L’entraineur de l’équipe de France à VII, Jérôme Daret s’est longuement confié via Midi Olympique.
Ce-dernier a expliqué ne pas encore réaliser totalement que son équipe a remporté les Jeux Olympiques de Paris. Extrait:
Non, je n’ai pas encore pris la mesure de ce que l’on a accompli. Il me faudra du temps pour m’en rendre compte mais je vois déjà, en tout cas, que beaucoup de choses sont en train de changer. Il y a une grande part de découverte et il faut apprendre à gérer tout ce qui va suivre. J’échange justement avec des sportifs et des entraîneurs qui ont connu cette gloire et ce qu’il y a derrière. Il est important de les écouter. Cette notion d’héritage est tellement importante. Il faut avoir une vision du futur et la construire à partir de ce qui a nourri notre passé.
Lui qui a l’habitude de l’anonymat indique vivre une expérience totalement folle. Extrait:
C’est un truc de fou ! Ça s’anime partout, il y a de la joie, de la ferveur. L’impact est tellement fort. Tous les gens nous parlent d’émotions, de plaisirs. C’est tout ce qu’on veut leur apporter, justement. Ce sport est si dur et le haut niveau demande tellement d’efforts… Quand on obtient ces retours, ça renvoie une dose d’énergie inestimable. C’est un cercle vertueux, c’est toute une dynamique qui se recrée déjà.
Il estime avoir reçu 1 000 messages de remerciement suite à cette médaille d’or. Extrait:
Je dirais 1 000. J’ai été très touché par chacun d’entre eux. Je tiens au passage à remercier chaque personne et à m’excuser auprès de ceux à qui je tarde à répondre. Quand je parcours les messages, ça me met au bord des larmes : je sens le bonheur des gens, on me parle de larmes versées… Et puis, les messages renvoient à ce que vous êtes, à tout ce que vous avez donné… Ça fait ressortir plein d’émotions. Les joueurs ont tant donné, on a mis tout ce que l’on avait en nous.
Il précise ne pas avoir revu la finale remportée par ses joueurs contre les Fidji. Extrait:
Je ne l’ai pas encore revue, ou tout juste des bouts, comme ça. Quand je serai un peu plus posé, je la reverrai. Il y aura sûrement un peu d’émotions mais je tiens avant tout à être dans l’analyse, à bien regarder tout le contenu que l’équipe a mis dans cette rencontre. Jusqu’à cette dernière cocotte (il sourit)… On l’avait bien préparé, vous savez, et c’est une vraie satisfaction d’avoir réussi à la sortir quand il le fallait. Nous l’avions déjà tentée en demi-finale au Cap cette saison, elle n’était pas passée. On l’avait répétée à l’entraînement et le matin même de la finale, encore, au centre national de la performance. Ça prouve bien que le 7 est une forme de rugby complète. On avait encore d’autres petites fléchettes dans notre jeu, nous n’avons pas tout sorti.
Les Fidji sont une équipe incroyable. On les a abordés avec beaucoup de respect et, quelque part, une forme de peur qui a fabriqué du courage, de l’énergie, de la volonté. Les Fidji n’avaient encore jamais perdu aux JO… Nous avons réussi à monter le curseur, à casser un plafond de verre. Il y avait une opportunité, c’était le moment de la saisir, c’est aussi simple que ça. Antoine nous a aidés à nous surpasser. Il nous a boostés, ça a été un ajout de super carburant dans le réservoir (sourire).
Il évoque ensuite les mots très forts du président de la Fédération, Florian Grill, prononcés à son sujet. Extrait:
Je n’ai pas encore pu tout lire mais j’ai vu passer ça. Je le remercie pour ces mots. Il y a cette mise en lumière sur cette compétition mais je reste vigilant. Il y a des gens qui managent très bien et qui ne sont pas récompensés par le résultat. Ça tient à plein de petites choses, à la capacité à trouver le petit plus à l’instant T, à atteindre la communion, à avoir la bonne dynamique… Je garde beaucoup d’humilité même si, évidemment, je suis flatté.
Il affirme avoir vécu une expérience grisante. Extrait:
J’étais venu pour ça, pour cet objectif olympique. Ce qui s’est passé est grisant, cela me procure de la fierté mais je n’oublie pas à quel point tout est fragile. Je suis chanceux d’avoir eu cette réussite. On est aussi passé par des moments de douleur, mais j’ai pu bâtir ce que je voulais en m’appuyant sur des gens solides que je remercie. Quand je regarde le chemin, il y a 14 médailles, dont trois en or, un titre de champion du monde, ces JO… J’ai compris une chose avec le temps : tout se transforme, tout le temps ; rien n’est figé.
Il rappelle que certains le prenaient pour un fou lorsqu’il évoquait la médaille d’or, il y a quelques années. Extrait:
Ce schéma de construction pouvait paraître inatteignable, effectivement. Vous savez, j’ai pu échanger avec de grands champions au fil du temps. Quand tu discutes avec eux, ils te font tous passer le même message : si tu ne te lèves pas tous les matins en te disant que tu veux être champion olympique, ça ne sert à rien de te lever. Cette ambition a contribué à fabriquer un chemin de confiance. Cela a été inévitablement en dents de scie mais, si on prend du recul, la progression a été constante. Ce qui est beau, aussi, c’est qu’il s’agit de la victoire de tout un écosystème qui inclut la FFR, la LNR, l’Agence nationale de sport. Nous avons tous marché main dans la main. Il y en a qui n’ont pas voulu nous suivre et ils en avaient le droit. Je sais à quel point le Top 14 est très énergivore. Avec ceux qui voulaient bien, on a commencé à tracer un chemin.