Le trois-quarts centre international Anglais Manu Tuilagi s’est engagé en faveur du club de Bayonne pour les saisons à venir.
Interrogé via Midi Olympique, le nouveau joueur de l’Aviron Bayonnais a évoqué sa carrière.
Il ne le cache pas : le fait de s’appeler Tuilagi l’a beaucoup aidé. Extrait:
Je me suis dit que j’étais un Tuilagi. C’était une motivation pour moi, afin d’être le meilleur. J’ai eu la chance d’avoir mes frères qui jouaient et je les ai regardés en me disant : “Wouah, je veux être comme eux “. Quand je suis arrivé, tous mes frères avaient joué à Leicester. Ils m’ont inspiré et m’ont soutenu tout au long de ma carrière. Je leur en suis très reconnaissant.
Mon père était le grand chef du village, aux Samoa. Il était aussi président du parlement des Samoa. C’était l’un des principaux chefs de l’île, donc tout le monde le connaissait et non pas à cause de nous. Mon père disait toujours que si tu veux faire quelque chose, soit tu le fais correctement, soit tu ne le fais pas. Si tu dois faire une chose, assure-toi de le faire avec tout ton cœur, ton esprit, ton âme ou laisse tomber. Je suppose donc que c’est la mentalité que nous avons. On doit tout à mon papa et à maman pour nous avoir élevés ainsi.
Il a ensuite évoqué les relations avec ses frères. Extrait:
On s’entend tous très bien, mais on ne se voit pas assez. Nous sommes partout, dans le monde entier. J’ai trois frères au Samoa, deux ici en France et un en Angleterre. C’est très difficile de se retrouver. Alors j’aimerais que plus tard, peut-être après le rugby, on puisse se voir souvent.
Il y avait beaucoup de rugby, tous les jours. Un soir, alors que papa et maman étaient sortis, mon frère m’apprenait à plaquer à même le sol, sur le plancher, et je m’étais cassé le nez ! Il me disait, tu vas te mettre là-bas, je cours et tu me plaques. On a recommencé, recommencé. C’était très amusant.
Un seul de ses frères ne joue pas au rugby mais s’habille en femme. Extrait:
Oui, notre frère, Olotuli est “fa’afafine”. Il s’habille en femme tous les jours, est comme une femme. C’est, pour nous, une chose normale aux Samoa.
J’ai vu que certaines personnes ont dit que c’était une tradition, mais ça n’est pas le cas. C’est un choix. C’est juste sa façon d’être, c’est ainsi qu’il a grandi. Il y a, au Samoa, une grande communauté de “fa’afafine” chez nous et personne ne bat des paupières. Ma sœur est comme elle est.
Il indique être très attaché à son île natale. Extrait:
Je parle couramment le samoan. J’ai passé douze ans de ma vie là-bas. J’ai appris toute la culture et je l’adore. J’ai ensuite eu la chance de venir en Angleterre, et d’apprendre la culture anglaise. J’ai passé plus de temps en Angleterre qu’aux Samoa. J’ai pu voir deux cultures différentes. Ça ouvre l’esprit, ça te permet de grandir, de t’enrichir. Maintenant, je viens ici et j’apprends le mode de vie des Français.
Aux Samoa, vous allez à l’église tous les dimanches. On prie tous les soirs. Vous vous asseyez quand vous mangez. On ne se promène pas en mangeant, c’est mal poli. Tous les dimanches, tout le monde va à l’église, les garçons font le “Umu”. Ils le cuisinent à l’extérieur, à même le sol, sur les rochers. Mon frère, Henry, gagne sa vie en France à Perpignan avec ça. D’ailleurs, je vais peut-être lui demander de venir et d’en faire un.
Il explique ensuite sa décision de jouer pour l’Angleterre et non pas pour les Samoa. Extrait:
J’étais jeune et l’Angleterre m’a donné l’opportunité de jouer. Je me suis dit, “waouh, c’est génial”. J’ai parlé à mes frères, à ma famille, à mes amis. Ils m’ont dit que cette opportunité ne se présentait qu’une fois dans une vie. Pour moi, c’était un honneur de jouer pour l’Angleterre, de la représenter. J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir le faire.