être très triste de voir ces affaires impacter l’image du rugby. Extrait:
“Je suis triste de voir tout ça. Vous savez, ce n’est pas le jeu qui m’a fait aimer le rugby, c’est d’abord l’ambiance, le partage, les rencontres, les aventures humaines… Or, aujourd’hui, ces affaires disent beaucoup de ce qu’est devenue notre société. Comme le foot, le rugby est aussi devenu le miroir de ce qui s’y passe et parfois, le sport est un amplificateur de déviance qu’il peut y avoir. Quand ça impacte notre sport, ça me fait un peu mal.”
Cependant, il refuse de dire que le système forme moins bien les hommes qu’avant.
Il prend pour exemple la génération actuelle du XV de France qui est exceptionnelle. Extrait:
“Il suffit de regarder la génération actuelle des Bleus d’Antoine Dupont. Ils ont sûrement des défauts, évidemment, mais j’ai le sentiment qu’ils sont connectés à la réalité, à la vie hors du rugby pro, qu’ils ont la tête sur les épaules. Une certaine forme d’humilité, aussi. Quand je vois des joueurs comme Alldritt, Cros, Baille, Danty, Flament, Penaud et d’autres, c’est pareil. Ces mecs donnent une image très positive du rugby. Ils portent en eux les valeurs de ce sport au-delà de leur talent de joueur. Quand Dupont fait la couverture de “Têtu”, il s’engage. Cet engagement, nous en avons peut-être manqué dans ma génération, même si nous n’étions pas aussi médiatisés non plus.
Alors, certes, il y a eu beaucoup d’affaires ces derniers temps, mais ça ne veut pas dire que le rugby est pourri. En revanche, on doit se questionner sur le cadre que l’on donne à cette génération de joueurs qui a toujours grandi avec l’envie de devenir joueur professionnel. Ce qui n’était pas le cas de ma génération. À l’époque, nous avions peut-être une vision différente, le rugby pro nous est presque tombé dessus par hasard…”