L’ancien joueur du Stade-Français Paris, Pierre Rabadan est désormais adjoint d’Anne Hidalgo, maire de Paris, en charge du Sport, des Jeux Olympiques et Paralympiques, et de la Seine.
Lors d’un long entretien accordé au Midi Olympique, ce-dernier est revenu sur l’affaire Melvyn Jaminet et l’affaire Jegou – Auradou.
Interrogé sur les Jeux Olympiques qui ont débuté à Paris, Pierre Rabadan explique que ce genre de dérapage pourrait arriver durant les JO. Extrait:
“Quand il y a 10 500 athlètes venus d’horizons différents réunis dans un village olympique, on n’est pas à l’abri d’un dérapage malheureux. L’histoire a montré que certains se servent de l’attractivité médiatique des Jeux pour alerter ou revendiquer une cause. Il y a eu Carlos Smith bien sûr… Le contexte politique mondial actuel est lourd. Loin de moi l’idée de croire, parce que les Jeux sont à Paris, qu’il ne se passera rien.
Maintenant, le CIO a donné un cadre d’expression clair. Mais je n’ai pas peur de ça. Mon parcours personnel m’a montré qu’en agitant les peurs, on ne fait qu’ancrer un peu plus le rejet des autres. J’ai donc appris à être pragmatique et résilient pour trouver des ressorts positifs. Mon but est que ces jeux soient un moment d’union malgré tous les conflits mondiaux en Ukraine, à Gaza ou encore au Soudan…”
Il raconte une anecdote le concernant, remontant à quelques années, avec une athlète Afghane. Extrait:
“Le sport ne peut pas tout résoudre, mais il peut y contribuer. J’ai rencontré récemment Masomah Ali Zada, la première athlète afghane à avoir participé aux Jeux Olympiques dans l’équipe des réfugiés. Le sport lui a permis de changer son destin, sans que ça ne change malheureusement le sort des femmes afghanes… J’ai souvenir aussi, il y a quelques années, au moment où les Talibans ont repris le pouvoir, avoir aidé une jeune athlète paralympique afghane.
Thierry Dusautoir m’avait signalé, par l’intermédiaire d’une ancienne professeure de l’université de Kaboul, une pratiquante de taekwondo menacée par les Talibans. C’était en 2020. Cette personne me contacte alors et me décrit une situation d’urgence absolue. La jeune athlète est alors enfermée “à l’abri” dans une cave de Kaboul et doit prendre vite un des derniers vols d’extradition sous peine d’être condamnée à mort.
À mon petit niveau, j’ai fait ce que j’ai pu. J’ai alerté le ministère des Sports, quelques contacts au niveau des relations internationales. J’en parle avec la maire de Paris. L’affaire dure de longs jours. On réussit finalement à la faire exfiltrer en direction de l’aéroport. À cet instant, je reçois un coup de téléphone de cette professeure qui me dit que la jeune athlète est finalement bloquée à 200 mètres de l’aéroport, qu’il faut faire quelque chose pour empêcher le pire pour elle et sa famille.
Je fais tout ce que je peux dans cette situation d’urgence. Je me sens un peu responsable d’elle, du coup. Je passe des heures au téléphone. Finalement, la France réussit à la faire exfiltrer en direction de l’Arabie saoudite. Elle finit par arriver en France. La ministre des Sports, Roxana Maracineanu, l’accueille à l’Insep. Elle a même pu préparer les Jeux de Tokyo. Et j’ai assisté, lors des Jeux Paralympiques au Japon, à son premier combat, malheureusement perdu. émotionnellement, c’était très fort.”
Il affirme l’avoir revue il y a quelques jours. Extrait:
“Je l’ai revue il y a deux jours. Zakia parle maintenant très bien français. Elle a été championne d’Europe paralympique récemment et fera les Jeux de Paris, mais toujours sous la bannière de l’équipe des réfugiés. Elle va obtenir la nationalité française après les Jeux paralympiques. Tout ça pour dire que les enjeux, autour des JO, sont multiples. Mais j’espère que les Jeux ne deviendront pas un objet politique. La trêve olympique a été adoptée à l’ONU, elle est mise en place depuis le 19 juillet. Mais elle n’a pas été votée par la Russie…”